La ville de Marrakech a accueilli la seconde édition de la Conférence internationale du sucre les 22 & 23 février 2017, organisée conjointement par l’Association professionnelle sucrière marocaine APS en partenariat avec l’Organisation internationale du sucre ISO, sous la thématique «Une filière sucrière africaine intégrée et compétitive : rêve ou réalité?». Décryptage…
La COP22 est manifestement toujours dans les esprits. Le Secrétaire général du ministère de l’Agri- culture et de la Pêche maritime a procédé à l’ou- verture officielle de la conférence et a commencé son discours par un rappel du contexte dans lequel se déroule cet événement qui intervient en marge de la précédente COP22, qui a été marquée par le lancement de l’initiative pour l’Adaptation de l’Agriculture Africaine «Triple A» visant la réduction
2016 : un bilan fructueux
Mohamed Sadiki a affirmé que le bilan de l’année 2016 est plus que positif, «d’abord marqué par des résultats exceptionnels de la campagne agricole qui a permis une couverture des besoins nationaux de 50% et l’amélioration sensible des performances dans une logique de création de valeurs partagées : hausse de la productivité, hausse du rendement du sucre à l’hectare, amélioration des revenus des agri- culteurs. Les attentes du Contrat Programme, signé dans le cadre du Plan Maroc vert, sont réalisées et nous sommes confiants dans la réalisation des objec- tifs fixés à l’horizon 2020. Ainsi en 2016, la production de sucre blanc à partir des plantes sucrières locales à savoir la canne à sucre et la betterave a enregistré des résultats très positifs. Elle a atteint 607 000 tonnes, soit un taux de couverture de 50% contre 30% pour la période 2010-2014».réorganisation de la filière sucrière marocaine :
La filière sucrière marocaine a opéré des réformes de taille ces dernières années dont la première étape a été sa réorganisation. Ainsi, la Fédération interpro- fessionnelle marocaine du sucre (FIMASUCRE) a été créée en juin 2007 pour regrouper les acteurs agri- coles et industriels de la filière représentés par les Associations des producteurs des plantes sucrières et leur union et les sociétés sucrières représentées par l’Association professionnelle sucrière.
Dans ce sens, un contrat programme avait été conclu pour la période 2008-2013 entre le Gouvernement, représenté par le ministère de l’Agriculture et de la Pêche maritime, le ministère de l’Industrie, du Com- merce, de l’Investissement et de l’Économie numé- rique, et le ministère des Affaires générales et de la Gouvernance et la FIMASUCRE, il s’agit du Plan Ma- roc vert, dont l’objectif principal est l’amélioration du taux de couverture des besoins de consommation par la production locale.
Toujours dans cette logique d’accompagnement de l’évolution de la production agricole et de la moder- nisation des sucreries et de la raffinerie, 7,5 milliards de dirhams ont été investis dans la modernisation de l’outil industriel (raffinerie et sucreries).
La proposition du Maroc : constitution d’un réseau sucrier international
Le Secrétaire général du ministère de l’Agriculture et de la Pêche maritime a également cité la proposi- tion du Maroc faite en 2016, lors de la 50e session du Conseil de l’OIS à Londres, visant la constitution d’un réseau international sur les changements cli- matiques dans les filières sucrières dont le but est de constituer un réseau de concertation et de partage pour échanger autour des stratégies mises en œuvre pour la lutte contre les effets des changements cli- matiques. Il a invité, par la même, les pays membres de l’OIS à appuyer cette initiative et à s’inscrire dans cette démarche vertueuse.
Ensuite, c’est le président directeur général de la COSUMAR qui a pris la parole pour établir un état des lieux du marché sucrier africain. «La production sucrière africaine représente 10,3 millions de tonnes soit 6% de la production mondiale alors que les be- soins en sucre du continent s’élèvent à 18 millions de tonnes. Bien qu’occupant une modeste position dans l’échiquier mondial, la filière sucrière africaine contri- bue au développement de tissu socio-économique des régions et au développement des écosystèmes connexes», a-t-il affirmé.
Vers une autosuffisance du continent africain en sucre :
Le président directeur général de la COSUMAR a abordé la question africaine en termes de besoins en sucre. «Cet évènement intervient à un moment où le continent africain continue à enregistrer un déficit d’environ 8 millions de tonnes de sucre avec un niveau d’autosuffisance qui ne cesse de se détériorer malgré une consommation de sucre par ha- bitant encore inférieure à la moyenne mondiale. L’Afrique enregistre une croissance économique forte et ininterrom- pue depuis plus d’une décennie, et un accroissement rapide de la population. Dix-sept des vingt-cinq pays dont la crois-
sance de la population est la plus rapide sont en Afrique. La population de vingt-huit pays africains va doubler d’ici 2050», a-t-il déclaré.
Optimiste, Mohamed Fikrat reste quand même confiant sur la capacité de l’Afrique à arriver à une autosuffisance quant à ses besoins en sucre. «Des leviers comme l’agrégation, l’organisation interprofessionnelle, le renforcement de la recherche & développement peuvent contribuer à doter le secteur sucrier africain de filières sucrières intégrées, com- pétitives et bénéfiques pour le développement socio-écono- mique», a-t-il souligné.
Interview Mohamed Fikrat (Président Directeur Général de la Cosumar)
IDM: Quelles sont les actions prévues par la CoSuMAr pour l’année 2017 ?
La COSUMAR fonctionne selon un plan d’amélioration continue. Elle se répartit en 8 unités d’industrie lourde dont les méthodes de production et de gestion vont sans cesse dans le sens de la modernité. Pour 2017, la COSUMAR ambitionne à améliorer son effi- cacité avec l’intégration des dernières normes en la matière, nos pratiques en termes de recyclage mais aussi en terme de certifica- tion, et surtout continuer sur notre lancée et maintenir notre rythme de croissance.
IDM: Quelles sont vos attentes pour cette deuxième édition ?
Il s’agit tout d’abord de souligner les efforts consentis par l’ensemble des opérateurs, ins- titutionnels et privés afin de soutenir le déve- loppement de la filière sucrière dans notre pays et démontrer les fortes potentialités du
marché africain dans ce sens.
Il est question également de mettre en avant le lancement du réseau mondial de parte- naires du milieu sucrier, et dont notre pays est à l’origine, ayant pour but de réfléchir ensemble à la question climatique et son impact sur la production sucrière.
IDM: Justement comment comptez-vous convaincre les autres pays à soutenir cette initiative ?
La constitution de ce réseau est très impor- tante pour l’avenir du secteur dans le monde et pour tous les acteurs qui le composent. Nous avons l’intention, dans un premier temps de procéder à la mise en place d’outils d’échanges d’expériences entre les différents opérateurs afin de partager leurs procédés et bonnes pratiques en la matière puis les mettre en application, dans le but de faire évoluer le secteur sucrier dans le monde.