Dans un contexte mondial marqué par les tensions environnementale, climatique et alimentaire, l’agriculture organique et ses déclinaisons représentent une alternative de premier plan. Au Maroc, un cadre réglementaire a été adopté et une filière créée pourdonner toutes ses chances à l’agriculture bio.

L’urgence climatique remet au centre du débat l’importance de prospecter des alternatives écologiques. Dans le secteur de l’agroalimentaire, l’agriculture biologique et l’agro-écologie se présentent comme deux alternatives idoines. À quelques nuances près, ces deux notions sont fusionnées par le Codex Alimentarius, un organisme relevant de l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) et l’Organisation des Nations-Unies pour l’Agriculture et l’Alimentation (FAO), comme étant l’agriculture organique. Et selon la FAO, cette agriculture organique connait des fortunes diverses en fonction du niveau de développement des pays.

Un document de cette organisation indique par exemple que dans les débuts des années 2000, l’agriculture bio représentait à peu près 10% du système de production alimentaire en Autriche et en Suisse, et enregistrait une croissance annuelle de plus 20% aux Etats-Unis, en France, au Japon et à Singapour. Alors que dans les pays en développement, l’on observait « de petits marchés intérieurs (par exemple en Egypte), tandis que, dans quelques autres, elle a commencé à saisir des possibilités d’exportation lucratives (par exemple pour le café au Mexique, le coton en Ouganda) ».

Au Maroc, un cadre réglementaire

Pour l’histoire, c’est au début du siècle dernier que l’agriculture organique a débuté, avant de prendre son essor dans les année 1970   « suite à l’observation d’une dégradation des sols et de la pollution des eaux liées à l’agriculture intensive comme le fait savoir l’ONG suisse Alimentarium. En 1972, la Fédération internationale des mouvements d’agriculture biologique (IFOAM) voit le jour, et coordonne depuis les différentes initiatives menées à l’échelle globale pour soutenir cette alternative d’une part et favoriser l’échange de connaissances d’autre part.

Défini par le Codex Alimentarius comme « un système de gestion holistique de la production qui favorise la santé de l’agrosystème », l’agriculture organique a désormais droit de cité au Maroc où elle bénéficie en partie d’un cadre réglementaire. Notamment la partie production qui est régie depuis 2013 par la loi n°39-12 dont le texte d’application est entré en vigueur en 2018. Ce qui fait du Maroc « le deuxième pays d’Afrique à s’être doté d’une législation propre en matière de production biologique », indique une note officielle du ministère de l’Agriculture.

Le soutien à l'agriculture biologique | Cour des comptes

Des avancées notables

La cause de produire sans intrants et fertilisants chimique fait relativement écho au Maroc. Si bien qu’il existe une filière “biologique“ avec une chaîne de valeur évoluant selon des standards internationaux. « Le Département de l’Agriculture a agréé jusqu’à aujourd’hui deux organismes de contrôle et de certification accrédités à l’échelle internationale », note le ministère de tutelle.  Ainsi les principales espèces cultivées et produites sans synthèse chimique sont : l’olivier, l’amandier, les plantes médicales et aromatisées, les agrumes et les cultures maraichères. Côté chiffre l’on observe de notables avancés. Estimée à 4 000 Ha en 2010, la superficie agraire dédiée aux cultures sans intrants et fertilisants chimiques est passée à 12 000 Ha en 2020, c’est-à-dire le triple. Même son de cloche au niveau de la production qui elle est passée de 40 000 tonnes à 120 000 tonnes sur la même période.

Agriculture bio : des avantages en série

Au-delà des spécifications existantes entre ses diverses déclinaisons (permaculture, agriculture bio, agroécologie…), l’agriculture organique présente de nombreux avantages. Le premier, et le plus important, selon Annie Mellouki, experte Marocaine en Agro-écologie est qu’elle préserve la vie du sol. À en croire celle qui a occupé le poste de présidente du Réseau des Initiatives Agro-écologique au Maroc (RIAM), « l’agro-écologie restitue à la nature sa bio-diversité ». Par ailleurs l’agriculture organique est reconnue comme un atout à la sécurité alimentaire et un gage de gains qualitatifs pour les paysans, quand ceux-ci sont directement mis en relation avec les consommateurs. Et dans ce contexte de pression climatique qui exige de prioriser les pratiques culturales préservant l’équilibre de l’écosystème, « l’agroécologie est la solution finale », tranche notre experte.

En clair, les bénéfices de cette agriculture respectueuse des sols et bénéfique pour l’organisme humain sont suffisamment intéressants. Cependant, son plus gros handicap reste la productivité, n’exploitant que de petits espaces. Si bien que se pose la question de sa survie dans un contexte de crise alimentaire mondiale faisant la part belle à une production de masse… grâce aux fertilisants chimiques. L’enjeu serait pour elle alors de relever ce défi.

Gethème YAO

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