Comme son thème l’indique, la 5e édition du Salon de la sous-traitance automobile, tenue à Tanger du 25 au 27 avril 2018, a ouvert le débat autour de deux questions fondamentales du secteur au Maroc : Croissance et Innovation. « La sous-traitance automobile au service de l’accélération de la croissance et de la création de nouveaux métiers », ce thème, qui englobe à la fois les interrogations des professionnels et la stratégie du département de tutelle, annonce déjà les objectifs et les ambitions du secteur sur les moyens et longs termes.
Conscient de l’importance du secteur, qui représente un potentiel socio-économique de grande envergure, Industrie du Maroc, votre magazine spécialisé en matière d’industrie, investissement et d’innovation, a fait le déplacement. Nos journalistes ont interpellé plus d’un au Salon organisé par l’Association marocaine pour l’industrie et la construction (AMICA), événement incontournable pour les professionnels et les décideurs. La messe a été l’occasion propice de diagnostiquer le secteur et recueillir, sur le tas, les différents sons de cloche. Comment se porte le secteur ? Quels sont les enjeux et les perspectives ? Des questions parmi d’autres auxquelles tentera de répondre IDM. Tour d’horizon.

Tanger Free Zone, porte sud, 8h45. Ce mercredi 25 avril 2018, tout est prêt pour accueillir le grand événement. La 5e édition du Salon de la sous-traitance automobile ouvre ses portes. La cérémonie d’ouverture de ce bassin de sourcing et de networking au niveau local et régional est présidée par Moualy Hafid Elalamy, ministre de l’Industrie, de l’investissement, du commerce et de l’économie numérique. Un panel de hauts responsables, d’officiels, d’industriels, d’investisseurs et d’invités y participent également. L’événement qui se poursuit jusqu’au 27 du même mois est devenu incontournable. Il témoigne de l’essor de la sous-traitance automobile au Maroc. On y trouve toutes les facettes de l’industrie automobile de différents rangs. Allant du câblage, passant par le métal et emboutissage et arrivant à l’intérieur et sièges, la cinquième édition se tient dans un contexte différent des précédentes.
Plus de 300 exposants ont répondu à l’appel de l’AMICA. Ils sont présents dans ce salon organisé exceptionnellement dans la première zone portuaire qui regroupe plus de 500 équipementiers, dans un espace pouvant accueillir plus de 5.000 visiteurs.
Pour ce faire, les organisateurs ont fait appel au géant de l’industrie automobile.
L’AMICA organise cette édition en partenariat avec Tanger Med Zone, Renault Maroc, Peugeot Citroën Automobile, Atlantic Free Zone et l’AIZFET. Le choix des partenaires n’est, certes, pas fortuit. L’implication de tous les acteurs concernés de près ou de loin est fondamentale pour le développement du secteur qui enregistre déjà des exploits et vise « Croissance et Innovation ».
« L’intérêt croissant de plusieurs constructeurs automobiles pour le sourcing au Maroc (PSA, Renault, VW, Ford, etc.) et l’accélération de l’arrivée de nouveaux équipementiers et de nouveaux métiers en filigrane de la récente signature, devant S.M. le Roi Mohammed VI, de 26 nouvelles conventions d’investissement, sont des moteurs qui renforcent l’attractivité du Maroc dans ce secteur, et en font un hub pour les constructeurs automobiles », argumente Rachid Machou, vice-président de l’AMICA. D’où l’objectif du salon qui est de favoriser l’échange constructeurs-équipementiers d’un côté, et avec les sous-traitants de l’autre. Et ce n’est pas tout. On ambitionne aussi de répondre aux besoins de sous-traitance qui devraient atteindre à l’horizon 2020 un milliard d’euros.

