Entretien avec Hammou OUHELLI Président de la FIVIAR
IDM : Où en est le contratprogramme 2009-2014 en termes d’état d’avancement par rapport aux objectifs fixés ?
HO : Grâce au développement de l’amont, ce contrat- programme est considéré comme un succès pour l’ensemble des parties prenantes. Quant à la production des viandes rouges, les objectifs du CP viandes rouges ont été dépassés : 490 000 T en 2013 / 450 000 T prévus en 2014, soit un dépassement de 9% et on est à un niveau seulement de 12 % inférieur aux objectifs tracés par le plan Maroc vert à l’horizon 2020. Les efforts déployés ont concerné la réalisation des programmes d’amélioration génétique pour la production des veaux issus du croisement industriel avec les races à viande et la production des reproducteurs ovins et caprins ; l’importation des veaux de race à viande… Pour la consommation, elle actuellement est de l’ordre de 14,32 kg/ habitant/an, soit une progression de 4% par rapport aux objectifs de 2014 (13,5 kg). En matière de chiffre d’affaires, il est de l’ordre de 27 Mds Dhs, soit une hausse de 8% par rapport aux objectifs de 2014 (25 Mds Dhs).
IDM : Qu’en est-il de l’expérience des projets intégrés et/ou d’agrégation ?
HO : Ces projets sont basés sur des modèles d’agrégation portant sur la production et la valorisation. Au cours de la période 2009/2013, 7 projets intégrés et d’agrégation ont été identifiés pour un investissement global de 655 Mdhs :

  • 1 projet réalisé à Meknès est opérationnel (invest de 70 M Dhs) ;
  • 1 projet en cours de finalisation à Beni Mellal (invest de 263 M Dhs) ;
  • 3 projets dont l’unité d’engraissement est achevée et dont les travaux pour la construction d’abattoir non démarrés (Taroudant, El Jadida, Skhirat ; invest. total 230 M Dhs) ;
  • 1 projet à Oujda avec unité d’engraissement achevée à 50% et dont les travaux pour la construction d’abattoir non démarrés (invest. 79 M Dhs) ;
  • 1 projet arrêté (Rhamna ; invest. 13 M Dhs);
  • Les 5 projets pour lesquels l’abattoir n’est pas encore construit sont conditionnés par l’évolution de la filière (fermeture par l’Etat des tueries / abattoirs municipaux non agréés dans le rayon d’action de l’abattoir privé) avec un accompagnement social (embauche par l’abattoir moderne, formation professionnelle)

La mise en place des projets intégrés et d’agrégation s’est heurtée à des difficultés liées à :

  • Prime à l’investissement modeste de 10% par rapport au montant global d’investissement ;
  • Importation du matériel d’équipement ;
  • Difficultés d’application de l’agrégation (subvention forfaitaire liée à l’agrégation faible pour l’Agrégateur, échelonnement de l’attribution de cette subvention, manque de confiance entre l’agrégateur et les agrégés, normes d’éligibilité difficiles à réaliser).

IDM : Selon certains professionnels, les grands problèmes sont enregistrés au niveau de l’aval de la filière. Où en êtes-vous justement ?
HO : En effet, le succès qu’a connu le contratprogramme en amont de la filière n’a pas été accompagné par un développement adéquat de l’aval de la filière, notamment la valorisation et la commercialisation de la production. Pour pallier cette problématique, l’aménagement et l’organisation des marchés à bestiaux ainsi que la mise à niveau et la modernisation des abattoirs s’avèrent nécessaires. Pour la première action, les efforts déployés en matière d’identification des souks à aménager, l’élaboration des masters, plans et études des projets sont entravés par la non-contribution financière des communes concernées. Par ailleurs, nous poursuivrons les négociations avec le ministère de l’Intérieur pour trouver des arrangements adéquats.
La deuxième action a connu des progrès considérables en matière de révision de la réglementation en vigueur et de la mise à niveau des abattoirs. Les réalisations phares ont concerné :

