Depuis leur introduction sur le marché financier marocain il y a huit ans, les banques participatives ont suscité à la fois curiosité et espoir quant à leur potentiel de croissance et à leur contribution à l’inclusion financière.
S’appuyant sur les fondements de la finance islamique, ces institutions financières ont promis un changement radical dans la manière dont les services bancaires sont rendus, avec un accent particulier sur l’inclusivité et l’éthique.
Une des composantes essentielles de l’écosystème des banques participatives est l’assurance Takaful, qui repose sur des principes conformes à la Charia. L’offre de produits d’assurance Takaful, bien que présente, reste encore limitée aux garanties et risques associés à l’activité bancaire participative, entravant la taille des fonds disponibles pour ces assurances.
Selon les récents chiffres de Bank Al-Maghrib (BAM) concernant les « établissements de crédit et assimilés », le paysage bancaire marocain se compose de 88 établissements de crédit et assimilés, parmi lesquels figurent 24 banques, dont 5 sont des banques participatives et 3 sont des fenêtres participatives. Concernant spécifiquement l’activité des banques participatives, les données rapportées font état d’une croissance significative dans plusieurs domaines. L’encours des financements participatifs par « Mourabaha » a atteint 25,8 milliards de dirhams (MMDH), en augmentation notable de 20,6%.
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De même, les financements « Salam » connaissent une croissance impressionnante de 188,2% pour s’établir à 200 millions de dirhams (MDH). Ces chiffres mettent en évidence l’essor des pratiques financières conformes à la Charia au Maroc, reflétant un intérêt accru pour les produits bancaires islamiques dans le pays. En outre, les données fournies par BAM révèlent une croissance soutenue des dépôts dans les banques participatives. L’encours des dépôts à vue s’est chiffré à 7,67 MMDH, enregistrant une augmentation de 32,2%, tandis que les dépôts d’investissement se sont élevés à 2,5 MMDH (+29,7%).
Des performances qui témoignent de la confiance croissante des déposants dans les banques participatives, ainsi que de l’attrait croissant des produits d’investissement conformes à la Charia, reflétant une tendance vers une adoption plus large de la finance islamique dans le secteur financier marocain.
Takaful : entre garanties et risques
Dans la finance islamique, l’assurance Takaful occupe une place centrale en tant qu’alternative aux produits d’assurance conventionnels. Contrairement à l’assurance conventionnelle qui repose sur le principe de la répartition des risques, Takaful est fondée sur les principes de la solidarité au sein de la communauté musulmane. Dans le contexte des banques participatives, les produits et les offres d’assurance Takaful se concentrent principalement sur les garanties offertes ainsi que sur les risques associés aux activités.
L’introduction officielle de l’activité Takaful au Maroc en 2022 a marqué une étape significative dans le secteur de l’assurance, offrant une alternative conforme à la Charia aux produits d’assurance conventionnels. Avec des primes émises de près de 11,8 MDH au cours de sa première année, Takaful a rapidement gagné en popularité, drainant un volume global de 29 MDH au terme du premier semestre 2023, a expliqué BMCE Capital Global Research (BKGR) dans une récente note.
Cette croissance a été largement portée par la catégorie Takaful Famille, qui a représenté près de 90% de l’activité, ressort-il de ladite note. Cependant, malgré son potentiel, le développement de Takaful nécessite de déployer davantage d’efforts pour diversifier l’offre de produits, compléter l’écosystème participatif, poursuivre l’amélioration de la réglementation et des infrastructures à même de garantir une meilleure rentabilité.
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D’ailleurs, l’offre de Takaful dans les banques participatives a été une composante clé du démarrage de la finance islamique au Maroc. Les produits Takaful Familles, offrant des garanties telles que le décès et l’invalidité absolue, ont été spécifiquement conçus pour les clients des banques participatives. Cela a permis d’attirer une part significative du volume des primes émises vers ces offres, démontrant ainsi la pertinence stratégique de cibler ce segment de marché.
En outre, l’écosystème financier et réglementaire actuel pose des défis à la rentabilité et la visibilité financière à long terme de Takaful, d’autant plus que l’investissement Takaful (épargne) ne représente que 5% du total des primes actuellement, selon BKGR. Le secteur participatif marocain dispose d’un potentiel de croissance de taille qui nécessite, entre autres, une diversification plus accrue des produits et le développement des Sukuk et des fonds d’investissement.