Naoual Zine
Naoual Zine

Ingénieure de formation, Naoual Zine est aujourd’hui Directrice de la Finance et du Contrôle de Gestion Corporate à Managem, mariée et mère de deux enfants. Retour sur un parcours exceptionnel d’une femme aimable et engagée qui a su s’imposer dans un monde purement masculin: celui des mines.

Bien dans ses pompes, confor- table avec elle-même, et tra- ceuse à bonnes enjambées plutôt qu’adepte du petit pas : c’est l’impression qu’elle donne d’emblée. Naoual Zine, directrice financière et du contrôle de gestion coporate au groupe Managem, a bâti sa carrière sur terrain, au cœur des mines – un monde purement masculin – avant de gravir les échelons en relevant les défis. Pourtant, rien n’était facile. «Frustrée par une des interprétations de l’ancien code minier qui interdisait le travail manuel des femmes dans une mine souterraine, je me suis faite une raison pour prolonger le plus possible ma présence dans la mine en vue de casser ce paradigme et de faire de la compétence la seule devise qualificative», confie cette jeune femme mère de deux enfants qui a su parfaitement concilier vie privée et professionnelle. Guidée par l’ambition de mener une carrière en relation avec les sciences qu’elle adorait, Naoual Zine a choisi de faire des études d’ingénierie. C’est ainsi qu’elle intègre en 1996, à sa sortie des classes prépa, l’école Mohammedia des Ingénieurs. Le hasard ou le destin a voulu que pour son premier stage, elle se retrouve déjà sur le terrain au milieu de la carrière des Phosphates à Sidi Daoui dans la région de Khouribga. À l’époque, elle avait à peine 19 ans et se rend compte après quelques jours qu’elle était la seule femme sur le chantier. «C’était visiblement un monde réservé à la gente masculine», se sou- vient-elle. Fraichement diplômée, elle est contactée par le pôle mine du groupe ONA (Managem actuellement) en 1998 pour piloter le chantier d’extension de la mine d’argent du Groupe, si- tuée à proximité de Tinghir, à 160 km de Ouarzazate. «A 22 ans, je trouvais très intéressant d’attribuer une telle responsabilité à une jeune fille ingénieure d’autant plus que l’offre présentait plus d’un challenge : je devais m’intégrer dans une mine en pleine mutation alors que j’étais la première et l’unique ingénieure femme sur place et pour couronner le tout, il s’agissait d’un projet de 126 MDH d’investissement touchant presque tous les aspects d’ingénierie : équipement, procédés de traitement, gestion de la sous-traitance, ressources humaines …», dit-t-elle. À son arrivée à la mine, les équipes étaient persuadées qu’elle n’allait pas tenir plus de trois mois. « Pour l’anecdote, je les entendais souvent parier entre eux sur la durée que je passerais avec eux sur place avant de démissionner. Il faut dire que j’étais partie pour la durée du projet (une année) mais j’y suis restée finalement trois ans », raconte-t-elle d’un air amusé. C’est ainsi que débuta l’histoire d’amour qui lie aujourd’hui Naoual Zine à Managem car depuis cette époque, elle considère le groupe minier comme sa famille. En 2003, elle est nommée responsable du contrôle gestion pour le métier de la mine. Outillée par la maitrise des systèmes de gestion et forte d’une connaissance de tous les sites de Managem, en 2005, elle est nommée directrice du contrôle général (un poste nouvellement créé au sein du groupe). « J’ai assuré au niveau corporate la responsabilité de trois directions : le contrôle de gestion corporate, l’audit interne et le risk management », explique-t-elle. Fin 2008, la jeune ingénieure qui s’est toujours projetée dans le domaine opérationnel a été appelée à faire partie du comité exécutif du groupe Managem en assurant en plus du contrôle de gestion corporate la direction des finances et des comptabilités. Inspirée par une visite qu’elle avais effectuée dans les mines de Noranda au Canada, elle se porte volontaire pour créer et gérer une structure de planification minière à la mine d’argent. «Grâce aux valeurs de notre Groupe qui encourage la concrétisation des initiatives même venant de jeunes ingénieurs, le projet a été validé et j’en ai assuré la coordination», avance Mme Zine qualifiant cette expérience d’un beau défi. Car, dit-elle, il fallait réunir autour de la même table des équipes pluridisciplinaires. Composés de géologues, des ingénieurs des procédés et des ingénieurs des mines, ces espaces d’échange, qui se déroulaient dans la bonne ambiance, avaient pour principal objectif d’assurer la cohérence et de partager une vision commune. Les géologues, avaient comme principal souci, de garantir la pérennité de la ressource minière. En face, il y avait des ingénieurs des mines, des procédés et de la maintenance qui sont plus tenus par des objectifs opérationnels de production. Une mission plus qu’accomplie pour Naoual Zine. Tout au long de sa carrière, elle ne s’est jamais lassée car tout ce qu’elle entreprenait, elle le faisait avec une abnégation et détermination. En plus elle ne connait pas la routine, ses journées se suivent sans pour autant se ressembler : «chaque jour est rythmé par un ensemble d’activités variées et différentes missions à remplir». De par la dimension internationale de Managem, elle est toujours en avion. Elle se décrit comme un «électron dans les orbitales d’un atome». Toujours sur le terrain, elle a traversé presque tout le Maroc profond. Et l’Afrique n’a presque plus de secret pour elle. De Libreville (Gabon) à Kinshasa (RDC) en passant par Khartoum (Soudan), cette femme engagée a pratiquement parcouru la majorité des pays de l’Afrique de l’ouest. Et pourtant elle ne s’est jamais sentie dépaysée, car pré- cise-t-elle fièrement : « je me retrouvais toujours au sein de la famille des miniers dans tous les pays où j’allais». Quand elle n’est pas en déplacement, elle couvre d’amour ces deux bouts de choux : Rania (6 ans) et Anis (2 ans) qui sont, dit-elle, «ses sources d’énergie et de jouvence». Même si c’est difficile avec ses préoccupation de concilier entre vie privée et vie professionnelle, Naoual Zine, parvient à laisser du temps pour sa petite famille, sa première priorité. Comme quoi, avec le sérieux et la volonté, on peut tout avoir.

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