Le secteur du froid et de la climatisation au Maroc a évolué de façon considérable entre 1998 et 2006, puisqu’il a connu une progression annuelle de 25% en moyenne, ce qui veut dire un doublement de son montant annuel d’importation tous les 4 ans.
Le segment de la climatisation représente 64% des activités de ce secteur en termes du nombre d’opérateurs impliqués. La demande de la climatisation a connu une certaine régression ces trois dernières années malgré la petitesse du marché. Cela s’explique par le fait que le Maroc est de par sa situation géographique, un pays où le climat général n’est pas très chaud et où la température est globalement acceptable. De plus, au Maroc, le climatiseur est encore un produit saisonnier qui se vend plutôt durant les pics de chaleur, car le marché de la climatisation dépend très fortement des conditions climatiques de l’été.
Produit de confort en premier lieu et de nécessité pour certains usages, l’évolution de la demande du climatiseur est liée principalement à l’évolution du niveau de vie de la population. Si l’on constate l’évolution du segment de la climatisation au Maroc depuis le début des années 1990 jusqu’à nos jours, on peut dire que cette activité doit sa progression en partie à l’augmentation constante de la demande, et à la baisse régulière des prix de vente et d’installation. Cette demande est aujourd’hui plus large par rapport aux années 90 où la climatisation était réservée à une clientèle de niche et uniquement à usage professionnel (entreprises, secteur médical, restauration, etc.) et où le prix variait entre 25.000 DH et 30.000 DH par unité.
Dominée au début par les Européens, les Japonais, les Sud-Coréens puis les Chinois, la climatisation est aujourd’hui chapeautée par ces derniers qui produisent et couvrent 95% de la demande mondiale. Le secteur du froid et de la climatisation comprend 6 segments importants : le confort de l’individu, l’industrie agroalimentaire, le tourisme, l’électronique, le secteur pharmaceutique et le tertiaire, ainsi que le secteur de l’élevage et de l’agriculture. Classé en première position, le climatiseur split de type mural représente 60% des produits de climatisation vendus, suivi de la cassette et du climatiseur Gainable avec 15%, puis des plafonniers et autres types de climatiseurs avec 10%. A cet effet, soulignons que la climatisation centralisée dans les grands locaux, qui représente à peine 5%, se situe aujourd’hui aux alentours de 15%, de plus elle est en train de prendre de l’élan grâce à l’impact des professionnels installateurs.
Voyons d’autre part l’évolution des prix des climatiseurs installés depuis le début des années 1990 à ce jour. On peut constater que ces prix ont été divisés par 10 grâce à l’accroissement de la demande et à l’évolution des prix dans un marché mondial élargi par une fabrication plus importante, une production chinoise avec des coûts très compétitifs, etc. Tout cela a amené les prix vers la baisse. Au Maroc par ailleurs, un autre facteur est derrière ce constat : la baisse des droits de douane qui a permis aux professionnels d’offrir des climatiseurs à des prix beaucoup plus inférieurs. Sans parler du large choix de produits, de marques, de capacités, etc.
Si le principe d’utilisation d’un climatiseur est le même : le conditionnement de l’air, le choix de l’un ou de l’autre produit varie en fonction des conditions d’installation, notamment du lieu, de la superficie, et de plusieurs autres critères, de façon à optimiser son utilisation et satisfaire ainsi le besoin de l‘utilisateur. Aujourd’hui, la climatisation contribue même à améliorer l’état de santé, et non à y nuire comme cela est perçu à tort. Explication : certains climatiseurs sont de nos jours dotés de filtres qui permettent de purifier l’air, de réduire le taux d’humidité et d’améliorer ainsi la qualité de l’air, car plus l’air est sain, moins humide et moins pollué, plus il est bon pour la santé. Chose qui pousse même les spécialistes de la climatisation à s’inspirer de l’air de la forêt, car la tendance n’est pas seulement orientée vers le conditionnement de l’air et le réglage de la température, mais aussi vers l’obtention d’un air pur et de meilleure qualité. Plus encore : si, du point de vue technologique, les climatiseurs au Maroc sont généralement de type conventionnel, le secteur a dorénavant son mot à dire en ce qui concerne l’économie d’énergie. En effet, il existe aujourd’hui ce qu’on appelle la technologie « Inverter », dont l’apparition au Maroc ne date que de trois ans et dont la part a atteint aujourd’hui 10%. Mais cela ne fait que commencer ! D’ailleurs, une progression est prévisible et de plus en plus d’utilisateurs sont attirés car cette technologie permet une grande économie d’énergie et réduit la consommation d’électricité.
Tout ceci nous amène à parler de l’échelle de Maslow des besoins humains et de son application sur le secteur de la climatisation, depuis les besoins basiques jusqu’à l’atteinte de la réalisation de soi. La connaissance de cette échelle et des besoins de l’utilisateur de la climatisation incombe aux professionnels de ce secteur de manière générale, plus particulièrement au vendeur des produits de la climatisation. Ce dernier doit en effet apprendre à informer le client sur ce qui existe sur le marché, sur les avantages de tel ou tel produit, sur les conditions d’utilisation, etc., car son rôle n’est pas de vendre seulement, mais bien entendu de satisfaire un besoin chez le client et de fidéliser le client. Outre la formation professionnelle qui comprend les techniques, l’entretien, la connaissance des produits,… il faut également adopter l’approche commerciale et suivre les tendances afin d’élargir le marché. Malheureusement, la culture de la climatisation au Maroc est encore faible, et le consommateur n’est pas suffisamment informé sur ce produit et le confort qu’il apporte.
Soyons tout de même optimistes ! Aujourd’hui, le secteur de la climatisation est en train de progresser petit à petit, or chacun de son côté doit fournir le conseil, l’assistance et l’information nécessaires à l’utilisateur, l’écouter et déceler son vrai besoin, être au point sur les questions techniques pour connaître ce besoin et définir ainsi le produit optimal. Ceci permettra de gagner, non seulement une opération de vente, mais un client, et d’avoir un retour sur vente. Soyons optimistes aussi car le marché a du potentiel estimé par les professionnels à 3 fois la taille actuelle du marché. Pour cela, il faut travailler professionnellement et éduquer le consommateur marocain, équiper les bâtiments à titre d’exemple afin d’accroître la demande, développer ainsi la culture de la climatisation et permettre au Marocain d’accéder au confort, car tout le monde a droit à la climatisation. Et puis, les opérateurs ne doivent pas tomber dans le piège du prix, en achetant moins cher et en vendant pas cher par exemple, car cela ne permettra jamais à un marché d’évoluer. Aujourd’hui, nous pouvons dire que malgré un recul perçu entre 2012 et 2014, la demande a tendance à progresser durant l’année 2015. Nous espérons, nous professionnels, le début d’une reprise de la croissance, après cette période de régression.