Le ton de cette 2ème édition a été donné dès la plénière d’ouverture, où le Secrétaire d’État chargé de l’investissement auprès du ministère de l’industrie, Othman El Ferdaous, a fait en prélude de son allocution, un bref rappel historique de ce qui a précédé cette 4ème révolution industrielle. En véritable pédagogue, il a présenté les différents courants qui ont impacté le monde industriel jusqu’à aujourd’hui et a expliqué à l’assemblée comment le monde est passé du « Fordisme », au « Toyotisme » et plus récemment au « Teslisme », avec des entreprises telles que Tesla ou encore le chinois BYD.

Ainsi, le Secrétaire d’État a commencé par expliquer le concept d’excellence industrielle : « La définition de l’excellence industrielle évolue avec le temps. L’excellence industrielle a été pendant très longtemps associée au fordisme qui faisait la part belle à l’effet d’échelle et aux volumes. Et au Maroc, nous avons justement réussi à offrir cet effet d’échelle tant recherché par les investisseurs. » Othman El Ferdaous a ensuite donné l’exemple du secteur automobile pour illustrer ce passage à l’échelle, en affirmant que le Maroc produit actuellement plus de voiture que l’Afrique du Sud et va bientôt dépasser l’Italie. De plus, les résultats des exportations industrielles ont augmenté de 34% depuis 3 ans, et de 18% en 2108. Cette augmentation provient uniquement du secteur automobile : « Le Maroc commence à avoir une assiette manufacturière qui devient intéressante pour les grands noms mondiaux, et tout cela grâce à une seule usine qui est Renault à Tanger. Dans ce grand mouvement de l’industrie légère qui quitte la Chine et se retrouve en Afrique, le Maroc et l’Ethiopie sont à l’avant-garde sur le continent, » martèle le Secrétaire d’État.

Comme démontré par Othman El Ferdaous, les avancées industrielles du Maroc et sa réussite au passage à l’échelle inscrivent bel est bien le Maroc dans cette première étape et qui est l’ère du Fordisme. L étape qui suit est celle du Toyotisme et qui soutient que l’excellence consiste à faire la chasse au gaspillage. Dans ce sens, le Secrétaire d’État avance : « Dans ce nouveau paradigme de l’excellence industrielle selon Toyoda, le Maroc a fait un certain nombre de progrès, notamment en 2011 quand Sa Majesté a inauguré l’institut INMAA qui a accompagné 340 PME jusqu’en 2017, en leur permettant d’augmenter leur productivité de plus de 40%. Et donc il y a un progrès, qu’il faut soutenir d’avantage en aidant les entreprises à aller vers cette excellence industrielle, et ce en développant le lean management au Maroc et les normes afin de rattraper ce nouvel esprit du Toyotisme. »

Dans la foulée, le Secrétaire d’État a rappelé l’un des principes de base du Toyotisme qui considère l’usine d’abord comme un endroit où on forme des hommes. Là aussi, le Maroc a fait un vrai pari sur le capital humain : « Nous avons dressé un bilan des compétences dont le Royaume aura besoin d’ici 2020 pour l’ensemble des écosystèmes industriels. » Puis, en se basant sur l’exemple du secteur automobile, El Ferdaous a soutenu : « Pour regarder plus précisément l’exemple de l’automobile, qui est un secteur ouvrant la voie dans le domaine de l’industrie mondiale, des chercheurs ont épluché 22 sites d’emplois au Maroc et ont relevé toutes les annonces correspondants au secteur automobile, et ce pour comprendre les types de besoins exprimés par les entreprises. Il en est ressorti que 86% des emplois proposés par le secteur sont des contrats CDI et que 84% sont rémunérés entre 4000 et 8000 Dh. Ce qui veut dire que le secteur automobile au Maroc a produit des emplois de qualité et que nous commençons à monter sur la chaine de valeur ajoutée et notamment en matière de diversification et d’encadrement. »

Toujours en prenant exemple sur le secteur de l’automobile, El Ferdaous confirme que le Maroc a réussit son passage du Fordisme au Toyotisme, avec des usines comme Renault Tanger qui est l’une des usines les plus performantes du groupe dans le monde, ou encore la SOMACA.

