La plasturgie n’est pas «zéro mika» (Dossier)

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Plasturgie – La 7e édition du Plastexpo, le Salon international de la plasturgie, caoutchouc et composites en Afrique du Nord a été l’occasion de l’annonce de la signature imminente de deux écosystèmes plasturgiques.

« Notre secteur a souffert cette année d’une mauvaise presse, avec une communication réduite au seul sachet en plastique. De manière générale, on parle de «mika» or celle-ci ne pèse que 3% de notre industrie. C’est dire que cela ne représente pas une situation majeure par rapport à la grandeur de notre secteur», a lancé Younes M’hamed Lahlou, Président de la Fédération Marocaine de Plasturgie lors de son mot d’ouverture au salon Plastexpo qui s’est tenu du 5 au 8 avril à Casablanca sous l’égide du ministère de l’Industrie.
Le Président de la FMP a ensuite rappelé l’importance du rôle de la plasturgie en tant que levier de croissance, insistant sur l’aspect stratégique de ce secteur transversal à tous les secteurs industriels marocains. Il a en outre rappelé les performances du secteur plastique, qui a connu une croissance de 50% durant les 15 dernières années et son rôle en tant que facteur clef de réussite du Plan Émergence et du Plan d’Accélération Industrielle 2014-2020.
Le message a été bien entendu par Latifa Echihabi, Secrétaire Générale du ministère de l’Industrie, du Commerce, de l’Investissement et de l’Économie numérique : «Cette manifestation tombe à point nommé. J’ai bien saisi votre message concernant cet amalgame qu’on a collé au secteur à l’occasion du projet «zéro mika» mais je peux vous assurer que cela n’a jamais été notre intension. Votre secteur est stratégique pour nous et le ministère l’accompagnera ».

De nombreuses opportunités
La Secrétaire Générale du ministère de l’Industrie a d’ailleurs rappelé que de nombreuses opportunités s’offrent au secteur de la plasturgie, notamment à travers le secteur automobile qui enregistre un taux de croissance à deux chiffres, mais aussi l’aéronautique, l’agroalimentaire avec toute la logique de l’emballage et du conditionnement qui lui est liée et enfin le BTP où l’utilisation du plastique n’est encore qu’à ses débuts.
Le ministère de l’Industrie avait d’ailleurs classé, dès 2014, la plasturgie parmi les secteurs potentiellement stratégiques pour le Maroc. Depuis, le ministère de l’Industrie, le ministère de l’Environnement, le ministère de l’Intérieur et la Fédération Marocaine de Plasturgie ont travaillé de concert, durant deux ans, pour créer les écosystèmes y afférant.
«Nos conventions sont finalisées et nous avons arrêté deux écosystèmes : l’écosystème plastique, avec toutes ses nouvelles utilisations et innovations, et un écosystème recyclage parce que la plasturgie est un des secteurs dont les produits sont le plus facilement recyclables», a révélé Latifa Chihabi. Ces écosystèmes permettront de donner de la visibilité aux acteurs et surtout d’apporter le soutien du Fonds de développement industriel pour les nouveaux programmes et projets que les investisseurs, qu’ils soient nationaux ou internationaux vont réaliser au Maroc.

Lutter contre l’informel
«Aujourd’hui nous avons un objectif réaliste et réalisable: grâce à l’écosystème recyclage, nous souhaitons permettre au secteur d’améliorer son approvisionnement du fait que la matière première constitue un poste important du coût de revient et que grâce à ces écosystèmes beaucoup de récupération va se faire. Nous comptons également sur cet écosystème pour apporter une réponse économique et sociale à un secteur de l’informel qu’on souhaiterait prendre en charge dans le cadre de cet accompagnement», a précisé Latifa Chihabi.
« Avec la mise en place de cet écosystème recyclage, la Plasturgie marocaine franchira un grand pas vers une économie circulaire et fera un bon qualitatif », a confirmé Monsif Charai, président de l’Association marocaine de recyclage et de valorisation des déchets plastique (AMRP) et membre du bureau de la FMP en présentant les chiffres clefs du secteur.

