Après avoir ouvert ses portes ce 26 novembre 2024, sous le thème de « L’Industrie Marocaine recrute », la première édition du Forum Marocain de l’Emploi et de la Compétence s’est poursuivi avec une deuxième table ronde traitant « Intelligence artificielle (IA) et digitalisation : une révolution pour l’industrie ».
La transformation numérique portée par l’intelligence artificielle redéfinit les contours de l’industrie mondiale. Véritable moteur de compétitivité, elle accélère les processus, optimise les ressources et inaugure une ère où l’efficience est le maître-mot. C’est cette nouvelle configuration qui était au cœur de la deuxième table ronde, avec Mme Mouna Benazzou, Directrice générale de Capgemini Engineering Maroc; Fayçal Brada, Directeur de la transformation et de l’excellence opérationnelle de Maghreb Steel et Oualid Mazouzi, Vice-président de DBM Maroc.
« Comme toutes les innovations technologiques majeures, l’IA aura des répercussions profondes sur les secteurs industriels, notamment dans les industries aéronautiques, automobiles et ferroviaires, secteurs dans lesquels Capgemini Engineering est très impliqué. Contrairement à ce que l’on pourrait croire, l’IA n’est pas uniquement associée aux technologies de l’information ; elle a aussi des applications directes sur le produit lui-même, dans le développement, la conception et la production », a déclaré Mouna Benazzou.
Optimiser la conception et la production avec l’IA
La Directrice générale de Capgemini Engineering Maroc poursuit en expliquant l’intégration de l’IA dans la conception assistée par ordinateur, qui permet de simuler différents scénarios et d’optimiser les processus de design, réduisant ainsi le temps et les coûts. « Aujourd’hui, grâce à l’IA, nous pouvons effectuer des simulations sans avoir à réaliser autant d’essais physiques qu’auparavant. Cela permet de gagner en productivité et en efficacité », explique-t-elle.
La discussion s’est ensuite orientée vers l’ingénierie augmentée, un concept relativement nouveau qui combine IA et ingénierie pour améliorer la conception et la production de produits industriels.
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« Chez Capgemini, nous avons intégré l’IA dans l’ingénierie de produit, un domaine crucial pour des secteurs comme l’automobile et l’aéronautique. L’ingénierie augmentée, ou l’application de l’IA pour améliorer la conception des produits, est un domaine où nous investissons massivement. Nous avons développé des projets où l’IA permet de gérer des simulations complexes, de tester des produits virtuellement avant de les produire, et même de gérer des crises logistiques à l’échelle mondiale », a souligné Mme Benazzou.
Elle ajoute que Capgemini est impliqué dans des projets de recherche appliquée avec des écoles et des universités marocaines, favorisant ainsi l’émergence de nouvelles compétences locales dans les technologies de pointe. « Nous avons également signé des conventions avec le ministère de l’Éducation nationale pour former les enseignants aux technologies de l’IA, afin d’intégrer ces connaissances dans les cursus scolaires et professionnels », précise-t-elle.
Créer de la valeur ajoutée par l’automatisation des tâches
L’échange a ensuite évolué vers les projets menés par Maghreb Style. Le directeur de la transformation et de l’excellence opérationnelle de Maghreb Style, également invité à la table ronde, a partagé ses expériences concrètes dans l’intégration de l’IA dans les processus industriels.
« Chez Maghreb Style, nous avons investi depuis plusieurs années dans la digitalisation et l’intégration de l’intelligence artificielle dans nos processus industriels. L’un de nos projets majeurs a été l’implémentation de capteurs sur nos machines, ce qui permet d’analyser les données en temps réel. Cela nous aide à centraliser les informations et à améliorer la prise de décision. Grâce aux tableaux de bord accessibles à l’équipe de management, nous avons gagné en réactivité et en efficacité opérationnelle », a fait savoir Fayçal Brada.
Il détaille ensuite une autre application de l’IA, la maintenance prédictive. « Nous avons installé des capteurs sur nos machines afin d’analyser leur fonctionnement. Cela nous permet de prédire les pannes avant qu’elles ne surviennent, réduisant ainsi les coûts liés aux arrêts imprévus », ajoute-t-il.
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En ce qui concerne l’automatisation des tâches, M. Brada explique que des robots ont été introduits pour remplacer les opérateurs dans les tâches répétitives et dangereuses, offrant ainsi de nouvelles perspectives pour les employés. « En termes d’impact sur l’emploi, il est important de souligner que, bien que l’automatisation réduise certaines tâches, elle permet aussi de libérer les employés pour qu’ils puissent se concentrer sur des missions à plus forte valeur ajoutée. Nous mettons un accent particulier sur la formation interne, mais faisons aussi appel à des experts internationaux pour garantir une mise en œuvre efficace ».
L’IA, un levier pour la reconversion des professionnels
A la suite des deux premiers intervenants, le Vice-président de DBM Maroc, Oualid Mazouzi a partagé la vision de son entreprise sur l’intelligence artificielle, notamment dans le domaine de la formation. « Nous, chez DBM Maroc, nous croyons fermement que l’intelligence artificielle ne doit pas être vue comme une menace, mais plutôt comme une opportunité. Il faut bien comprendre que l’IA aura un impact majeur, non seulement sur les industries mais aussi sur les métiers de demain. Nous devons donc préparer notre jeunesse et nos professionnels à cette révolution technologique. Cela passe par le reskilling, c’est-à-dire la reconversion des travailleurs actuels, mais aussi par le skilling, c’est-à-dire la formation des jeunes générations aux métiers de demain ».
Il poursuit en soulignant l’importance des initiatives locales pour préparer la main-d’œuvre marocaine. « Nous avons développé des plateformes de formation qui permettent aux étudiants et aux professionnels d’accéder à des contenus pédagogiques adaptés à leurs besoins. Ces solutions sont accessibles même dans les zones les plus éloignées, ce qui permet une démocratisation de l’accès à la formation », indique-t-il, en mettant l’accent sur l’importance d’investir dans des solutions locales pour rendre l’IA plus accessible et utile à la société marocaine, tout en soulignant le rôle clé des partenariats avec les universités et les centres de formation.