DIGITAL – Afin de répondre aux mieux aux besoins technologiques de ses clients dans les pays émergents, Hewlett Packard Enterprise (HPE), fruit de la scission opérée par Hewlett Packard en 2016, est en charge des activités serveurs, stockage de données, réseau informatique, IoT, logiciels d’infogérance, d’Intelligence Artificielle, de conseil en transformation digitale, d’hybrid cloud et de services de support aux entreprises.
En 2018, HPE a signé un accord stratégique avec le groupe Midis pour mettre en place son nouveau modèle de Master Area Partner et entend ainsi profiter de l’expertise de ce groupe de 5.300 collaborateurs, spécialiste du développement de marché pour le compte d’acteurs majeurs dans les technologies de l’information sur les pays d’Afrique, du Moyen Orient et des Balkans. Sa mission sera de booster le développement de HPE, présent depuis près d’un demi-siècle dans ces régions.
Six mois après cette transformation organisationnelle majeure, entrée en vigueur en novembre 2018, Samir Hafiz, Directeur Général de HPE, nous a reçus dans ses bureaux casablancais pour partager avec nous son expérience concernant ce nouveau business model et son impact opérationnel positif. Il insiste sur la simplification et l’accélération d’acquisition de solutions informatiques grâce à un gain concret en flexibilité et temps de réponse, qui permet d’accompagner la transformation digitale des clients HPE au Maroc.
IDM: Comment se porte le marché de l’informatique au Maroc en termes de concurrence et de chiffre d’affaires ?
Samir Hafiz : Les acteurs principaux restent les mêmes qu’au niveau mondial et tous les gros acteurs américains, européens et chinois sont présents. La compétition est donc ouverte sur le marché marocain, ce qui crée beaucoup de concurrence et oriente le marché vers une plus grande sensibilité au prix plutôt que sur la valeur. Cependant, l’offre chinoise, après avoir connu un essor accru dû principalement aux pratiques de dumping par le prix, auxquels n’étaient pas préparés les acteurs traditionnels leader sur leurs marchés, semble se rétracter.
La présence des sièges africains des principaux acteurs de l’industrie informatique permet aux DSI Marocains d’accéder de façon plus simple que leurs homologues continentaux aux experts régionaux et ainsi de bénéficier de leur accompagnement dans la compréhension et la mise en œuvre de la transformation digitale imposée par le besoin de développement économique que connaît notre pays.
Pour ce qui est du chiffre d’affaires, HPE affiche une croissance à deux chiffres due essentiellement à la flexibilité et à l’agilité que permet son nouveau modèle Master Area Partner (MAP).
Pourriez-vous nous donner des exemples concrets qui ont motivé le changement de stratégie commerciale et opérationnelle de HPE pour adresser des marchés comme celui du Maroc ?
Je dirais tout simplement que le modèle de consommation des technologies de l’information a changé. Il suffit de regarder autour de vous pour constater la diversité des besoins auxquels doivent répondre les acteurs de l’industrie du digital. Avant 2015, HP conjuguait sans difficulté une stratégie produits de leader de l’innovation technologique et une approche marché de « One Stop Shop » permettant de répondre à tout type de besoin en IT de ses clients.
L’explosion que connaît le digital et les différents modèles de sa consommation imposent à celui qui veut garder le leadership dans l’innovation de revoir son « go to market ». HP ne pouvait plus être le leader technologique qu’a connu l’industrie depuis quelques années sur un spectre de produits et services aussi riche que celui qu’elle proposait. Il fallait absolument reconcentrer les départements R&D de chaque ligne de produits sur leurs cœurs de métiers. D’où la scission opérée il y a maintenant 4 ans, donnant naissance à HP inc et HPE.
Depuis, nous avons réalisé un certain nombre d’optimisations au niveau de HPE dans les différents départements et les processus ont été revus pour pouvoir gagner encore plus en focus et agilité.
Sans les effets néfastes sur nos marchés, conséquence des mesures draconiennes qu’imposent les marchés financiers aux entreprises cotées et souvent inadaptées aux politiques d’expansion, HPE renoue finalement avec la croissance.
