Dans une économie de marché libre comme les USA, la relation entre politique et finance est indissociable, évoluant au gré des orientations et de l’agenda du locataire de la Maison Blanche et de son parti. Face à l’élection présidentielle américaine de 2024, Wall Street est en état d’alerte et suspend ses transactions, redoutant les impacts de cette incertitude politique.
Ce rapport se trouve parfois porté par l’optimisme et le gain comme il peut céder à l’incertitude et aux pertes. A Wall Street, la place financière new-yorkaise, l’heure est à la prudence et à l’attentisme, alors que les Américains votent ce mardi pour élire leur 47è président.
“L’élection présidentielle de cette année qui met aux prises la vice-présidente Kamala Harris et le prétendant républicain, Donald Trump, agace Wall Street, où les fortunes peuvent monter et descendre” selon les décisions prises à Washington, écrit le New York Times.
Cet “agacement” s’explique, selon le grand tirage, par le fait qu’aucun des candidats actuels à la Maison Blanche n’est un “ami évident” des financiers, en particulier les opérateurs bancaires qui représentent le “maillon fort” de ce secteur névralgique.
Depuis la décision du président Joe Biden d’abandonner la course à un deuxième mandat, l’incertitude est montée d’un cran au sein du gotha financier qui se demande si l’arrivée d’un nouveau chef de l’exécutif américain sera en leur faveur ou bien annonciatrice d’une période difficile.
“Dès que Biden a annoncé son retrait, l’incertitude n’a fait qu’augmenter et les nouvelles acquisitions, ainsi que les nouvelles offres publiques d’achat d’actions, qui témoignent de l’optimisme des entreprises, ont été suspendues, relève le spécialiste financier Rob Copeland.
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Citant des banquiers et des conseillers qui soutiennent les deux candidats à la présidentielle ainsi que ceux qui sont encore indécis, Copeland indique que de nombreuses questions qui pourraient générer ou “détruire” des fortunes se posent.
L’impôt sur les sociétés augmenterait-il ou diminuerait-il? Les propositions de Kamala Harris pour lutter contre l’inflation auraient-elles un effet néfaste sur les profits ? Quelle version de M. Trump se présenterait au pouvoir en cas de sa victoire?
Autant de questions qui appellent de réponses claires et qui interviennent dans un contexte marqué par un manque de confiance dans l’avenir, estime Ralph Scholosstein, président émérite de la banque d’investissement Evercore, qui évoque une incertitude à la fois politique et économique.
Signe de ce sentiment, Scholosstein cite le recul des commissions que les banquiers d’affaires perçoivent à la conclusion des transactions. Au cours des neuf premiers mois de 2024, 558 milliards de dollars de transactions d’entreprise ont été conclues, le total le plus bas depuis 2003, selon le fournisseur de données Dealogic.
Dans ce cadre, la banque d’investissement JMP estime qu’il faudrait 1.000 milliards de dollars de transactions supplémentaires au cours du dernier trimestre de cette année pour revenir au rythme annuel moyen des trois dernières décennies.
D’autres observateurs et opérateurs à Wall Street se disent plus concernés par la persistance de l’inflation que par l’identité du prochain locataire de la Maison Blanche.
“Quel que soit le vainqueur des élections, la plupart des patrons de la finance craignent que l’inflation soit plus forte que prévu” et plus difficile à dissiper malgré les politiques qui seront décidées à la Maison Blanche, estime le journaliste spécialisé David Hollerith.
IDM avec MAP