Ismail-Akalay

Sonasid, à l’instar de la branche sidérurgie, a connu une année difficile qui s’est soldée par une contraction de ses résultats. Mais Ismail Akalay, le DG, également président de l’Association des sidérurgistes marocain (ASM), parie sur la pléthore de projets et programmes lancés par l’Etat pour repositionner la filière « dans des conditions extrêmement favorables » en 2024.

Que retenir de la performance de la filière sidérurgie l’année écoulée et quels ont été, selon vous, les principaux défis rencontrés ?

2023 a été une année assez difficile pour les sidérurgistes, parce que, comme vous le savez, il y a eu l’arrêt de l’aide sociale pour les logements sociaux, et cela a impacté le niveau du marché du bâtiment. Nous avons aussi connu en octobre 2023, la fin de la sauvegarde qui préservait le produit marocain depuis une dizaine d’années. Et donc, l’année a quand même été assez difficile, mais tout s’est bien passé et on l’a terminée dans de bonnes conditions.

Dans ce contexte, quels pourraient être les leviers de la reprise pour 2024 ?

Ce qui est important, c’est qu’il y a des changements significatifs, notamment la décision du gouvernement pour l’aide directe au logement. C’est une décision très importante dont les effets seront perceptibles cette année même, puisque si nous avons bien compris, à peu près 70 000 Marocains vont bénéficier de cette aide et cela va relancer le logement social. Nous avons aussi la décision qui a été prise pour apporter toute l’aide nécessaire à tous les gens qui ont subi le séisme qu’a connu notre pays, et là aussi, il y a 50 à 60 000 logements à reconstruire. Ce sont des décisions prises par notre gouvernement, qui vont dans le bon sens et qui nous rendent très optimistes pour l’année 2024 et les 4 années qui suivent.

Concernant la SONASID, quel bilan dressez-vous de l’exercice 2023 et quels sont les principaux faits marquants ?

La Sonasid a pris la décision de réaliser un projet chaque année. Ce plan stratégique 2024 – 2028, très ambitieux, nous a permis de commencer la réalisation de nos engagements. Le premier exemple est le démarrage de la fabrication de la fibre d’acier, un produit à haute valeur ajoutée. Nous avons annoncé sa réalisation et avons pu, dès décembre 2022, démarrer notre usine. Aujourd’hui, c’est un produit que nous exportons sur l’Europe, l’Amérique du Nord, le Moyen-Orient et l’Afrique du Sud. Nous allons continuer à développer cette activité qui est très importante et que nous sommes en train de promouvoir dans notre pays, car nous croyons que cette fibre pourrait faire l’affaire des entreprises locales de génie civil, notamment celles opérant dans la construction d’usine. Nous avons même déjà enregistré des sollicitations dans ce cadre.

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Deuxièmement, nous avons pris la décision d’augmenter la capacité de traitement de notre acier. Là aussi, ça va être un projet extrêmement important pour nous préparer à bénéficier de la ZLECAF (Zone de libre-échange des pays africains, Ndlr). On a un marché de 8 000 000 de tonnes de ronds à béton. Il faut que nous autres Marocains puissions être en mesure d’exporter ce type de produit. Et puis, comme je l’ai dit tout à l’heure, il y a cet objectif important de réaliser un projet chaque année pour développer des produits à haute valeur ajoutée. Nous faisons accompagner ces actions-là par le centre de recherche et développement que nous avons lancé au cours de l’année 2023 à Jorf, et qui va permettre de développer de nouveaux produits et process, et d’améliorer la qualité de nos produits.

On sait que le segment de la sidérurgie est fortement concurrentiel et énergivore. Comment Sonasid parvient-elle à se démarquer sur le marché avec son offre ?

Déjà, il faut signaler que tout l’acier que nous produisons est un acier vert. En 2023, nous avons été certifiés EPD par des organismes internationaux. Ce qui confirme la qualité de notre acier vert, avec au bout de la chaîne 275 000 tonnes d’économie de carbone. Cela place notre acier dans des conditions extrêmement intéressantes pour notre pays, mais aussi pour l’exportation. C’est un événement important, et dans ce cadre, nous avons lancé en 2022 une première ferme solaire de 2 mégas. Nous avons pris la décision d’ajouter maintenant 2 autres mégas nous permettant de nous rapprocher des 90% d’énergie verte pour produire tous les types d’acier sur le marché.

Cependant votre communication financière, jusqu’au 3ème trimestre, relève une contraction de l’activité. Que retenir de cette situation ?

Nous sommes dans la bourse, et donc nous communiquons nos résultats chaque trimestre. Au troisième trimestre, nous avons publié que le chiffre d’affaires sera légèrement en retrait, ainsi que le résultat net part du groupe. Toutefois, nous sommes confortés par le fait que les projets de développement vont nous permettre, d’abord de mieux résister aux variations du marché, mais surtout d’aller chercher plus de valeur ajoutée.

Quid de 2024 ?

En 2024, on est très optimiste pour les raisons annoncées plus haut, à savoir toutes les décisions qui ont été prises par le gouvernement marocain, mais surtout nos projets de développement qui vont nous permettre d’aller chercher plus de valeur ajoutée, et par conséquent, d’installer Sonasid dans des conditions extrêmement favorables puisque le poids des commodités va baisser au profit des produits à haute valeur ajoutée.

Évoquons votre avancée dans la décarbonation, à quel stade de l’atteinte de l’objectif zéro carbone est votre entreprise ?

Nous y travaillons parce que, finalement, ce qui nous manque aujourd’hui, c’est la partie fioul que nous utilisons dans nos laminoirs. Nous sommes intéressés par le gaz naturel qui permettrait de diminuer de manière intéressante les émissions de CO2, et nous regardons de très près l’utilisation de l’hydrogène. Puisqu’il y a aura une production d’hydrogène dans notre pays, nos laminoirs pourront être adaptés pour utiliser l’hydrogène au lieu du fioul. Et à ce moment-là, nous serons une entreprise 100% verte.

La création d’emplois pérennes et inclusifs reste une préoccupation majeure pour le gouvernement. Comment intégrez-vous cet impératif ?

En 2023, nous avons recruté une centaine d’employés dont une bonne partie sont des cadres et des ingénieurs. Ce qui est important à signaler, c’est que nous recrutons des lauréats sortis des écoles et nous les formons. Nous avons un besoin important de former nos jeunes sur de nouvelles méthodes, de nouveaux procédés, de nouveaux produits. Je pense non seulement que nous créons des emplois, mais nous améliorons les capacités et l’employabilité de nos collaborateurs.

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