  • La publication du décret n° 2-12-612 relatif au contrôle de la salubrité des viandes foraines et à la libre circulation des viandes provenant des abattoirs agréés ;
  • La libre circulation des viandes entre régions et la dynamisation du fonctionnement des marchés des viandes rouges;
  • La validation de 2 CPS, l’un sur les conditions sanitaires et hygiéniques des abattoirs de viandes rouges et l’autre sur leur gestion déléguée ;
  • L’Agrément d’un abattoir privé à Meknès et d’un abattoir intercommunal à Al Hoceima ;
  • La mise à niveau de l’abattoir municipal de Taounate, l’équipement d’un nouvel abattoir construit à Laâyoune et le lancement de la construction d’un nouvel abattoir à Missour ;

IDM : Les abattoirs et le contrôle de la salubrité des viandes posent encore problème. Pourquoi ? Et quelles sont les mesures préconisées par votre fédération ?

HO : Malgré les multiples efforts déployés par l’État pour la modernisation du secteur, ce dernier souffre encore de :

  • Une vétusté des locaux, des infrastructures et des équipements ;
  • Une insuffisance, voire un manque d’entretien des infrastructures et équipements
  • Une gestion inadéquate (monopole des communes), la non-qualification du personnel et la défaillance de l’organisation du travail.
  • L’existence du réseau informel.

L’interprofession quant à elle intervient pour :

  • La mise à niveau des ressources humaines à travers l’organisation des sessions de formation, la formation des professionnels dans les métiers des viandes au zoopole et l’organisation des visites aux foires et salons internationaux en relation avec le secteur ;
  • L’élaboration des guides de bonnes pratiques pour différents maillons de la filière;
  • Le lancement d’études de recherches et développement sur des thèmes en relation avec le développement du secteur ;
  • Le lancement des campagnes médiatiques pour la promotion de la qualité des viandes rouges ;
    L’organisation du salon international des viandes rouges «MaroCarne» pour montrer les nouvelles technologies et innovations nationales et internationales en matière d’industrie des viandes et d’abattage;
  • L’incitation à l’organisation professionnelle.

IDM : Considérez-vous que les aides publiques aujourd’hui sont suffisantes pour la mise à niveau du secteur ?
HO : En général, les aides octroyées par l’État pour le développement de l’amont de la filière (primes à la production des issus du croisement industriel avec les races à viande, subvention à la multiplication des races ovines, bâtiments et matériel d’élevage, réduction des droits de douane à l’importation des veaux de race à viande) sont satisfaisantes. Quant à l’aval, la prime à l’investissement en matière d’installation d’unités de valorisation (unités intégrées avec abattoirs) reste faible par rapport au montant global d’investissement. Le projet du nouveau contrat-programme viandes rouges pour la période 2014/2020, prévoit d’autres aides publiques pour le développement de l’aval de la filière.
IDM : Dernièrement, les professionnels de l’agriculture ont appelé à l’instauration d’une loi-cadre régissant les orientations générales du plan vert. En quoi ça concerne votre filière oncerne votre filière ?
HO : L’instauration de cette loi va permettre une garantie de la pérennité du plan Maroc vert en l’adaptant aux exigences du futur en matière des subventions FDA et de révision des taxes pour l’aval de la filière viandes rouges.
IDM : Pouvez-vous nous fournir des données chiffrées concernant l’évolution de la production ?
HO : Création d’emplois :

  • 1 100 000 exploitations pratiquent l’élevage animal, soit 74% de l’ensemble des exploitations ;
  • Génèrent (2013) près de 85 millions de journées de travail touchant 2,5 millions de personnes (soit 44% de la population active agricole) ;
  • En aval, la mise en place de nouvelles structures d’abattage, de découpe de transformation et de boucherie moderne crée de nombreux emplois.
  • Investissements (2009 à 2013) : source : comité de préparation du nouveau CP
  • 21 fermes et centres d’engraissement ;
  • 2 centres ovins de plus de 50.000 têtes ;
  • Identifications de 7 projets intégrés et d’agrégation avec abattoirs et réalisation d’un projet ;
  • Mise à niveau de 51 petites et moyennes fermes.
  • Unités d’abattage : source ONSSA
  • Ateliers de préparation des viandes rouges et blanches : 30 ;
  • Ateliers de boucherie : 34 ;
  • Établissements des produits à base de viande : 48.
Propos recueillis par Mohamed MOUNJID

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