Ali Chettour, président de l’Association marocaine de défense des droits des consommateurs, affiliée à la Fédération marocaine des droits des consommateurs, a récemment tiré la sonnette d’alarme concernant la flambée des prix des produits alimentaires pendant le mois sacré du Ramadan. Selon lui, cette hausse exorbitante pèse lourdement sur le pouvoir d’achat des ménages marocains, déjà fragilisé. Malgré cette situation préoccupante, M. Chettour souligne un paradoxe : les consommateurs marocains, bien que victimes de ces pratiques, manquent encore de culture en matière de réclamation de leurs droits.
Le Ramadan, mois de spiritualité et de partage, est également marqué par une augmentation significative des dépenses des ménages. Cette année, la hausse des prix des denrées de base, notamment la viande rouge et blanche, le poisson, les légumes et les fruits, a exacerbé les difficultés financières des familles. « La capacité d’achat des Marocains a considérablement diminué ces derniers temps », affirme M. Chettour. Cette situation est d’autant plus préoccupante que ces produits sont essentiels pour préparer les repas traditionnels du Ramadan.
Un manque de culture de réclamation :
Malgré les défis auxquels ils sont confrontés, les consommateurs marocains restent réticents à dénoncer les abus. « Les Marocains manquent de culture en matière de réclamation », déplore le président de l’association. Pour remédier à cela, son organisation mène des campagnes de sensibilisation et d’orientation, que ce soit dans la rue ou à travers les médias audiovisuels. L’objectif est de renforcer la culture de consommation responsable, en particulier pendant le Ramadan, période où les achats augmentent de manière exponentielle.
M. Chettour pointe du doigt l’absence de contrôle des prix, ce qui permet à certains acteurs du marché de profiter de la situation. « Nous demandons au gouvernement de prendre des mesures fermes contre la guerre des prix instiguée par les spéculateurs, les monopoleurs et les intermédiaires qui cherchent à maximiser leurs profits au détriment des citoyens », déclare-t-il. Ces pratiques, qui violent la loi 104.12 relative à la liberté des prix et de la concurrence, ont conduit à une distorsion du marché, où les marges bénéficiaires excessives et la concurrence déloyale sont monnaie courante.
La responsabilité partagée des consommateurs :
Si les autorités et les acteurs économiques ont leur part de responsabilité, M. Chettour insiste également sur le rôle des consommateurs. « Les achats impulsifs et irrationnels contribuent à déséquilibrer le marché », explique-t-il. Il appelle les Marocains à adopter une approche plus réfléchie de leurs achats, en privilégiant les besoins réels plutôt que les désirs superflus. Cette démarche permettrait non seulement de préserver l’équilibre du marché, mais aussi de réduire le gaspillage alimentaire, un problème majeur dans un contexte de sécheresse persistante et de dépendance aux importations de blé.
La situation actuelle met en lumière les défis auxquels sont confrontés les consommateurs marocains pendant le Ramadan. Alors que les prix flambent et que le pouvoir d’achat diminue, il est essentiel que les autorités renforcent les mécanismes de contrôle et que les consommateurs adoptent une culture de consommation plus responsable. Comme le souligne Ali Chettour, « il est temps de mettre fin aux pratiques abusives et de promouvoir une consommation plus rationnelle et respectueuse des ressources du pays ».
Rachid Mahmoudi