Allant au bout de son argumentation, le Secrétaire d’État a enchainé en évoquant la troisième étape et qui est celle du Teslisme expliquant que ce dernier « fait la chasse aux données non exploitées et aux Silo ». Dans ce sens, El Ferdaous a rappelé : « nous entendons souvent parler de transition digitale, ce qui nous donne l’impression que nous passons de l’industrie au digital alors qu’en réalité nous allons du digital pour revenir vers le manufacturier. Et c’est ce que confirme Elon Musk, fondateur du Teslisme et dont l’idée est que l’usine doit fonctionner comme une unité, qu’elle soit modulaire et automatisée. »
L’objectif du Teslisme est donc de créer une plateforme de connexion entre les voilures électriques de façon à ce qu’elles se partagent l’énergie. « Pour le Maroc, si on réussit à faire en sorte que 10 % du parc automobile soit électrique, on pourrait économiser 30 millions de tonnes de CO2, ce qui est intéressant. Aujourd’hui, 37% de l’énergie utilisée au Maroc est d’origine renouvelable et le Royaume entend passer à 52%, et c’est justement ce qui a motivé des géants de l’automobile électrique comme BYD à faire le pari sur un pays comme le Maroc où il y a une opportunité d’intégrer verticalement la chaine de valeur automobile, en partant de la batterie automobile vers le renouvelable et en arrivant à l’automobile électrique ».

En matière d’industrie 4.0, le Secrétaire d’État a affirmé que le Maroc a commencé à planifier ce virage vers le digital et voir comment les synergies peuvent être adaptées entre la stratégie digitale et le Plan d’Accélération Industrielle : « Pour commencer, l’infrastructure et en particulier le plan haut débit et très haut débit lancé par l’ANRT sera renforcé. Nous sommes en train de travailler sur ce plan pour commencer le réaménagement des bandes de fréquence pour faire place à la 5G qui est une avancée essentiellement pour l’internet des objets. »

En outre, dans la perspective de cette convergence entre la stratégie digitale et le PAI, El Ferdaous a mis l’accent en premier lieu sur la reforme de la charte d’investissement. Cette dernière a été mise à jour et rajoute désormais à ses priorités l’industrie, le digital et entrepreneuriat. Aussi, la nouvelle charte entend encourager les entreprises marocaines et en particulier les PME à se mettre sur la voie du digital, en accordant la place à l’Intelligence Artificielle et au Big Data. Et à ce titre, le Secrétaire d’État a été clair : « Vous n’irez, nulle part si cous ne possédez pas de Datas. Et le problème de la Data au Maroc, c’est que nous n’avons pas l’habitude d’échanger les données entre le secteur publique et le privé, et vice versa ». Justement cette charte a été mise en place pour résoudre cette problématique et aller vers de nouveaux modèles économiques qui permettent un plus grand partage de données en toute confiance et dans le sens de la protection des citoyens.

En matière d’Open Innovation, « le Maroc doit mettre en place les éléments réglementaires et législatifs pour permettre aux startups et aux grandes entreprises industrielles de travailler ensemble. Ceci est une condition sinequanone pour passer au Teslisme », renchérit Othman El Ferdaous.
Pour clôturer son riche exposé, le Secrétaire d’État a également rappelé la feuille de route de l’Agence de développement du digital (ADD), en citant trois points clé sur lesquelles elle se focalise à savoir : le plan haut et très haut débit, la Smart Factory et dans ce sens l’Agence a lancé une enquête pertinente d’expression de besoins pour comprendre où en sont les entreprises marocaines dans leur processus de digitalisation et mesurer l’appétence de chaque secteur pour la fonction digitale et en fonction de cela designer l’offre de la Smart Factory pour les PME, mais surtout cette étude permettra de déterminer les écosystèmes. Enfin, le troisième point de la feuille de route de l’ADD consiste en la génération digitale dans le but de former 500 000 jeunes aux métiers du digital, vu que le capital humain constitue la base du Toyotisme.

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