Viandes rouges : Peut mieux faire !
Le contrat-programme 2009-2014 arrivé déjà à terme, d’ailleurs remplacé par un nouveau cadre de référence s’étalant sur la période 2014-2020, fait la part belle uniquement à la langue des chiffres.
Il semble que le secteur qui représente 30% du PIB agricole a choisi la voie de la quantité à la qualité ! « La filière a réalisé des progrès indéniables en termes de production de viandes rouges », explique-t-on auprès de la Fédération interprofessionnelle des viandes rouges « FIVIAR ».
Ajoutant qu’une meilleure intégration et efficience de tous les maillons de la chaîne de production -de la fourche à la fourchette- exercera certainement un effet haussier sur l’évolution de l’activité.
Des chiffres marquants
Pour mieux illustrer la situation actuelle, les données chiffrées du département de tutelle laissent dégager en général des améliorations en dessus des objectifs fixés dans le contrat-programme 2009-2014.
En effet, la production des viandes rouges s’est élevée à 490.000 tonnes en 2013 au lieu de 450.000 tonnes prévues auparavant.
Cette performance correspond à un total des ventes de l’ordre de 22 milliards de dirhams, selon la profession.
Cela veut dire que le chiffre d’affaires s’inscrit sur une courbe ascendante pour passer voire dépasser les 25 milliards de DH pronostiqué pour 2014. En matière d’emploi, le jeu de scénario établi sur papier table sur la création de près de 100.000 nouveaux emplois sur la période de référence.
Est-ce le cas sur le terrain ? Aucune information n’est communiquée à ce titre.
Pour mémoire, le secteur crée chaque année 1,8 millions d’emplois.
Ceci dit, pour répondre aux besoins de l’amélioration projetée de la production, le contratprogramme avait prévu un investissement de 6 milliards de dirhams, dont 850 millions de dirhams accordés par l’État sous forme de subventions dont 600 millions de DH de primes à l’investissement et 250 millions comme incitations aux organisations professionnelles de la filière. L’accroissement de la production vendue a été accompagné par une amélioration de la demande des viandes rouges. Ainsi, la consommation moyenne par habitant et par an a grimpé à 13 kg en 2013 pour approcher l’objectif 13,4 kg de viandes rouges /habitant/an en 2014.
Malgré cela, cette propension reste faible comparativement à d’autres pays.
Pour ne prendre que l’exemple de l’Europe où la consommation moyenne par habitant et par an est de 35 Kg.
La différence enregistrée est à attribuer, outre le pouvoir d’achat, aux coûts encore élevés de production, en dépit des engagements des professionnels formulés dans le contrat-programme 2009- 2014.
Lequel s’attendait à la réduction des coûts de production de l’ordre de 15 à 20%.
Par voie de conséquence, les prix à la vente sont restés élevés se situant en moyenne à 70 DH/kg pour la viande bovine et 65 DH/kg pour la viande ovine.
En raison aussi de la faible transparence du marché et l’armada des intermédiaires.
Jeu de transparence
D’ailleurs, un des objectifs non encore atteints est de garantir des « conditions justes et transparentes pour la commercialisation », fait savoir la fédération.
Le manque des mécanismes d’un fonctionnement équilibré et transparent pénalise l’amélioration de la compétitivité.
Le processus d’abattage et de transformation est également pointé du doigt.
De grands efforts devraient être déployés sur ce registre-là comme le constate la profession, étant donné que l’informel bat son plein avec 80% de l’abattage.
D’après le ministère de l’Agriculture, il existe 179 abattoirs municipaux, 674 tueries rurales, 12 unités de découpe et 35 unités de charcuterie.
En vue de colmater la brèche et mettre à niveau la réglementation des abattoirs, il a été prévu l’encouragement à l’installation de projets intégrés et d’agrégation.
12 abattoirs à concéder dans le cadre de la gestion déléguée et 8 unités privées intégrées et d’agrégation.
Valeur aujourd’hui, le ratage est de mise.
Seulement 2 projets d’intégration sont opérationnels à savoir BIOBEEF à Meknès et Univers Genisses Elevages à Béni Mellal.
Certes, la transition d’un secteur traditionnel par définition vers un secteur moderne industrialisé ne se fait pas du jour au lendemain.
Seulement que les attentes en termes de qualité et d’amélioration des conditions sanitaires et hygiéniques risquent de passer à côté.
La Fiviar reconnaît qu’elle devra « faire face à la règlementation sanitaire, à la traçabilité… » La question lancinante du contrôle de la salubrité des viandes foraines est dans tous les cas à l’ordre du jour.
Ce défi pour reprendre les propres termes de la profession est couplé d’autres telles l’organisation des marchés à bestiaux, la mise à niveau des ressources humaines, l’application de la loi sur l’interprofession, l’amélioration génétique des races…
Il va sans dire que les enjeux sont de taille sauf que tout se joue au niveau de la concertation entre les différentes professions elles-mêmes d’une part et leurs interlocuteurs externes d’autre part.

Mohamed Mounjid

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