La présidente de la Banque européenne pour la reconstruction et le développement (BERD), Odile Renaud-Basso, a accordé une interview à la MAP, en marge de l’Africa Investment Forum (AIF) qui se tient jusqu’au 6 décembre à Rabat.
Dans cette interview, Mme Renaud-Basso revient notamment sur le partenariat Maroc-BERD, les secteurs prioritaires et les opportunités offertes pour renforcer les investissements dans divers domaines.
– Comment l’AIF peut-il renforcer le rôle de la BERD dans la mobilisation de financements pour des projets à fort impact en Afrique ?
Ce forum a le mérite de rassembler à la fois des porteurs de projets, des entrepreneurs, des représentants des gouvernements et des institutions financières internationales, comme la BERD et la Banque Africaine de Développement (BAD) qui est au cœur de l’organisation de ce Forum.
Ce forum est très intéressant pour la BERD, qui va commencer à investir dans les pays de l’Afrique subsaharienne, en commençant par le Ghana, le Bénin, la Côte d’Ivoire, le Sénégal, le Nigeria et le Kenya.
Ce changement majeur découle de la décision de la BERD d’étendre son champ d’action à d’autres pays du continent dès 2025.
– Quelle est la vision stratégique de la BERD pour le développement des investissements en Afrique, en particulier au Maroc ?
La BERD est focalisée sur le développement des investissements dans le secteur privé. En effet, 75% de nos investissements sont avec des partenaires privés, que ça soit de grandes entreprises, des PME (petites et moyennes entreprises) ou même des très petites, petites et moyennes entreprises (TPME), que nous finançons par l’intermédiaire du secteur bancaire.
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Mais nous pouvons aussi discuter avec le gouvernement ou les entreprises publiques des réformes à mener, et qui vont favoriser le développement de l’investissement privé.
– Comment évaluez-vous la relation entre le Maroc et la BERD ? Et quels sont les secteurs prioritaires pour la Banque ?
La relation est excellente. Le Royaume est un très grand pays d’investissement pour la BERD. Nous investissons au Maroc depuis 2012, avec près de 5 milliards d’euros, dont 70% dans le secteur privé.
Depuis le début de l’année 2024, la Banque a investi plus de 400 millions d’euros et d’autres projets sont en cours.
Nous venons de redéfinir la stratégie pays 2024-2029 pour le Maroc, qui porte sur trois grandes priorités, à savoir favoriser le développement du secteur privé, y compris les PME, la transition énergétique et l’inclusion des femmes.
– Comme vous le savez, le Maroc est désormais l’un des leaders africains dans les énergies renouvelables. Quelles opportunités voyez-vous pour renforcer les investissements dans ce domaine à travers des financements innovants ?
Il y aura beaucoup d’investissements dans le domaine des énergies renouvelables à la fois éolien et solaire, mais aussi dans le domaine des batteries pour le stockage de l’énergie. Le Maroc, qui a beaucoup de potentiel, pourra être pionnier dans le domaine de l’hydrogène vert.
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Il y a un acteur extrêmement important au Maroc, OCP, qui travaille dans le domaine des phosphates, qui est un très bon utilisateur de produits venant d’hydrogène vert, et donc c’est une filière qui pourrait se développer de façon assez stratégique, et nous avons travaillé avec le gouvernement du Maroc sur ce sujet.
– Le Maroc a fait des progrès significatifs dans plusieurs domaines sous le leadership de Sa Majesté le Roi Mohammed VI. Quelle vision portez-vous ?
Le Maroc a une vision très claire portée par SM le Roi Mohammed VI dans le domaine des énergies renouvelables. Aujourd’hui, il est très avancé, par exemple, en matière de dessalement de l’eau de mer, au moment où il fait face à une situation de sécheresse.
Le Royaume a mis en place une stratégie très cohérente pour faire face à ces besoins et on souhaite soutenir ses efforts.
En matière de développement de l’investissement privé, le Maroc, à travers le Fonds Mohammed VI pour l’investissement, a développée des outils pour financer des investissements en fonds propres dans l’ensemble du tissu économique.
Ces initiatives vont soutenir la stratégie de croissance du Maroc à long terme.
(IDM avec MAP)