La réforme de l’impôt sur le revenu (IR), cheval de bataille du projet de loi de finances (PLF) 2025, prévoit une série de mesures visant à alléger la pression fiscale sur les contribuables, en particulier les classes moyennes et les bas revenus, dans le but d’améliorer le pouvoir d’achat et de stimuler l’emploi formel.
Cette réforme, qui promet d’offrir une véritable bouffée d’oxygène aux fonctionnaires, salariés et retraités, découle principalement des recommandations des Assises nationales sur la fiscalité de mai 2019 et s’inscrit dans la continuité de l’accord historique d’avril 2024 sur le dialogue social.
Elle traduit l’engagement de l’Exécutif en faveur d’une revalorisation des revenus et d’une plus grande équité fiscale, avec des réductions d’impôt pouvant atteindre 50% pour certaines tranches.
Concrètement, ladite réforme permettrait aux fonctionnaires de bénéficier d’une augmentation atteignant 480 dirhams, tout en étendant l’exonération de l’IR à plus de 80% des salariés du secteur privé et près de 96% des retraités.
De l’avis de Ibrahim Rais El Fenni, expert-comptable et commissaire aux comptes, la réforme de l’IR a pour objectif d’alléger progressivement la pression fiscale sur les contribuables en parallèle avec l’élargissement de l’assiette fiscale.
Cette approche vise à soutenir le pouvoir d’achat des ménages tout en maintenant les recettes de l’État par une répartition plus large de la base fiscale, a expliqué M. El Fenni dans une interview à la MAP, précisant que ces ajustements permettent de diminuer la charge fiscale des ménages aux revenus modestes et intermédiaires.
Lire aussi|PLF 2025 : des priorités réalistes pour répondre aux différents défis économiques et sociaux
« Un salarié avec un revenu net imposable de 5.000 dirhams par mois bénéficiera d’une réduction de son impôt mensuel, passant de 333,33 dirhams à 166,67 dirhams, ce qui représente une économie de 166,66 dirhams. Pour les contribuables dont les revenus nets imposables mensuels se situent entre 8.333 et 15.000 dirhams, la réduction d’impôt pourra atteindre jusqu’à 400 dirhams », a précisé l’expert-comptable.
Réforme de l’IR : les mesures clés prévues en 2025
Dans le cadre du PLF 2025, des mesures ambitieuses sont mises en avant pour réformer l’IR en profondeur et alléger la pression fiscale.
En effet, M. El Fenni a indiqué qu’il s’agit notamment du relèvement du seuil d’exonération de 30.000 à 40.000 dirhams annuels, ce qui représente une exonération totale pour les revenus mensuels inférieurs à 6.000 dirhams, estimant que cette mesure protégerait les ménages à faibles revenus en les épargnant de l’IR.
Il est aussi envisagé d’augmenter la réduction pour charges de famille, avec un montant de réduction pour personnes à charge porté de 360 à 500 dirhams par personne, avec un plafond augmenté de 2.160 à 3.000 dirhams pour un maximum de six personnes, a-t-il soutenu, ajoutant que la réforme prévoit une révision des tranches du barème d’IR, ajusté pour alléger la charge fiscale des revenus moyens.
Et de rappeler que les nouvelles tranches concernent 0% pour les revenus jusqu’à 40.000 dirhams, 10% pour les revenus de 40.001 à 60.000 dirhams, 20% pour la tranche de 60.001 à 80.000 dirhams, 30% pour la tranche de 80.001 à 100.000 dirhams, 34% pour les revenus entre 100.001 et 180.000 dirhams, et 37% pour les revenus au-delà de 180.000 dirhams, abaissant ainsi le taux marginal précédent de 38%.
Quid des retombées de la réforme de l’IR sur les entreprises ?
Avec un pouvoir d’achat accru, les salariés sont susceptibles de consommer davantage, ce qui peut dynamiser la demande pour les biens et services locaux, a fait remarquer M. El Fenni, soulignant qu’en allégeant la charge fiscale des employés, la réforme pourrait contribuer à une atmosphère sociale plus sereine en entreprise, diminuant ainsi les coûts associés au turnover et aux éventuelles insatisfactions du personnel.
Lire aussi|PLF 2025 : principales mesures fiscales proposées
En effet, ces mesures devraient permettre une amélioration notable du pouvoir d’achat à court terme, avec des réductions d’impôt substantielles pour les revenus situés entre 5.000 et 15.000 dirhams mensuels, a-t-il noté.
Par ailleurs, l’impact de cette réforme sur le long terme reste tributaire de l’évolution économique, en particulier de l’inflation, qui pourrait rapidement diminuer les bénéfices procurés par ces ajustements, a relevé l’expert-comptable, préconisant de prévoir une actualisation périodique de ces barèmes, en tenant compte des fluctuations économiques, pour garantir leur efficacité dans la durée.
La réforme de l’IR jouera incontestablement un rôle clé dans l’allègement de la pression fiscale sur une grande majorité des contribuables, permettant un renforcement du pouvoir d’achat. En favorisant une meilleure justice fiscale, cette réforme présente aussi un potentiel important pour dynamiser l’économie nationale, stimuler la consommation interne et renforcer la cohésion sociale.
Avec MAP