Le président du conseil général du développement agricole (CGDA), Mohamed Ait Kadi, a souligné la nécessité de mettre en place une approche holistique du secteur de l’eau, dans la région MENA, qui soit « durable » sur le plan économique, social et environnemental.

Intervenant lors d’un webinaire organisé, récemment, par le Policy Center for the New South (PCNS) sous le thème « Rareté des ressources en eau: Un même défi, mais des réponses différentes » M. Ait Kadi a relevé que le défi de l’eau est porteur de nombreuses incertitudes et le changement climatique constitue un multiplicateur de menaces, d’où la nécessité de mettre en place une approche holistique.

Au-delà de cette approche, le président du CGDA a expliqué comment le commerce international pouvait être un élément majeur dans la gestion de la répartition géographique inégale de l’eau et la réalisation de la sécurité hydrique et alimentaire pour tous.

En prenant le cas du Maroc comme exemple intéressant de politiques de gestion de l’eau, principalement dans le secteur agricole, M. Ait Kadi a soulevé un certain nombre de questions stratégiques qu’il a ensuite conceptualisées dans un diagramme illustrant le lien entre l’eau, l’agriculture et le commerce, notant dans ce sens, l’importance de procéder à une estimation correcte du défi multidimensionnel que représente aujourd’hui la rareté de l’eau et de prendre en compte la corrélation entre ces dimensions, comme étape cruciale d’une conception et d’une mise en œuvre efficaces des politiques.

Pour sa part, Josefa Leonel Correia Sacko, agronome africaine et Commissaire chargée de l’Agriculture, du développement rural, de l’économie bleue et de l’environnement durable de la Commission de l’Union africaine, a dans un premier temps souligné l’importance de l’eau en tant qu’ »élément vital pour notre survie et nos écosystèmes et en tant qu’intrant essentiel dans la plupart des secteurs que l’Afrique développe pour atteindre les objectifs de l’Agenda 2063″.

Elle a, en outre dressé un bilan des ressources en eau sur le continent en analysant la variabilité du climat qui exacerbe la rareté de la ressource, expliquant à cet effet, que le manque d’eau en Afrique est également aggravé par l’insuffisance des infrastructures, les investissements limités dans le secteur et le fait que cette question ne constitue pas une priorité dans la plupart des pays.

Mme Correia Sacko a, par ailleurs, appelé les dirigeants politiques et les nouvelles générations à s’engager en faveur d’une utilisation et d’une gestion équitable et durable des ressources en eau, grâce à une coopération efficace et aux technologies modernes.

De son côté, Alexandru Cosmin Buteica, spécialiste de l’approvisionnement en eau et de l’assainissement auprès de la Banque mondiale, a aiguillé la discussion sur les différentes possibilités d’aborder la question de la pénurie d’eau dans les années à venir.

Il s’est rallié aux points de vue précédemment exprimés sur la question, lesquels font ressortir que l’eau est un vecteur reliant toutes les industries, faisant de la gestion intégrée des ressources en eau la clé de la sécurité hydrique.

M. Cosmin Buteica a, à cet égard, présenté les grandes lignes d’un ensemble de solutions à envisager dans ce contexte, notamment la promotion d’une nouvelle perspective pour les eaux usées qui représentent une opportunité susceptibles d’aider à mieux répondre à la question de la sécurité hydrique dans la région, dans la mesure où elles contiennent des ressources précieuses et sont potentiellement sources d’énergie.

Une autre solution potentielle évoquée par l’expert est liée au stockage de l’eau grâce à la réalisation de projets d’infrastructures vertes qui contribuent à la réalisation des objectifs de développement, notamment la sécurité hydrique, l’établissement de systèmes naturels résistant au changement climatique et un approvisionnement en eau plus propre à plus fiable.

Dans le même sillage, Rabi Mohtar, Senior Fellow au Policy Center for the New South, a axé son intervention sur la nécessité de ne pas accuser le secteur agricole de stocker toutes les ressources, dans la mesure où il est le fondement de l’économie, de la stabilité sociale et de la résilience en matière de sécurité alimentaire.

Il a expliqué que l’élaboration d’un plan de gestion de l’eau pour la région devait faire l’objet d’une discussion, d’une délibération et d’une convergence avec de multiples secteurs qui dépassent largement le cadre de l’eau, comme l’industrie, l’énergie et les autres secteurs qui bénéficient également des ressources en eau.

M. Mohtar a ensuite souligné l’importance de l’eau pour les sols nourriciers, appelant à la nécessité de reconnaître que des sols sains sont essentiels à cette relation entre l’eau et la nourriture et qu’il en est rarement fait état dans les délibérations des experts en eau.

Il a, également, insisté sur l’importance de fournir des données scientifiques appropriées aux décideurs afin de leur permettre d’élaborer des politiques plus efficaces dans ce domaine.

Pour Guy Jobbins, directeur d’Astande, la promesse des technologies pour faire face aux défis croissants de l’insécurité hydrique dans le monde, mais aussi et surtout dans la région MENA, est limitée par deux questions, la première est liée à la nature des technologies, où elles sont appliquées et aux types de technologies disponibles, tandis que la seconde concerne le rôle de l’eau dans la prise de décision politique, dans une perspective d’économie politique.

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