La création d’un Conseil de l’intelligence artificielle pour l’Afrique a été au centre des discussions lors du Forum africain de la cybersécurité, tenu mardi 4 février à Rabat. Portée par l’Alliance « Smart Africa », cette initiative vise à accompagner les transformations numériques du continent, à stimuler l’innovation et à renforcer la gouvernance des technologies d’intelligence artificielle.
Ce Conseil, qui réunira des décideurs politiques, des acteurs industriels et des experts en IA, aura pour mission de définir des stratégies favorisant l’accélération de l’économie numérique africaine. Selon la ministre déléguée chargée de la Transition numérique et de la Réforme de l’administration, Amal El Fallah Seghrouchni, l’initiative repose sur plusieurs piliers : transformation numérique, infrastructures, compétences, data et marché. Elle a rappelé que le Maroc, grâce à son expertise et à ses infrastructures de « Datacenters », est un acteur clé de cette dynamique.
Le Forum a été l’occasion d’aborder les enjeux liés à la cybersécurité et à la protection des données dans un contexte d’expansion de l’IA.
Industrie du Maroc Magazine a posé trois questions, en toute exclusivité, au président de l’Africa Data Protection, Jules Hervé Yimeumi.
Comment le Conseil de l’IA pour l’Afrique compte-t-il intégrer la cybersécurité dans ses stratégies pour garantir un développement sécurisé de l’intelligence artificielle sur le continent ?
Le Conseil de l’IA pour l’Afrique, soutenu par l’Alliance « Smart Africa », vise à accompagner les transformations numériques du continent en exploitant le potentiel de l’intelligence artificielle pour accélérer la croissance et favoriser une transformation inclusive. Le Conseil aborde la cybersécurité comme un élément essentiel pour garantir un développement sécurisé de l’IA en Afrique. Cela pourrait inclure l’élaboration de cadres de sécurité pour les applications d’IA, la promotion de normes de sécurité et la sensibilisation aux risques associés à l’IA.
Quels mécanismes seront mis en place pour assurer une collaboration efficace entre les États africains afin d’harmoniser les politiques de cybersécurité et de protection des données dans le cadre de ce Conseil ?
L’Alliance « Smart Africa » a adopté une constitution régissant le Réseau africain des autorités de cybersécurité, une initiative visant à relever les défis croissants posés par les cybermenaces et les cybercrimes. Le réseau jouera un rôle essentiel dans la coordination des politiques de cybersécurité, de la législation et de la gestion des menaces dans toute l’Afrique. En renforçant la coopération entre les nations africaines, l’ANCA cherche à lutter contre la cybercriminalité, à favoriser une réponse collective aux menaces émergentes et à défendre les intérêts de l’Afrique en matière de cybersécurité sur la scène mondiale. L’initiative a été fortement soutenue par le Ghana et le Maroc, qui ont joué un rôle déterminant dans son développement. L’ANCA a adopté sa constitution et une feuille de route quinquennale pour guider le développement de la cybersécurité au niveau continental.
Quelles initiatives seront prises pour renforcer les capacités des infrastructures de cybersécurité afin de protéger les données stratégiques de l’Afrique et favoriser un écosystème de confiance pour le développement de l’IA ?
Pour renforcer les capacités des infrastructures de cybersécurité en Afrique et protéger ses données stratégiques tout en favorisant un écosystème de confiance pour le développement de l’intelligence artificielle, plusieurs initiatives peuvent être mises en place. Tout d’abord, il est essentiel d’investir dans des infrastructures technologiques robustes et souveraines, notamment en développant des centres de données locaux et en favorisant l’hébergement sécurisé des données à caractère personnel sur le continent. Ensuite, l’harmonisation des cadres juridiques et réglementaires en matière de cybersécurité à l’échelle régionale et continentale permettrait d’assurer une meilleure coordination entre les États et d’établir des normes de protection des données alignées sur les standards internationaux. De plus, la formation et la sensibilisation des acteurs clés, allant des décideurs politiques aux experts techniques, en passant par les entreprises et les citoyens, sont cruciales pour renforcer la résilience face aux cybermenaces. La mise en place de partenariats public-privé, associant gouvernements, entreprises technologiques et institutions académiques, peut également favoriser l’innovation et le partage d’expertise en cybersécurité et en IA. Enfin, le développement de solutions d’intelligence artificielle éthiques et sécurisées, basées sur des données africaines, contribuerait à établir un climat de confiance propice à l’adoption et à l’essor de ces technologies sur le continent.
Manal Boukhal