L’économie marocaine devrait accélérer en 2025, avec un taux de croissance du PIB révisé à 5,0 %, selon un rapport récent de BMI, une société de recherche multinationale britannique et filiale de Fitch Solutions. Cette dynamique sera essentiellement portée par un secteur non agricole robuste, stimulé par une politique monétaire accommodante et d’importants flux d’investissements directs étrangers (IDE). Toutefois, la faiblesse attendue de la production agricole viendra freiner cet essor.
Selon BMI, l’investissement apparaît comme l’un des principaux leviers de la croissance marocaine en 2025. La Banque centrale, Bank Al-Maghrib, devrait poursuivre une politique monétaire accommodante en abaissant son taux directeur de 25 points de base supplémentaires, le ramenant ainsi à 2,25 % d’ici la fin de l’année. Cette mesure vise à encourager les emprunts et à dynamiser l’investissement privé, notamment dans les secteurs stratégiques que sont l’automobile, l’aéronautique et les énergies renouvelables.
En parallèle, les flux d’IDE continuent d’affluer vers le Maroc, attirés par un environnement des affaires favorable et des infrastructures en plein développement, notamment en prévision de la Coupe du Monde 2030, coorganisée avec l’Espagne et le Portugal. En 2024, ces investissements étrangers ont enregistré une hausse de 55,4 % en glissement annuel, un signal fort de la confiance des investisseurs internationaux.
Une consommation privée résistante grâce à des politiques de soutien
Malgré un taux de chômage élevé, la consommation privée devrait rester un pilier essentiel de la croissance en 2025. BMI identifie trois facteurs soutenant cette dynamique. D’abord, la politique budgétaire expansionniste du gouvernement, marquée par une augmentation de 11,5 % des dépenses de personnel, notamment des salaires du secteur public.
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Ensuite, une inflation relativement basse, estimée à 1,6 %, permettant de préserver le pouvoir d’achat des ménages. Enfin, les transferts de fonds des Marocains résidant à l’étranger, en grande partie basés en Europe, devraient rester stables et continuer à soutenir la demande intérieure.
Le secteur agricole, maillon faible de la croissance
Toutefois, BMI met en garde contre les performances attendues du secteur agricole, qui emploie près de 30 % de la population active. Ce dernier devrait enregistrer une production inférieure aux moyennes historiques en raison de conditions météorologiques défavorables. Cette faiblesse pourrait maintenir un taux de chômage élevé, estimé à 13,3 % à la fin de 2024, limitant ainsi la progression des revenus des ménages et de leur pouvoir d’achat.
Une contribution des exportations proche de l’équilibre
La contribution des exportations à la croissance devrait rester modérée en 2025, selon BMI. La croissance économique en Europe, principal partenaire commercial du Maroc, devrait légèrement progresser de 1,3 % en 2024 à 1,5 % en 2025, soutenant ainsi la demande en produits marocains. En revanche, la faible production agricole limitera les exportations du secteur, tandis que les importations agricoles augmenteront pour compenser le déficit de production locale.
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Le tourisme constituera un facteur de résilience, avec des prévisions en hausse grâce à l’organisation de la Coupe d’Afrique des Nations (CAN) en décembre 2025. Le nombre de visiteurs devrait ainsi passer de 16,8 millions en 2024 à 17,8 millions en 2025, renforçant les recettes liées aux services.
Des risques à surveiller
BMI souligne plusieurs risques pouvant affecter la trajectoire de croissance du Maroc en 2025. Une dégradation plus marquée du secteur agricole pourrait aggraver le taux de chômage et accroître les besoins en importations. Par ailleurs, les tensions géopolitiques, notamment entre Israël et l’Iran, pourraient faire grimper les prix de l’énergie, pesant ainsi sur l’inflation et la consommation. Enfin, une croissance plus faible qu’attendu en Europe, en raison des politiques commerciales américaines, pourrait réduire la demande pour les exportations marocaines, en particulier dans les secteurs automobile et textile.
D’après BMI, l’économie marocaine devrait connaître une croissance solide en 2025, portée par un secteur non agricole dynamique et des politiques favorisant l’investissement et la consommation. Toutefois, la fragilité du secteur agricole et un taux de chômage élevé resteront des points de vigilance. Si les investissements étrangers et le tourisme devraient continuer à soutenir l’économie, la prudence reste de mise face aux risques exogènes susceptibles d’affecter cette trajectoire encourageante.