Objectifs 2025: MHE hausse la barre.
L’enjeu est de taille : « Nous voulons atteindre un million de véhicules exportés à l’horizon 2025 », annonce fort Moulay Hafid. Une déclaration qui a retenti sur les quatre coins du Salon avant de défrayer la chronique. Les ambitions du ministre sont hors toute attente. « Il faut réaliser 200 milliards de dirhams », poursuit-il. En 202, le département de tutelle prévoyait déjà un chiffre d’affaires potentiel de 110 milliards de dirhams, ce qui est au-delà des objectifs du plan d’accélération industrielle, fixés aux alentours de 100 milliards de dirhams.
Ce n’est pas une première pour le ministre dont les objectifs sont ambitieux. MHE a toujours défrayé la chronique avec sa barre haute, très haute des ambitions. Ces challenges réussis ne manquent pas non plus de stupéfaction. Au riche exploit du responsable s’ajoute surtout la délocalisation de grands industriels dans différents secteurs, notamment dans l’industrie automobile avec tous ses segments. Et de conclure : « Nous voulons être un pays industriel ». Et pas n’importe comment. Toute une infrastructure et des moyens techniques, financiers et humains sont déployés dans cette optique dont les résultats très positifs n’ont pas tardé à s’afficher au-devant des statistiques, non seulement du secteur industriel, mais surtout de l’économie nationale.
Cet objectif est réalisable en raison de l’accélération d’arrivée de nouveaux équipementiers et de nouveaux métiers en filigrane. C’est le cas notamment de la toute récente arrivée de l’équipementier coréen Hands à Tanger qui va fabriquer des jantes en aluminium, au même titre que Nexteer Automotive qui construit à Kénitra une unité de production des systèmes de direction assistée pour l’automobile. Sans oublier pour autant la montée en puissance des deux usines RENAULT-NISSAN, la prochaine mise en service des composantes du projet PSA à Kénitra, et l’implantation prochaine du constructeur chinois « BYD Auto Industry » qui entreprend la réalisation d’un écosystème industriel complet autour de la mobilité verte, avec à terme, une capacité de production de plus de 100.000 de voitures électriques par an.

Bilan : le secteur est sur la bonne voie
Moulay Hafid Elalamy, ministre de tutelle, en est fier et très ambitieux vis-à-vis du développement du secteur qui n’a jamais été à ces beaux jours comme maintenant. Lors de son intervention au SISTEP 2018, le ministre, auquel revient tout le mérite du développement du secteur, l’a fait savoir clairement : la montée en puissance de l’industrie automobile au Maroc a fortement participé à la croissance de la compétitivité de l’industrie nationale.
Un constat approuvé par les chiffres des exportations. Le créneau de l’automobile reste incontestablement le 1er secteur exportateur du Royaume en 2017. Sa part dans les échanges commerciaux dépasse les 29 % des exportations du pays avec un chiffre d’affaires de 7 milliards d’euros. Un exploit qui ne tardera pas à être surpassé en 2018 puisque l’objectif actuel est d’atteindre les 10 milliards d’euros. La part du secteur de la sous-traitance automobile n’est pas minime. Elle représente 10% de ce butin. Selon les prévisions de l’AMICA que le département Elalamy n’a pas encore approuvées, on fait état de « 70 milliards de dirhams de chiffre d’affaires à l’export en 2017, soit une évolution de 10 % par rapport à l’année 2016 », estime M. Machou.
Même son de cloche chez les différents intervenants du secteur, notamment les participants à cette cinquième édition du Salon de la sous-traitance automobile organisée à Tanger. Interrogés par Industrie du Maroc, la quasi-totalité des exposants et professionnels ne cachent pas leur enthousiasme. Pour eux, « le secteur est un levier économique et industriel de forts potentiels », résume pour sa part M. Machou.
Rien que l’écosystème Renault qui fait partie du plan d’accélération industrielle, il a tellement bien avancé en 2017 qu’il devrait revoir ses chiffres à la hausse. Inutile de rappeler que le groupe ambitionne de réaliser 1,5 milliard d’euros par an d’achats de pièces automobiles produites localement en 2023. Le groupe Renault s’approvisionne actuellement en pièces « Made in Morocco » pour ses usines marocaines et internationales à hauteur d’un milliard d’euros par an. De quoi repousser l’objectif à 2 milliards d’euros réalisés annuellement d’ici 2023.
De ce fait, Moulay Hafid Elalamy ne lance pas des chiffres à l’aveuglette. Il se base sur du concret et sur des statistiques bien fondées émanant d’une évolution purement précise du secteur en englobant les différents paramètres techniques, humains et financiers. Ce constat est unanime chez les professionnels nationaux et internationaux.

