ACCORDS – A l’occasion d’un ftour qui s’est déroulé le mardi  28 mai à l’hôtel Hyatt Regency, l’université Hassan II de Casablanca a organisé une conférence-débat, sous le thème «Accords de libre-échange: opportunité ou menace pour l’industrie marocaine?».

Le Maroc a signé, depuis 1996, de nombreux accords de libre-échange (ALE), notamment avec l’Union européenne, la Turquie, les pays arabes dans le cadre de l’accord d’Agadir (Égypte, Tunisie, Jordanie, Liban, Palestine) et les États-Unis. Pourtant, ces ALE sont souvent critiqués dans les milieux économiques marocains, et on leur reproche souvent de desservir les intérêts des entreprises marocaines. Ainsi, dans l’objectif de faire le point sur cette problématique réelle,  l’université Hassan II de Casablanca à décider de créer un cadre de réflexion afin de faire  un diagnostic « des  « Accords de libre-échange ».

En ouverture,  Abdellatif Komat, doyen de la faculté, a souligné que la question de l’étude de l’impact de l’ouverture d’une manière générale et celle des ALE, d’une manière particulière, suscite une attention particulière vu la place qu’ils devraient occuper dans la réflexion autour du modèle économique à construire.

Komat a dressé un diagnostic de ces différents accords, tout en avançant des indicateurs macro-économiques attestant des apports et des limites des ALE signés par le Maroc. Au niveau des apports, il a évoqué l’influence positive sur le positionnement du Maroc sur de nouveaux secteurs orientés export, tels que l’automobile, l’aéronautique, l’électronique, l’industrie chimique et l’effet positif sur le développement des IDE (32 milliards de dirhams en 2017, soit plus de 3,5% du PIB).

« Les ALE font également l’objet de critiques émanant, d’une part, de l’analyse d’indicateurs socio-économiques qui en découlent (perte d’emploi, aggravation du déficits commerciaux) et, d’autre part, de professionnels de branches industrielles dont l’activité est menacée par une concurrence déloyale et par des pratiques illicites telles que le dumping », a-t-il déclaré.

L’adoption d’une démarche protectionniste 

Par ailleurs,  il faut dire que cette notion de protection s’est avérée centrale dans les débats. Les intervenants, industriels comme universitaires, ont mis l’accent sur l’impératif de mettre en place, par le gouvernement, de nouveaux mécanismes afin d’assurer le suivi et l’évaluation des ALE déjà signés, d’identifier des barrières non tarifaires qui bloquent les exportations nationales et de soutenir les entreprises potentiellement exportatrices.

Le président de l’association marocaine des industries de textile et de l’habillement (AMITH) Karim Tazi a indiqué que « le problème n’est pas dans la politique d’ouverture ni dans les ALE eux-mêmes mais plutôt dans la capacité à gérer et à déceler s’il y a des tricheurs et des pratiques illicites ». « Nous avons étudié tous les business models existant et aucun n’est viable ni peut résister à la concurrence déloyale, au dumping et à la contrebande », a-t-il ajouté.

« De manière générale, les ALE étaient un instrument politique pour attirer les IDE », a déclaré pour sa part Mohammed Fikrat, Président de la Fédération Nationale de l’agro-alimentaire. Il a ainsi appelé à en tirer les leçons pour les négociations à venir, comme la zone de libre-échange africaine, pour un meilleur soutien à l’industrie nationale.

De son côté, Chafik Essalouh, directeur des études et de la coopération internationale à l’Administration des douanes et impôts indirects (ADII), a abordé l’impact fiscal des ALE, notant que ces accords sont estimés, en 2018, à 167 milliards de dirhams (MMDH), soit 35% des importations globales du Royaume qui sont de l’ordre de 480 MMDH.

Globalement, les intervenants ont souligné la nécessité de renforcer le partenariat public –privé et aussi se doter d’une véritable stratégie afin de gérer la concurrence déloyale. De plus, il a été question  de mettre le curseur sur le volet formation dans l’objectif d’avoir des ressources humaines qui seront en phase avec cette dynamique d’industrialisation.

I.S

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