Pr Saber Boutayeb Les pays africains peuvent réduire leur dépendance aux infrastructures et technologies étrangères
Pr Saber Boutayeb, Directeur Général du Centre Mohammed VI de la Recherche et de l’Innovation relevant de la Fondation Mohammed VI des Sciences et de la Santé.

Dans le cadre de l’alliance entre Genomia MDATA et la Fondation Mohammed VI des Sciences et de la Santé, le Pr Saber Boutayeb, Directeur Général du Centre Mohammed VI de la Recherche et de l’Innovation relevant de la FM6SS, revient sur les enjeux et les projets de ce partenariat qui vise à renforcer l’indépendance sanitaire de l’Afrique.

Concrètement, comment cette alliance avec Genomia MDATA va-t-elle contribuer à renforcer l’indépendance sanitaire de l’Afrique ?

L’alliance entre Genomia MDATA et la Fondation Mohammed VI des Sciences et de la Santé vise à structurer une approche souveraine pour la recherche et l’innovation en santé en Afrique. En développant des infrastructures de séquençage et d’analyse bioinformatique sur le continent, nous réduisons la dépendance aux plateformes étrangères. Cette initiative permet aussi de produire des connaissances adaptées aux réalités africaines, d’améliorer la prise en charge des patients et de garantir que les bénéfices de ces avancées restent en Afrique.

La collaboration scientifique et technologique est un levier essentiel pour renforcer la souveraineté africaine dans le domaine de la santé. En unissant les efforts entre institutions de recherche, centres de données et biobanques, les pays africains peuvent réduire leur dépendance aux infrastructures et technologies étrangères. Le partage des compétences et des ressources permet non seulement d’accélérer la production de connaissances adaptées aux besoins spécifiques du continent, mais aussi de sécuriser les données génomiques et cliniques en garantissant leur utilisation éthique et souveraine. La mise en place de partenariats stratégiques entre acteurs publics et privés au sein de l’Afrique crée un écosystème scientifique robuste, capable d’influencer les politiques de santé et d’innovation au niveau mondial.

Quels impacts attendez-vous de l’initiative citoyenne ‘Génome Africain’ et comment comptez-vous impliquer les populations pour une transformation des pratiques médicales sur le continent ?

L’initiative ‘Génome Africain’ ambitionne de constituer une base de référence génomique pour les populations africaines. Elle permettra de mieux comprendre les prédispositions génétiques aux maladies, d’améliorer le diagnostic et le traitement des pathologies courantes et rares, et de développer des solutions thérapeutiques spécifiques. L’implication des populations passe par des campagnes de sensibilisation, des actions de vulgarisation scientifique et l’intégration d’associations de patients pour favoriser l’adhésion et la confiance autour de cette initiative.

Les populations africaines possèdent des spécificités génétiques qui nécessitent une étude approfondie de leur génome. Cette recherche est essentielle pour développer des kits et des tests diagnostiques adaptés, accessibles à des coûts abordables. De plus, une meilleure compréhension de ces spécificités permettrait de mener des travaux plus précis en vue de concevoir des solutions thérapeutiques adaptées aux besoins spécifiques de ces populations. Cette démarche est pleinement alignée avec le concept de souveraineté du Maroc et des pays africains.

En ce qui concerne la Biobanque panafricaine 2.0, pouvez-vous nous donner plus de détails ?

La Biobanque panafricaine 2.0 est une infrastructure en expansion qui permettra de stocker des échantillons biologiques provenant de divers pays africains. Grâce à l’intégration des standards internationaux et à l’usage d’outils numériques avancés pour la gestion des données, elle garantira une conservation optimale des échantillons et facilitera les recherches collaboratives sur les maladies génétiques et infectieuses. Son rôle est clé pour la souveraineté africaine en matière de recherche biomédicale et de médecine de précision.

Concernant la Biobanque de la FM6SS, elle est déjà fonctionnelle au Centre Mohammed VI Recherche et Innovation. Grâce à ce partenariat, elle va être développée afin que sa capacité permette le stockage de prélèvements venus d’autres pays d’Afrique à travers les activités de Genomia Mdata Afrique. Justement, en priorité seront ciblées les maladies rares au Maroc et en Afrique avec une approche en trois temps :

  • Collection des prélèvements en respect des règles éthiques et réglementaires,
  • Analyses type séquençage avec interprétation bioinformatique au Maroc,
  • Développement de kits diagnostiques adaptés en fonction des résultats pour une application diagnostique.

L’initiative citoyenne pour le Maroc a déjà démarré à travers des travaux en cours pour certaines maladies rares et devrait s’accélérer.

Quel est le calendrier prévu pour le lancement et le déploiement des premiers projets liés à cette collaboration ?

Un agenda prioritaire a été défini, mettant l’accent sur le lancement, dans le mois, de projets liés aux maladies rares ainsi qu’à l’extension de la biobanque. Cette initiative témoigne de la volonté des acteurs impliqués de concrétiser rapidement ces avancées stratégiques au service de la santé et de la recherche africaine.

De plus, cette collaboration favorise l’accès aux financements internationaux tout en veillant à ce que les bénéfices scientifiques et économiques restent en Afrique. Le développement de plateformes technologiques partagées et l’harmonisation des cadres réglementaires contribuent également à renforcer la position de l’Afrique sur la scène scientifique internationale.

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