Besoins et dispositifs
Pour atteindre ses objectifs, le secteur, qui doit avancer grâce à la mobilisation de tous les acteurs et partenaires, envisage de bénéficier des moyens déployés par le Royaume. Le besoin est énorme, aux yeux du ministre, mais « accessible grâce à la mobilisation de tous ». D’où son appel haut et fort lors de son intervention au SISTEP à laquelle s’ajoute celle de l’inauguration du récent salon de la sous-traitance de Tanger.
Ainsi décidé, des moyens importants seront engagés dans cette synergie du secteur clé de l’économie nationale. Les besoins de sous-traitance sont estimés par l’AMICA à 600 millions d’euros. 140 millions d’euros seront destinés aux prestations logistiques, 50 millions à la conception et la réalisation de machines spéciales, 50 autres pour l’outillage et 60 millions d’euros pour le consommable de production. S’y ajoutent respectivement 45, 20 et 25 millions pour la maintenance et implantation des moyens industriels, équipement de protection individuelle et la formation.
Et ce n’est pas tout, dans cette enveloppe budgétaire nécessaire, entre autres, pour atteindre les objectifs annoncés, on trouve 45 millions d’euros alloués pour les emballages métalliques, plastiques et cartons, 20 millions pour les prestations tertiaires diverses, 30 autres pour l’ingénierie et 10 pour les moyens de contrôle.
La calibration des moyens de contrôle, les pièces de rechange et les frais divers nécessitent respectivement 5, 10 et 40 millions d’euros.
Le secteur de l’Industrie automobile au Maroc avec les deux usines RENAULT-NISSAN ; la prochaine mise en service des composantes du Projet PEUGEOT CITRÖEN et l’implantation prochaine du Constructeur chinois BYD qui entreprend la réalisation d’un écosystème industriel complet autour de la mobilité verte, est en avance sur les objectifs fixés par le Plan d’accélération industrielle 2014-2020 du ministère de l’Industrie, du commerce, de l’investissement et de l’économie numérique.

Capital humain : le Maroc est riche !
Parmi les fondements de la stratégie de MHE dans le développement de l’industrie, l’investissement, le commerce et l’innovation, on trouve le facteur humain. Le ministre est conscient de l’importance de ce riche capital dont dispose le Maroc.
Toutes les initiatives du département de tutelle vont dans le sens de développer les ressources humaines et assurer leur mise à niveau pour répondre aux besoins du marché. Chaque investissement industriel est une potentialité pour les demandeurs d’emploi marocain. Une approche partagée par les officiels et les professionnels.
Au niveau de l’emploi, le défi pour l’AMICA est d’assurer une évolution continue en termes de création d’emplois. Si le secteur a encore créé davantage d’emplois l’an dernier, l’objectif à terme est de créer 160.000 postes d’emploi à l’horizon 2020, rappelle le vice-président de l’association des professionnels du secteur.
Ainsi, soit-il, l’objectif est important : « A l’horizon 2020, le secteur prévoit aussi d’atteindre un million de véhicules fabriqués et réaliser un taux d’intégration locale des véhicules sortants du Maroc de plus de 80% », explique la même source.
Ce taux qui se situe actuellement à 50%, selon nos observateurs, sera dopé par l’arrivée du groupe français PSA. L’usine de Kénitra qui devrait être opérationnelle dans les mois qui viennent, table sur la production de 90.000 automobiles dans une première phase, dans la perspective d’atteindre une production de plus de 200.000 véhicules annuellement, avec la clé, la création d’environ 3.500 emplois directs et 20.000 emplois indirects, outre la mise en place d’une unité de recherche et de développement, qui va employer 1.500 ingénieurs et techniciens supérieurs. En somme, quelque 160 mille emplois à l’horizon 2020.

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