AgriWater 4.0 : Un rendez-vous stratégique sur l’agro-industrie et la gestion intelligente de l’eau
AgriWater 2025 se veut un carrefour d’idées et de solutions pour transformer le défi du stress hydrique en levier d’innovation, de coopération et de durabilité.

Alors que le Maroc et l’ensemble du bassin méditerranéen affrontent les conséquences d’un stress hydrique croissant, Agadir s’apprête à accueillir, au début des derniers dix jours du mois d’octobre, l’événement AgriWater 4.0.

Ce rendez-vous majeur réunira professionnels de l’agriculture et de l’eau, chercheurs, institutionnels, acteurs économiques et experts internationaux autour d’une question vitale : comment concilier performance agricole, innovation technologique et préservation des ressources en eau ? Avec pour thème central « Agro-industrie et gestion intelligente de l’eau », AgriWater 2025 se veut une plateforme de réflexion et de mise en commun des savoirs, mais aussi un lieu d’échanges concrets entre décideurs, scientifiques et entreprises.

Un contexte critique pour l’agriculture marocaine

L’organisation d’un tel événement en terre soussienne ne doit rien au hasard. La région d’Agadir, moteur horticole et agro-exportateur du pays, est aussi l’une des plus exposées aux défis de la rareté hydrique. La pression croissante sur les nappes phréatiques, le recul des précipitations, les effets du changement climatique et la concurrence pour l’usage de l’eau rendent l’équation de plus en plus complexe. Face à ces défis, l’agriculture marocaine se trouve à un tournant : maintenir sa compétitivité et son rôle stratégique dans la sécurité alimentaire tout en transformant ses pratiques pour s’adapter à un avenir marqué par une ressource hydrique limitée. C’est dans ce cadre que AgriWater 4.0 prend toute sa pertinence.

Un programme scientifique riche et structuré

Le programme d’AgriWater repose sur quatre grandes sessions thématiques, chacune abordant une dimension cruciale de la relation entre eau et agriculture.

Ainsi, le numérique, l’intelligence artificielle et la digitalisation sont désormais au cœur des transformations agricoles. Drones, capteurs, satellites, logiciels de gestion hydrique et solutions de big data permettent d’optimiser l’usage de l’eau à la parcelle près. L’enjeu est d’analyser la contribution de ces technologies à la réduction du gaspillage, améliorer le rendement hydrique, et anticiper les besoins grâce à la data et aux modèles prédictifs.

Les discussions mettront en avant des expériences pilotes au Maroc, mais aussi des exemples venus d’Espagne de Californie ou d’ailleurs, où l’innovation technologique est déjà un levier majeur d’adaptation agricole.

Par ailleurs, le Maroc qui a déjà engagé une stratégie ambitieuse de dessalement de l’eau de mer, notamment à Agadir, Safi et Casablanca, pose la question cruciale des autres ressources conventionnelles et non conventionnelles qui devront compléter le dessalement de l’eau pour constituer un “bouquet hydrique” global. Ainsi, outre le dessalement à grande échelle et ses défis énergétiques, il y a la réutilisation des eaux usées traitées pour l’irrigation, et la non-moins importante valorisation des eaux pluviales, souvent sous-exploitées.

Sur le volet agricole se pose la lancinante question de la nécessité de continuer à exporter fruits, légumes, agrumes et produits transformés, y compris dans un contexte où l’eau devient rare, le Maroc ayant bâti une partie de son modèle agricole sur les exportations, notamment vers l’Europe. Une orientation qui se heurte aujourd’hui à deux impératifs, à savoir la nécessité de préserver la durabilité des exploitations, et celle d’assurer la souveraineté alimentaire du pays.

Il sera loisible aux experts, aux institutionnels et autres acteurs économiques d’aborder les questions de la redéfinition des chaînes de valeur agroalimentaires, de la promotion des cultures à forte valeur ajoutée, et de la promotion et du renforcement de l’équité dans la distribution de la ressource.

La recherche, l’innovation et la formation ne sont pas en reste. Le rôle des universités, des centres de recherche et des instituts spécialisés dans la transition agricole et hydrique sera interrogé.

L’enjeu est de répondre à plusieurs questions, dont celles concernant le rapprochement de la recherche académique du terrain agricole ; les partenariats public-privé pour hâter les processus d’innovation, l’identification des formations susceptibles de permettre aux agriculteurs et aux techniciens de mieux appréhender les nouveaux métiers de l’agriculture connectée.

Un carrefour d’acteurs et d’expériences

AgriWater, en tant qu’événement scientifique sectoriel, a pour ambition de rassembler une diversité d’acteurs institutionnels, pour présenter et clarifier les politiques publiques en matière d’eau et d’agriculture ; les entreprises du secteur agroalimentaire, de l’irrigation et des technologies numériques, prêtes à exposer leurs solutions innovantes ; les chercheurs et universitaires, porteurs d’analyses et de projets pilotes ; ainsi que les organisations internationales et bailleurs de fonds, intéressés par les projets de coopération et de financement. Un brassage qui vise à favoriser l’émergence de synergies concrètes et de partenariats stratégiques.

Et au-delà de son rôle de forum de réflexion, AgriWater s’inscrit dans la dynamique plus large de la stratégie marocaine en matière de durabilité et de transition agricole. Le Plan Génération Green 2020-2030 et la Stratégie Nationale de l’Eau 2050 ont déjà fixé un cap ambitieux : valoriser chaque goutte d’eau et renforcer la résilience du secteur agricole.

En accueillant cet événement, Agadir confirme sa position de laboratoire et de vitrine de cette transformation. Mais l’enjeu dépasse les frontières marocaines : le stress hydrique est un défi partagé par l’ensemble de l’Afrique du Nord, du Sahel et du pourtour méditerranéen. AgriWater pourrait ainsi devenir un hub régional d’échanges et d’innovations.

En mettant en dialogue chercheurs, praticiens, décideurs et entrepreneurs, l’événement ambitionne de transformer les défis hydriques en opportunités d’innovation et de coopération.

Car au bout du compte, il s’agit de répondre à une question essentielle : comment nourrir durablement les générations futures tout en préservant la ressource la plus précieuse de toutes – l’eau ?

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