Le gouvernement marocain vient de dévoiler une mesure phare pour soutenir ses entreprises à l’international. À partir du 1er juin 2025, un dispositif public d’assurance à l’export entrera en vigueur, spécialement conçu pour couvrir les risques dans 15 pays africains jugés stratégiques mais aujourd’hui sous-exploités par les exportateurs nationaux.

Lors d’une présentation à Casablanca ce 22 avril, le ministre Ryad Mezzour a souligné l’importance de cet outil : « Nos entreprises ont besoin de cette sécurité supplémentaire pour oser s’aventurer sur des marchés prometteurs mais perçus comme risqués ». Doté d’une enveloppe initiale de 100 millions de dirhams, ce mécanisme pourrait générer jusqu’à 7,5 milliards de dirhams d’exportations supplémentaires chaque année.

Le système fonctionnera comme une assurance-crédit classique, mais avec des particularités adaptées aux réalités africaines. La tarification variera selon le niveau de risque de chaque pays, et la Société Centrale de Réassurance (SCR) jouera le rôle de pivot technique. « L’idée est de partager le risque entre l’État, les assureurs privés et les entreprises », explique Omar Hejira, secrétaire d’État au Commerce extérieur.

Cette initiative répond à un constat clair : aujourd’hui, près des trois quarts des exportations marocaines se dirigent vers l’Europe et des pays considérés comme « sûrs ». Les marchés africains, bien que dynamiques, restent largement délaissés par crainte des impayés ou des instabilités politiques. Pourtant, le potentiel est immense, notamment dans les secteurs de l’agroalimentaire, des matériaux de construction ou des produits pharmaceutiques.

Les professionnels du secteur accueillent favorablement cette annonce. « C’est exactement ce dont nous avions besoin pour développer nos activités au Sénégal ou en Côte d’Ivoire », témoigne le directeur d’une PME casablancaise spécialisée dans les produits agricoles.

Ce dispositif s’inscrit dans la feuille de route 2025-2027 du commerce extérieur marocain. Si l’expérience africaine s’avère concluante, le modèle pourrait être étendu à d’autres régions comme le Moyen-Orient ou l’Amérique latine. Pour les autorités, l’objectif est clair : faire du « Made in Morocco » une marque encore plus visible sur le continent et au-delà.

Avec cette mesure, le Maroc rejoint le cercle des pays comme la France ou l’Allemagne qui utilisent depuis longtemps l’assurance-export comme levier de conquête commerciale. Reste maintenant à convaincre les entreprises d’oser sauter le pas. Les premiers retours d’expérience seront analysés dès fin 2026 pour d’éventuels ajustements.

Une chose est sûre : dans un contexte économique mondial tendu, chaque dirham investi dans la sécurisation des échanges pourrait rapporter gros. Le gouvernement table sur un effet levier de 1 à 75, de quoi donner des ailes aux exportateurs nationaux.

Rachid Mahmoudi

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