L’année 2022 s’est annoncé avec une inflation persistante, une quasi de stagflation dû à l’envolée des prix du pétrole, ainsi que ceux des céréales. Loin d’être à terme, l’orée 2023-2024, les indicateurs portent à croire qu’une récession se profile à l’horizon, selon la récente enquête du Centre de recherches pour l’expansion de l’économie et le développement des entreprises.
Les forts déséquilibres consécutifs à la crise sanitaire ont déclenché une mécanique inflationniste, renforcée par le choc exogène de la guerre en Ukraine. Si certains déséquilibres, monétaires et budgétaires en particulier, sont en cours de correction, le processus récessif est lancé et devrait se propager dans le monde en 2023. Ce ralentissement sera propice à une « normalisation ». Pour autant, des mutations d’ordre structurel, dont certaines ont été accélérées par les crises sanitaire et énergétique, contribueront à installer un régime de croissance plus faible et plus inflationniste dans les différentes économies.
La réapparition récente de l’inflation est le produit des déséquilibres fondamentaux nés de la forte stimulation budgétaire et du retard des politiques monétaires en sortie de crise sanitaire, et du détonateur exogène de la guerre en Ukraine. Ces déséquilibres sont en voie de résorption, à des rythmes divers.
Des facteurs conjoncturels d’inflation moins virulents
L’accélération des prix a réduit le fort décalage formé en 2021 entre une demande « déconfinée » et une offre de biens encore contrainte. Ensuite, la vive accélération de la masse monétaire mondiale a cessé sous l’effet de la hausse des taux et la politique budgétaire est devenue moins expansionniste. Par contre, le rééquilibrage du marché du travail sera plus long, notamment aux Etats-Unis, et la crise énergétique qui ne désarme pas en Europe.
De l’inflation à la récession « soft » à court terme
Pour autant, l’inflation a enclenché un processus récessif, masqué en 2022 par la forte reconstitution des stocks, qui se propagerait aux Etats-Unis et en Europe. En 2023, la croissance sera faible aux Etats-Unis et négative en Europe, mais la récession moins forte que ne le suggéraient les anticipations d’activité dans le reste du monde. Les économies émergentes, en avance dans leur normalisation monétaire, subiraient un ralentissement moins marqué qu’en 2022, surtout si la fin de la politique « zéro-Covid » se confirme en Chine.
Au-delà, un peu plus d’inflation structurelle et un peu moins de croissance
Le ralentissement sera un vecteur de rééquilibrage, ce dernier n’étant pas synonyme d’un retour à la situation antérieure. Des mutations ont été accélérées, notamment en matière de transition énergétique et de souveraineté économique, sur fond de vieillissement des populations et d’affaiblissement des gains de productivité. Autant de facteurs favorables à un régime d’inflation un peu plus élevé et de croissance un peu plus faible.