Par exemple, au niveau du ratio nombre d’employés rapporté au chiffre d’affaires, il est évident qu’un pays comme le Maroc ne peut être que sous staffé du fait des restrictions budgétaires pour pouvoir entrer dans les ratios des marchés financiers. Depuis la mise en place du nouveau modèle MAP, nous avons pu augmenter nos ressources humaines de 30% en moins de 6 mois.
Comment ce nouveau modèle « MAP » se traduit-il dans les faits et quels changements observez-vous dans les pays concernés ?
Nous avons, depuis la mise en place du modèle MAP, un pilotage sur notre chiffre d’affaires et sur la profitabilité qui est complètement localisé alors qu’avant il était délocalisé et régi avec une gouvernance imposée par les financiers. Nos délais de réponse étaient souvent longs et inadaptés, impliquant des collaborateurs extérieurs qui pouvaient être chronophages parce que ne comprenant pas les besoins et les spécificités du marché marocain. HPE a donc gagné en agilité et en flexibilité grâce au nouveau modèle MAP car il nous permet d’être plus proches de nos clients et de nos partenaires. Ainsi, notre chiffre d’affaires est naturellement sur une courbe ascendante au Maroc.
Ce nouveau business model offre-t-il un avantage comparatif à HPE au Maroc ?
D’un point de vue opérationnel pur, il est pour moi évident que nous allons avoir beaucoup plus de facilité et d’agilité à répondre aux besoins de nos clients marocains et ainsi à mieux les accompagner dans leur transformation digitale que les multinationales qui sont régies par les règles que leurs imposent les marchés financiers.
Quels types de solutions HPE offre-t-il à ses clients marocains, et plus particulièrement aux industriels ?
Aujourd’hui, le monde de l’entreprise est complètement digital. Pour rester compétitif, il faut pouvoir communiquer vite et de manière sécurisée, avec une analyse de données de plus en plus importante, que l’on doit stocker au moindre coût et traiter par des serveurs de plus en plus puissants. Ainsi se résument les trois grandes familles de solutions que propose HPE aux entreprises.
Notre portefeuille produit s’inscrit plus que jamais dans le besoin de transformation digitale que sont en train de connaître toutes les entreprises pour pouvoir répondre au mieux à leurs clients et à leur marché.
Nous proposons également aux industriels dont la prise de conscience d’empreinte écologique est réelle des solutions qui révolutionnent la manière de consommer de la data à travers notre offre Immesion4.
A ce propos, je tiens à préciser qu’on ne fait pas de transformation digitale parce qu’il y a de nouveaux produits technologiquement meilleurs et plus puissants, mais bien par besoin économique.
Comment définissez-vous justement la transformation digitale et comment la voyez-vous évoluer dans l’esprit des dirigeants à qui vous offrez des solutions ?
La transformation digitale est souvent définie par l’acte de mettre en œuvre de nouvelles technologies au sein de l’entreprise. Ce qui, bien évidemment, ne peut être une fin en soi. Avant de parler de transformation digitale, connue aussi sous le terme de transformation numérique, il faudrait savoir quel processus pourrait intégrer les technologies numériques afin d’améliorer son organisation et développer son activité.
Cette transformation technologique fait également référence plus largement aux usages numériques qui permettent de nouveaux types d’innovations, que ce soit en matière de modèles économiques, de modèles de consommation, de modèles organisationnels…
Beaucoup de dirigeants continuent à voir la transformation digitale comme un coût technologique plutôt qu’un investissement stratégique ayant pour principal objectif de développer son entreprise.
Quel conseil donneriez-vous à un chef d’entreprise pour réussir sa transformation digitale ?
Pour réussir sa transformation digitale, tout dirigeant devrait d’abord répondre aux questions suivantes :
√ Quels sont les processus business qui agissent directement sur la PUV de l’entreprise ?
√ Quelles sont les possibilités numériques d’amélioration de ces processus ?
√ Quelles sont les compétences internes/externes dont je vais avoir besoin ?
√ Quel impact doit espérer l’entreprise de cet investissement ?
√ Quel est le coût de l’investissement ?