Depuis deux décennies, l’industrie aéronautique marocaine connaît une ascension remarquable, passant d’un secteur émergent à une référence africaine et mondiale. Dans cet entretien exclusif, Hamid Benbrahim El Andaloussi, président de Midparc et figure emblématique de ce secteur, revient sur les étapes fondatrices, les défis surmontés, et les perspectives prometteuses d’une industrie qui allie compétitivité, innovation et durabilité.

Vous êtes un acteur majeur dans l’émergence et le développement de l’industrie aéronautique au Maroc. Pouvez-vous nous retracer les étapes majeures de cette évolution depuis le début des années 2000 ?

Effectivement, le secteur de l’industrie aéronautique au Maroc a émergé avec l’accession de notre souverain actuel au trône de ses glorieux ancêtres. Cette émergence et ce développement ont été légitimés par la qualité opérationnelle de Royal Air Maroc (RAM), qui a été connue historiquement pour sa qualité opérationnelle, que ce soit au niveau technique ou au niveau du pilotage. Elle a créé la confiance dans des acteurs majeurs de l’industrie aéronautique comme Boeing et comme Snecma à l’époque, aujourd’hui Safran.

Et le point de départ, c’était incontestablement au début des années 2000, une usine dans le domaine des systèmes électriques et un centre d’entretien moteur, le centre d’entretien moteur avec Snecma (Safran) et l’usine dans les systèmes électriques avec Snecma, Boeing et Royal Air Maroc. C’était le point de départ de l’aventure aéronautique. Depuis, le Maroc a attiré des acteurs majeurs, que ce soit américains, canadiens et français.

Dans le domaine de la construction, il a attiré un certain nombre d’écosystèmes et nous sommes passés progressivement des systèmes électriques qui se situent au niveau bas de l’échelle des valeurs, aux moteurs d’avion. Les dernières implantations au Maroc datent de l’année dernière dans le domaine de la fabrication des pièces moteur. Et le moteur, aujourd’hui, c’est le haut de gamme de l’activité aéronautique, c’est le cœur de la transformation future de notre industrie.

Aujourd’hui, 25 ans après l’émergence de ce secteur, nous sommes devenus la base la plus compétitive, la plus qualitative avec une forte montée en compétences à la porte de l’Europe et la première en Afrique.

Quels ont été les principaux défis rencontrés lors de la mise en place de cet écosystème industriel et comment ont-ils été surmontés ?

Probablement les deux mesures phares sont des mesures de rupture qui ont permis de répondre aux besoins des industriels à l’étranger. Parce que les industriels ont des carnets de commandes pleins pour les prochaines années.

Ils ont la technologie, ils ont le savoir-faire, ils ont l’innovation. Ils ont besoin d’être plus compétitifs dans une industrie très, très fortement compétitive, une industrie globale. Et dans cette compétitivité, nous apportons les solutions qu’il faut, aujourd’hui, par la création de l’IMA, qui constitue la Fabrique des compétences, qui répond aux besoins en talents.

Sachant qu’aujourd’hui, il y a une très forte pression sur les talents un peu partout dans les pays occidentaux. Et nous avons apporté aussi une deuxième mesure capitale phare qui est Midparc. Le Midparc, c’est le business model développé avec la Caisse de dépôt et de gestion pour permettre à des industriels de répondre aux besoins d’industriels, de s’implanter rapidement dans les meilleures conditions de temps, de coût et de qualité.

S’il s’agit de petites sociétés, c’est Midparc qui construit et qui loue dans le cadre d’un contrat de longue durée. Et s’il s’agit d’une grande société, c’est la société qui acquiert le terrain, et Midparc l’accompagne dans la construction.

Donc nous avons pu répondre aux besoins des industriels en termes en leur apportant des solutions dans le domaine des talents et dans le domaine de la capacité de s’implanter le plus rapidement possible, dans les meilleures conditions de qualité.

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Il est vrai que dans ce secteur où les carnets de commandes sont archi-pleins pour les 8-10 prochaines années, la supply chain aujourd’hui, surtout après la Covid, a eu des difficultés pour répondre aux besoins de montée en cadence des constructeurs d’avions et de moteurs.

