L’ESCA a organisé les 23 et 24 Novembre 2023 le Casablanca Climate Leadership Forum, regroupant une sélection d’éminents acteurs du monde académique, du secteur privé, et des organisations internationales et de la société civile, pour mener un dialogue pluriel sur les stratégies de construction de collaborations synergétiques pour l’action pour le climat en Afrique. À la fin de la 2ème journée, les organisateurs ont lancé l’appel de Casablanca pour le leadership climatique.
Le Casablanca Climate Leadership Forum a consacré sa première journée à la Recherche où des chercheurs de plusieurs pays se sont penchés sur les questions aussi complexes que diversifiées de l’action pour le climat au croisement de différentes disciplines de gestion dans le contexte africain. La seconde journée a fédéré l’ensemble des acteurs autour d’une réflexion audacieuse et novatrice sur les stratégies concrètes à mettre en œuvre par les parties prenantes pour une Afrique durable et résiliente.
Le point culminant des discussions et réflexions menées sur les deux journées est l’Appel de Casablanca pour le Leadership Climatique qui se résume en une vision collective et un engagement sous la forme de Transformation éducative : Nous exhortons les Écoles de Commerce à travers le continent africain à intégrer la durabilité et le leadership climatique dans leurs cursus.
Transformer l’Enseignement du management : Nous appelons les écoles de commerce à travers le continent à intégrer la durabilité et le leadership climatique dans leurs programmes de base. Il ne s’agit pas simplement d’ajouter des cours ; il s’agit d’incorporer la durabilité au sein de la philosophie éducative des institutions, depuis la formation initiale aux programmes de formation exécutive, en passant par les espaces de vie au sein du campus. Nos futurs leaders doivent émerger avec les connaissances et les compétences nécessaires qui leur permettront d’orienter nos industries vers une croissance durable et une prospérité dont les retombées bénéficieraient d’abord aux économies locales Africaines.
Investir dans les stratégies d’adaptation : Si l’importance des efforts d’atténuation tels que la capture du carbone et la production d’énergie propre est de mise, il est urgent d’attirer l’attention sur les stratégies d’adaptation climatique pour l’Afrique. Nous appelons les investisseurs, locaux et internationaux, à canaliser plus de fonds vers ces stratégies qui ne représentent pas uniquement une nécessité mais aussi une opportunité d’innover, de construire des communautés résilientes et de créer des voies de croissance durable pour nos nations.
Le financement des stratégies d’adaptation en Afrique est aussi crucial qu’urgent. Alors que les besoins financiers pour le continent sur la période 2020-2030 s’élèvent à près de 580 milliards de dollars, seulement 22 % de cette somme ont été engagés, laissant un déficit cumulé de 453 milliards de dollars. Les défis liés à la répartition et à l’utilisation des fonds, combinés à ce déficit financier important, exigent des efforts concertés de la part des acteurs internationaux et locaux, y compris les gouvernements, les investisseurs privés et les organisations multilatérales. Face aux coûts immenses de l’adaptation au changement climatique en Afrique, estimés à environ 35 milliards de dollars par an d’ici 2050, il est nécessaire de disposer de professionnels qualifiés capables de mener efficacement des projets d’adaptation.
Ainsi, l’intégration des stratégies d’adaptation climatique dans les programmes éducatifs, dans les pratiques commerciales et dans les politiques publiques est donc cruciale pour garantir une approche complète et durable de la résilience climatique en Afrique.
Collaborer pour des projets de recherche conjoints : Nous appelons les organisations multilatérales, les banques de développement et les institutions financières à collaborer avec les écoles de commerce et institutions académiques pour promouvoir et soutenir le financement de projets de recherche significatifs sur les stratégies d’action climatique. Les thèmes de recherche pourraient s’étendre de l’infrastructure verte et de l’urbanisme durable aux chaînes d’approvisionnement durables, y compris la finance climatique, l’innovation et l’autonomisation communautaire.
Développer des compétences qualifiées pour les emplois d’avenir en Afrique : Avec le potentiel de l’Afrique à devenir une puissance verte, une opportunité significative de création d’emplois émerge dans des secteurs d’avenir tels que les énergies renouvelables, la gestion de l’eau, la technologie verte et les secteurs manufacturiers verts. Les écoles de commerce sont appelées à jouer un rôle crucial dans le développement des compétences managériales et entrepreneuriales requises dans ces domaines. Nous les invitons à collaborer étroitement avec les leaders de l’industrie et les organisations multilatérales pour élaborer des programmes de formation spécialisés axés sur ces secteurs. À titre d’exemple, des partenariats avec des organisations telles que les Nations Unies et la Banque mondiale pourraient enrichir l’apprentissage grâce à des projets concrets, à l’instar de la Grande Muraille Verte.
Combler le gap financier climatique : Étant donné que seulement 10 % des fonds climatiques mondiaux sont alloués à l’Afrique, et que moins de 15 % de l’ensemble de ces fonds sont dirigés vers des projets d’adaptation, les écoles de commerce jouent un rôle crucial dans l’éducation des futurs leaders sur les stratégies et mécanismes de financement climatique efficaces. Les collaborations avec les institutions financières internationales pourraient impliquer le développement d’études de cas et de projets de recherche conjoints afin d’explorer des modèles de financement novateurs pour l’adaptation climatique et la promotion de la croissance verte.
Explorer de nouveaux horizons : Avec la demande croissante d’hydrogène vert à l’échelle mondiale, les pays africains dotés de ressources renouvelables abondantes pourraient devenir des acteurs significatifs sur ce marché. Il existe un réel potentiel que nous pouvons exploiter dans le domaine de l’hydrogène vert. Les écoles de commerce peuvent élaborer des programmes axés sur l’économie et la gestion de la production et de la distribution d’hydrogène vert, en s’alignant sur des agences énergétiques internationales et des entreprises pour capitaliser sur une expérience pratique et des recherches pertinentes.
De même, nous appelons à tirer parti du capital naturel de l’Afrique pour les marchés Carbone. Les écoles de commerce devraient introduire des cours sur l’économie environnementale et le commerce Carbone, en mettant l’accent sur la manière dont les pays africains peuvent monétiser leurs écosystèmes naturels pour la séquestration du carbone et la conservation de la biodiversité. Des projets collaboratifs avec des organisations comme l’Initiative des Forêts d’Afrique Centrale peuvent offrir aux étudiants une expérience pratique dans ce domaine émergent.
Ces résolutions constituent une plateforme sur laquelle les parties prenantes sont appelées à bâtir et enrichir. Le Comité Scientifique du Casablanca Climate Leadership Forum assurera le suivi du bon cheminement de ces résolutions en continuant à fédérer les efforts des parties prenantes autour de projets de collaboration multilatéraux à fort impact pour un continent Africain durable et résiliant.