Personnage emblématique de l’écosystème IT au Maroc, Dr Sabah Lahlou partage une réflexion sur l’urgence d’introduire la notion de durabilité, aussi bien auprès des consommateurs, des fournisseurs, que des régulateurs des services numériques au Maroc.
Dans cette ère de prise de conscience écologique, la cohabitation entre le numérique et l’environnement est au cœur des préoccupations de nos sociétés. Il est indéniable que l’impact du numérique sur l’environnement est tangible, et il augmente avec l’utilisation croissante des objets connectés. Responsable de 4% des émissions mondiales de gaz à effet de serre (GES) et de 2,5% de l’empreinte carbone, le numérique est également à l’origine d’une quantité considérable de déchets informatiques.
Nous devons nous interroger sur la course effrénée à la technologie, symbolisée par la quête incessante du dernier téléphone portable ou de l’ordinateur le plus récent et le plus sophistiqué. La question n’est pas de renoncer au numérique, mais plutôt de s’engager dans une démarche de protection environnementale.
Toutefois, il n’est pas aussi facile de s’orienter dans cette direction, surtout lorsque les fabricants programment une obsolescence rapide de leurs produits. Des études ont montré que 78% de l’empreinte carbone du numérique est générée pendant la phase de fabrication de ces produits. Le numérique repose sur un vaste réseau d’infrastructures physiques qui nécessitent des matériaux et des ressources énergétiques. Les centres de données, par exemple, consomment jusqu’à 30% de la consommation mondiale d’électricité numérique.
Des fournisseurs IT « Brand Key » tels que Logitech, Dell et HP se sont déjà engagés dans des initiatives écologiques et sont à la pointe de l’adoption de pratiques durables. Ils explorent de nouvelles méthodes visant à réduire les déchets et à prolonger la durée de vie des produits, des composants et des matériaux.
« Est-ce que c’est le temps de porter une réflexion sur un projet de loi visant à réduire l’empreinte écologique du numérique au Maroc ? »
Quant aux mesures permettant d’identifier l’informatique comme un élément clé dans la réduction des émissions de gaz à effet de serre (GES) au Maroc, plusieurs actions sont à entreprendre. Il est nécessaire de déployer des démarches transversales et d’évaluer régulièrement l’empreinte environnementale des systèmes d’information. La mise en place d’indicateurs (KPI) Green IT et l’alignement de la stratégie Green IT sur la stratégie RSE de l’entreprise sont des étapes importantes, sachant que la création d’une filière interne Green IT permettra de suivre ces démarches environnementales comme la mise en place d’un suivi régulier des indicateurs énergétiques des data centers, privilégier une architecture modulaire, activer les fonctions d’économie d’énergie des équipements réseau, adapter la dimension du réseau aux besoins réels et au juste nécessaire.
Virtualiser les serveurs physiques sous-utilisés. Favoriser les équipements reconditionnés avant de considérer des équipements neufs. Acheter des équipements réseau compatibles avec le protocole Energy-Efficient Ethernet et surtout sensibiliser les utilisateurs qui laissent leurs postes de travail allumés inutilement. Privilégier la vidéoconférence plutôt que des réunions physiques afin de limiter les déplacements en avion et en voiture.
De même, encourager un projet de loi visant à réduire l’empreinte écologique du numérique au Maroc est une initiative à considérer. Un tel projet de loi pourrait proposer des mesures concrètes pour réduire l’empreinte environnementale du numérique, telles que la promotion du réemploi et l’écoconception obligatoire de tous les services numériques.
En conclusion, il est impératif d’adopter le Green IT dès maintenant. Nous devons tous œuvrer pour réduire l’impact écologique du numérique en mettant en œuvre des solutions comme celles évoquées précédemment. Ainsi, en choisissant la sobriété numérique, nous réduisons les usages inutiles et éliminons les fonctionnalités non essentielles, contribuant ainsi à préserver notre environnement pour les générations futures.
Par Dr. Sabah LAHLOU
Bio express
Dr. Sabah Lahlou est la Directrice Générale de La Centrale IT, entreprise innovante qu’elle pilote depuis plus d’une décennie et qui s’est imposée dans les domaines de la transformation digitale, de la cybersécurité et de la vidéoconférence. Son engagement en faveur d’un numérique éthique, durable et responsable, en fait une figure de proue du Green IT au Royaume.
