IDM : Pourriez-vous nous rappeler d’abord les missions de MASEN ?
OA : Masen a été créée pour porter le programme Noor qui vise à déployer une capacité de 2000 MW à 2020, à travers le développement de projets intégrés autour de la construction de centrales solaires.
Le premier complexe en cours de développement par Masen est localisé près de la ville d’Ouarzazate.
Il abritera une capacité de production d’électricité de 500 MW.
Cette idée de développement de projets intégrés est importante.
En effet, en plus de développer des centrales solaires, Masen contribue au développement d’une expertise nationale à travers la promotion d’une industrie compétitive (dans le but de générer de la valeur ajoutée et de favoriser la création de l’emploi), le déploiement de la recherche appliquée et pré-opérationnelle, et le soutien à la formation.
Enfin, Masen se veut être une force de proposition sur les plans régional et international œuvrant à impulser une dynamique autour du programme Noor et, plus généralement, animant la réflexion autour des problématiques liées au solaire et au changement climatique de façon générale
IDM : La date prévue de mise en service de l’usine NOOR I est-elle maintenue ?
OA : À fin septembre, plus de la moitié des travaux de développement et de construction du projet NOOR I avaient déjà été réalisés, conformément aux attentes.
Par conséquent, la date de mise en service de cette centrale solaire, prévue durant le dernier trimestre 2015, sera respectée.
IDM : Et le financement…
RB : Masen a déjà reçu les offres finales (techniques et financières) de la part de l’ensemble des sept soumissionnaires pré-qualifiés pour la construction de NOOR II & III.
La phase d’évaluation est en cours et elle aboutira à l’annonce de l’adjudicataire du projet dès la fin de cette année. Les travaux des projets NOOR II & III seront lancés quelques mois plus tard.
IDM : Quid de NOOR II et III ?
OA : Depuis plus de deux ans, Masen a travaillé, avec l’appui de l’Etat, à la mobilisation des prêts et dons concessionnels les plus importants et aux conditions les plus avantageuses pour le Maroc, afin d’assurer un prix au kWh des plus compétitifs.
Plus particulièrement pour NOOR II et NOOR III, l’accord de principe des bailleurs de fonds sollicités a été reçu par Masen.
Ces fonds devront, en effet, couvrir l’ensemble des besoins de financement.
IDM : Pour quand le projet Noor IV ?
OA : Pour achever le complexe Noor Ouarzazate, la dernière phase du projet (NOOR IV) utilisant la technologie photovoltaïque, sera lancée dans les prochains mois. Parallèlement à NOOR IV, Masen lancera les projets de développement de centrales solaires dans d’autres sites utilisant tant les technologies thermosolaires que les technologies photovoltaïques, de la manière la plus pertinente.
L’objectif pour Masen, au moment de lancer un nouveau projet, est d’aboutir à des structurations davantage innovantes, permettant d’optimiser au mieux tous les paramètres liés au développement de centrales solaires, et de capitaliser sur ses expériences qui ont abouti à des résultats reconnus.
IDM : Comment comptez-vous contribuer au développement d’une industrie solaire marocaine compétitive ?
OA : L’idée est de favoriser l’émergence d’acteurs industriels marocains compétitifs, capables de développer leurs activités aussi bien au niveau national qu’international.
À cet effet, une étude a été menée, passant au peigne fin toute la chaîne de valeur du secteur solaire, afin de repérer les segments où peuvent se positionner les opérateurs marocains.
IDM : Quelles sont les principales conclusions de cette étude d’investigation ?
OA : Elle a identifié trois segments.
Dans le premier, les entreprises marocaines sont déjà compétitives et n’ont pas besoin d’être mises à niveau.
Il s’agit d’opérateurs spécialisés, entre autres, dans le génie civil, l’ingénierie et les produits métalliques.
Le deuxième segment, quant à lui, nécessite un transfert technologique plus important.
C’est un segment assez technique, qui concerne des composants spécifiques aux technologies CSP ou PV (comme les modules, miroirs…) et qui nécessite des investissements importants, pour lesquels l’attraction d’IDE ou la sollicitation de Join-ventures entre entreprises marocaines et étrangères semble être opportun.
Le Cluster Solaire joue ici un important rôle de sensibilisation aux activités sur lesquelles les entreprises marocaines peuvent se positionner, ainsi qu’un rôle de mise en relation, de business networking.
Le troisième est caractérisé par des barrières à l’entrée très élevées. Il est à la portée généralement d’une poignée d’entreprises internationales.
Je cite l’exemple des fabricants de turbines comme General Electric et Siemens.
IDM : Que va faire concrètement le cluster solaire afin de favoriser le développement d’une filière industrielle solaire marocaine compétitive ?
OA : Le Cluster Solaire a pour mission d’apporter l’expertise et l’accompagnement nécessaires au développement de la compétitivité des entreprises du cluster.
Il propose par exemple des services de soutien, de conseil et d’accompagnement des porteurs de projets.
Ensuite, le cluster a pour objectif de créer une synergie entre les acteurs du secteur, qu’elle soit technologique ou économique, pour le développement de projets industriels solaires en particulier, et pour le développement des marchés liés au solaire en général.
Enfin, le Cluster, pour tenir informés ses membres des avancées du secteur solaire, contribue à leur information par la mise en œuvre d’une démarche de veille active et analytique.
Il est aussi impliqué dans l’organisation de manifestations à même de développer l’image du Cluster et de promouvoir les produits et services de ses entreprises membres, aux niveaux national et international.