Ils ont aussi des problèmes financiers. Ils mettent du temps pour se décider à venir dans un pays comme le Maroc pour gagner en compétitivité. Mais quand ils arrivent, ils ont besoin d’avoir à la limite leur atelier hier. Très rapidement. Donc nous avons développé un business model qui leur permet déjà de travailler dans un atelier provisoire, à MIDPARC évidemment. Et pendant ce temps-là, nous allons leur construire l’atelier qui répond à leurs besoins.

Et nous le faisons dans des conditions de temps relativement record. Un atelier de 1200-1300 mètres carrés, en 10 mois, on arrive à le construire. Et ça, c’est quand même important parce que le modèle qui est développé, avec la relation avec la CDG et MEDZ, nous permet de contrôler l’ensemble des éléments ici localement, au niveau du MIDPARC, pour répondre rapidement aux besoins des industriels.

Le Maroc est passé de 4 entreprises aéronautiques à 150 en moins de 25 ans, pour devenir la 1ère base aéronautique et de loin en Afrique. Quels facteurs ont favorisé cette croissance exponentielle ?

Ce qui est intéressant à noter, c’est qu’en l’espace d’un quart de siècle, nous avons connu une montée quantitative en nombre d’entreprises installées, avec les acteurs les plus importants, Boeing, Pratt & Whitney dans les moteurs ; Safran, Thales, Hexcel dans le domaine des composites.

Nous avons aussi connu une montée en compétences, en valeurs ajoutées. C’est-à-dire que les sociétés qui ont initialement installé une filiale au Maroc et dialogué verticalement maison mère, maison fille, pour améliorer leur productivité, leur coût en jouant sur le coût main d’oeuvre, de plus en plus, les filiales de ces sociétés, grâce à l’écosystème Maroc, se sont enrichies en termes de valeurs ajoutées locales. Ce qui fait qu’aujourd’hui, la base aéronautique Maroc, non seulement elle a un nombre d’acteurs majeurs important de l’ordre de 250, mais aussi en termes de valeurs ajoutées locales, on est à plus de 40%.

L’autre élément important, c’est que cette base est une base qui comprend plus de 40% de femmes qui travaillent dans ce secteur, ce qui est un record par rapport aux objectifs du nouveau modèle développement marocain. Nous sommes déjà au-delà des objectifs que s’assigne ce modèle pour 2030. Ce qui est intéressant, c’est l’avenir.

Comment évaluez-vous l’impact des politiques gouvernementales, telles que le Plan d’Accélération Industrielle, sur le développement du secteur ?

Il est clair que le gouvernement a accompagné ce secteur, depuis son émergence. Il est clair aussi que le gouvernement a permis des mesures phares qui sont en même temps des ruptures. Sans ces ruptures, on ne serait pas là.

Parmi ces ruptures, le fait de créer l’IMA, l’Institut des métiers de l’aéronautique, parce que l’IMA ne relève pas du système classique de formation professionnelle. C’est un institut monté par les industriels et financé par l’État. Donc il y a une relation.

Ce sont les industriels qui ont développé un modèle de formation au standard mondial. Le gouvernement a aussi accompagné, en facilitant la création, avec la Caisse de dépôt et de gestion, de Midparc. Et nous sommes ici dans un espace où il y a, et Midparc et l’IMA, la fabrique des compétences.

Évidemment, le plan émergence et les différents plans d’accélération industrielle accordent un certain nombre de facilités pour les industriels qui s’implantent. Mais encore une fois, ces subventions, ces facilités, sont ce qu’on appelle one shot, un seul coup. Ce n’est pas ça qui assure la durée et la compétitivité durable.

Par contre, tout ce qui concerne la qualité des ressources, la qualité des talents, la capacité du dévouement de nos jeunes, c’est ça notre point fort. Et c’est ça qui fait notre réussite. Ce sont les 22-24 000 jeunes qui aujourd’hui travaillent dans ce secteur, qui attirent, parce qu’ils sont dédiés.

Ce sont des jeunes de valeur à qui l’IMA a donné des skills techniques, des compétences techniques, mais aussi les valeurs qui sont nécessaires dans ce métier.

Avec des exportations atteignant 23 milliards de dirhams en 2023, soit une multiplication par trois en dix ans, quelles sont les ambitions du Maroc pour les prochaines années en matière d’aéronautique ?

Ce qu’il faut savoir, c’est qu’aujourd’hui, avec 150 entreprises, dans des écosystèmes moteurs, des écosystèmes composites, dans différentes activités d’assemblage, le Maroc est devenu une base, par sa qualité et par sa montée en compétences, incontournable à la porte de l’Europe. Et j’ai tendance à dire que le meilleur est à venir.

Aujourd’hui, on constate une accélération des demandes d’implantation au Maroc. Pour une année comme 2025, on fera pratiquement 2,5 à 3 fois le nombre d’implantations qu’on fait en une année normale. Il y a aujourd’hui une accélération d’implantation au Maroc.

Il y a une diversification des marchés, puisque nous avons reçu cette année la première société espagnole qui s’implante au Maroc, la première société allemande qui s’implante au Maroc, la première société suédoise au Maroc, la première société indienne, et ça va s’accélérer encore plus. Ce qui est important, c’est qu’on est avec Pratt & Whitney, pour qui on construit une usine aujourd’hui. Le meilleur est à venir.

Nos prévisions, c’est que d’ici 2030, on aura dépassé largement les 4,5 milliards de dollars à l’exploitation, avec un taux d’intégration de 40-42%, et plus de 40 000 emplois hautement qualifiés. Et ce qui est intéressant, c’est que nous nous situons aujourd’hui dans La transformation, dans la rupture technologique de cette industrie aéronautique. Et l’industrie aéronautique a comme challenge d’atteindre zéro émission en l’an 2050.

Ce challenge est lié à la capacité de la propulsion de passer à des énergies décarbonées, bio, dans un premier temps, et hydrogènes, d’ici 2045-2050. Et nous pensons que d’ici là, on aura consolidé au moins 40% de valeur ajoutée locale et 40% d’intégration féminine dans ce secteur. Bien sûr que c’est très intéressant.

Quels segments de la chaîne de valeur aéronautique le Maroc cherche-t-il à développer davantage pour augmenter la valeur ajoutée locale ?

Ce qui est clair aujourd’hui, c’est que, si nous regardons le marché global aéronautique dans le monde, sur les 20 prochaines années, nous sommes dans un marché qui représente 8 000 milliards de dollars. La moitié de ce pactole, c’est la construction aéronautique, 46 000 avions, et l’autre moitié, c’est les services. Le constat qu’on peut faire aujourd’hui, c’est qu’autant notre performance est excellente dans le domaine de la fabrication des pièces d’avion, ce qu’on appelle le manufacturing, autant notre performance est faible dans le domaine des services.

C’est quoi les services ? Les services, c’est tout ce qui concerne l’entretien des avions, les grandes visites, les réparations d’avions, les équipements et les moteurs, les modifications et les transformations d’avions. Aujourd’hui, je dirais que notre performance est relativement faible dans ce domaine, mais on est en train de rattraper. Nous avons signé, notamment avec Safran, lors du salon de Marrakech, il y a une dizaine de jours, un accord important, structurant et stratégique par lequel Safran implante, ici, à Midparc, un centre d’entretien moteur pour le LEAP.

Le moteur LEAP, c’est celui qui équipe la famille des Airbus 320 Neo, la famille des 737 Max et le chinois le Comac. C’est le moteur le plus populaire, le plus vendu, c’est la Joint-Venture entre Safran et General Electrique. Et ce projet est important.

Nous estimons que l’un des domaines dans lesquels on doit améliorer notre performance, et nous travaillons dessus, c’est sur le domaine des services aéronautiques. Et nous sommes en plein là-dedans aujourd’hui.

La formation et le développement des compétences locales sont cruciaux. Comment Midparc et l’Institut des Métiers de l’Aéronautique (IMA) contribuent-ils à répondre aux besoins en main-d’œuvre qualifiée ?

L’IMA est incontestablement un modèle innovant de formation entre l’Etat et les industriels. Puisque l’IMA d’abord elle embauche ou sélectionne, en partenariat avec les industriels qui s’implantent, après leur avoir apporté les candidats qui correspondent aux profils qui sont demandés, et puis la formation se fait par alternance. Une partie au sein de L’IMA et l’autre partie au niveau des industriels.

Et l’IMA adapte. Elle a des cours standards, mais elle adapte aussi sa formation en fonction des besoins et des exigences des industriels. Ce partenariat est excellent parce que c’est de la formation que j’appelle du sur-mesure, à la carte. L’autre élément important, c’est que l’IMA répond aussi aux besoins de formation continue, parce que la montée en compétences veut dire que ce que fait une usine au démarrage, 4 ans, 5 ans après, elle va monter en termes d’exigences et de compétences et elle va faire des produits de valeur ajoutée plus élevée.

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Donc il y a une symbiose, une communication permanente entre l’institut qui forme et la société qui emploie. Et c’est très important en plus parce que cette formation à la carte permet de fidéliser aussi les collaborateurs. Cette formation est une vis sans fin qui répond aux besoins des industriels et aux besoins de montée en compétences. Et cela tire aussi le secteur aéronautique vers le haut.

Le Maroc a-t-il absolument besoin de ramener ses talents déjà immigrés à l’étranger ?

C’est un large débat. Vous avez l’école qui dit que nous formons des talents et nous payons pour leur formation. Puis après, ils quittent le pays et d’autres qui vous disent dans un monde global, avec la circulation des hommes et des biens, vous ne pouvez pas retenir les talents. Vous ne pouvez pas les empêcher les gens d’améliorer leur situation. Moi ce que j’ai envie de dire c’est que notre ressource première ce sont nos jeunes, ce sont nos talents. Il faut arriver à former qualitativement et quantitativement pour nous et pour l’étranger. Si je prends le cas particulier de notre industrie, je sais qu’aujourd’hui dans le domaine des services, dans le domaine de l’entretien des avions, pour les 10 prochaines années, il y aura un besoin d’un million de jeunes. Et avec nos jeunes, ceux qui sont déjà formés, et qui sont dans des ateliers de la RAM ou des ateliers du centre d’entretien moteur, il y a une pression, une demande pour eux à l’étranger.

Et ils améliorent considérablement leur situation à l’étranger. Alors qu’est-ce qu’il faut faire ? Il faut un système qui puisse former pour nous et pour l’export. Et puis, il faut aussi voir avec ceux qui débauchent à l’étranger nos collaborateurs, nos jeunes, la capacité de faire payer cette formation.

Mais vous ne pouvez pas fermer les portes. Surtout dans des domaines complexes. Et incontestablement, on ne pourra pas apporter une réponse complète à cette problématique, au moins dans le domaine de l’aéronautique.

La seule chose à faire, c’est qu’il faut prendre conscience que pour continuer à accompagner le développement de ce secteur dans le domaine de la fabrication, mais aussi dans le domaine des services, parce que les services, c’est des techniciens d’entretien essentiellement, il faut une volonté d’abord et ensuite mettre en place les moyens qu’il faut pour avoir des formations, que ce soit dans le domaine de la fabrication des avions ou dans le domaine de la maintenance, l’entretien et modification, et la transformation. Ce sont deux secteurs différents de formation, mais avoir la meilleure offre possible au Maroc en termes de formation en quantité et en qualité pour répondre à nos besoins et pour répondre à ceux qui partent à l’étranger.

Face aux enjeux environnementaux, comment le secteur aéronautique marocain s’adapte-t-il aux nouvelles normes écologiques et aux innovations technologiques ?

Il est clair que nous avons devant nous un challenge gigantesque, celui de l’obligation pour le secteur du transport aérien d’émettre zéro carbone à l’horizon 2050. Et cet enjeu-là intègre aussi la construction aéronautique, ce qui fait que notre objectif, dans un monde parfait, c’est d’arriver à ce que tout ce qui se construit au Maroc, le soit avec une énergie complètement décarbonée.

D’abord, au niveau des usines, un certain nombre d’usines, de plus en plus, ont une partie de consommation auto-décarbonée avec des plaques solaires. Mais l’enjeu le plus important pour nous et sur lequel nous travaillons, c’est que Midparc, qui est le parc aéronautique de référence, ait son énergie complètement décarbonée. Nous sommes en train de travailler avec les acteurs concernés, avec l’ONEE, avec l’associé de distribution, ici à Casablanca, à Nouaceur, avec les ministères pour que, nous espérons, à l’horizon décembre 2025, janvier 2026, le parc soit servi par de l’énergie entièrement décarbonée.

Lors du Marrakech Air Show 2024, plusieurs accords ont été signés, notamment avec Embraer, Boeing et Safran. Quels impacts immédiats et à long terme ces partenariats auront-ils sur l’industrie aéronautique marocaine ?

J’ai tendance à dire que cette édition de Marrakech Air Show est incontestablement d’un très haut niveau qualitatif, et elle inscrit ce Marrakech Air Show dans le cadre des manifestations équivalentes dans le monde. On est à un niveau d’intervention élevé. C’est de loin la meilleure édition et elle est incontestablement d’un très haut niveau de qualité. On est dans la cour des grands aujourd’hui. Elle coïncide avec ce qu’on pourrait appeler le passage à une deuxième phase de l’aéronautique au Maroc. La première phase, on l’a évoquée, les 25 dernières années où nous avons pu attirer un certain nombre d’acteurs majeurs, les plus importants probablement, monter en valeur nos compétences avec 150 sociétés.

Cette deuxième phase aujourd’hui, vise à aller plus loin, plus vite en attirant le maximum d’industriels. En 2026, on a 2-3 fois plus d’implantations qu’en temps normal. Aller plus haut en termes de valeur ajoutée et de nouveaux écosystèmes dans des domaines importants pour la transition technologique comme les composites qui permettent de réduire le poids des avions, donc de consommer moins, comme les moteurs. Attirer de nouvelles industries, comme la défense. Plus clean, moins polluant, et rentrer dans d’autres domaines de l’aéronautique, notamment les services. Il est incontestable qu’au salon de Marrakech, il y a trois accords phares qui ont été signés à la séance d’ouverture. Un accord avec Safran pour développer un centre stratégique et structurant pour le Maroc dans le domaine des moteurs LEAP.

Un deuxième accord a été signé entre l’université polytechnique UM6P et Boeing dans l’ingénierie, c’est important, essentiel. On est dans le haut de la pyramide des valeurs. Et le troisième accord, aussi intéressant et significatif, c’est l’accord avec Embraer pour créer tout un écosystème Embraer. Ce qui est intéressant, c’est qu’un tel accord s’inscrit incontestablement dans le cadre de l’initiative du nôtre souverain, l’initiative Atlantique de communication et de connectivité entre la rive Atlantique américaine et la rive Atlantique africaine.

Et c’est intéressant que des pays comme le Maroc et le Brésil, parce que c’est un avion brésilien, collaborent dans un domaine de l’industrie aéronautique. Donc s’il y a une conclusion à tirer en ce qui concerne Marrakech Air Show, je dirais qu’il coïncide avec une nouvelle ère de l’industrie aéronautique qui est plus qualitative, plus propre, qui est de nature à attirer d’autres industries, notamment la défense, et qui a mon sens, s’inscrit dans le cadre de la Lettre Royale de mars 2023 et qui nous convient à une nouvelle ère de l’industrie. Nous sommes exactement dans cette nouvelle ère.

Quid des talents marocains expatriés ? Est-il indispensable de les rapatrier, comme certains le suggèrent ?

Il est incontestable que, quand on a réussi dans le domaine de l’industrie aéronautique, on peut attirer d’autres industries qui sont d’un niveau technologique similaire, sinon inférieur. Et incontestablement, aujourd’hui, on est en train d’initier une industrie dans le domaine de la défense.

Maintenant, nous sommes dans un monde où les budgets de défense explosent. Il y a une très forte pression sur les sociétés industrielles dans ce domaine. Il y a des régions de monde où les carnets de commandes sont archi-pleins et les coûts sont élevés. Et incontestablement, notre pays aujourd’hui, qui s’équipe au niveau de la défense, conclut des accords de compensation industrielle avec un certain nombre d’industriels étrangers et qui les obligent à mettre en place au Maroc une partie de leur activité.

Et progressivement, on se rend compte, que ces industriels se rendent compte que le Maroc peut être non seulement une base de sous-traitance pour répondre aux exigences qu’ils ont avec l’État, dans le cadre du contrat, mais aussi que le Maroc peut être une base de production pour eux, surtout qu’ils sont débordés au niveau des commandes, parce qu’ils ont des coûts élevés, et souvent, certains ont un manque d’effectifs, ont un manque de talent. Incontestablement, vous allez voir émerger très rapidement, et c’est en cours, une industrie de défense nationale.

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