La plasturgie Marocaine transforme 550.000 Tonnes/an et le Maroc importe en produits finis et en emballages primaires plus de 500.000 Tonnes/an, ce qui donne un gisement total de 1.050.000 Tonnes /an. Or la filière ne recycle au total que 212.000 tonnes de déchets en matières plastiques, 3% à travers le recyclage formel et 17% à travers l’informel. Les 838.000 tonnes restantes, soit 80% du gisement, ne sont pas recyclés. Cela est dû à l’inexistence d’un système de collecte et de tri professionnalisés, à un environnement trop incertain pour favoriser l’investissement en termes de réglementation et de normes ainsi qu’au poids très important de l’informel dans le secteur du recyclage (85%). D’autant que les recycleurs informels ont su monter en gamme et sont désormais capables de produire des matières recyclées de qualité faible qui concurrencent les acteurs formels. L’ensemble de ces facteurs pénalise la compétitivité du secteur national de la plasturgie.

Un cercle vertueux
La stratégie de développement de l’écosystème recyclage consiste donc à créer un cercle vertueux initié par la structuration de l’amont de la filière à travers la collecte et le tri des déchets incluant le plastique dans les zones de production et au niveau des décharges contrôlées, avec un objectif de zéro déchet plastique dans les décharges. Les déchets plastiques triés seront ensuite préparés et traités pour la valorisation. Cette dernière phase permettra l’utilisation des déchets recyclés au niveau de l’industrie de plasturgie tout en assurant leur traçabilité.
Selon Monsif Charai, l’ensemble de ces initiatives permettra également la baisse de la consommation de matières premières importées, la réduction de l’émission de CO2 d’environ 1.850.000 Tonnes par an (1 tonne recyclée équivaut une économie de 2,2 T de CO2 émise), la dimunition importante des surfaces d’enfouissement au niveau des décharges et l’amélioration des conditions de vie des chiffonniers. Ces derniers seront en effet intégrés dans ce processus de restructuration du secteur qui prévoit de les accompagner vers le statut d’auto-entrepreneurs et de leur faire quitter leur situation d’exclus en proie au circuit informel.

« Les écosystèmes plasturgiques vont être signés incessamment sous peu »

Latifa ECHIHABI,
Secrétaire Générale du Ministère de l’Industrie, du Commerce, de l’Investissement et de l’Économie numérique.

“Aujourd’hui, la plasturgie compte environ 650 entreprises et continue d’attirer l’attention des investisseurs. S’ajoutent les opportunités d’emploi avec plus 52.000 employés directs et 320.000 indirects. À ce titre, le Maroc décroche la 2e industrie plastique du continent africain et est le 1er exportateur indirect national par excellence. Ses exportations, en croissance, atteignent 10% en moyenne et sont aujourd’hui évaluées à 1 milliard de dirhams.
La plasturgie et l’emballage marocain représentent également le 2e secteur le plus important de la transformation des industries chimiques après l’industrie phosphatière. Ceci sans compter que le Maroc a développé une vision stratégique à l’horizon 2023 qui impactera sans équivoque l’économie nationale. Une vision qui permettrait de dégager un potentiel de chiffre d’affaires total pour la filière plasturgie proche de 28 milliards de DH à horizon 2023, et la création de près de plus de 28.000 emplois directs et 70.000 indirects supplémentaires, plaçant ainsi la plasturgie marocaine parmi le Top five des secteurs industriels créateurs d’emplois”.

« Le potentiel de chiffre d’affaires de la plasturgie est de 28 milliards de dirhams à l’horizon 2023 »

Younes M’hamed LAHLOU,
Président de la Fédération Marocaine de Plasturgie.

“Aujourd’hui, la plasturgie compte environ 650 entreprises et continue d’attirer l’attention des investisseurs. S’ajoutent les opportunités d’emploi avec plus 52.000 employés directs et 320.000 indirects. À ce titre, le Maroc décroche la 2e industrie plastique du continent africain et est le 1er exportateur indirect national par excellence. Ses exportations, en croissance, atteignent 10% en moyenne et sont aujourd’hui évaluées à 1 milliard de dirhams.
La plasturgie et l’emballage marocain représentent également le 2e secteur le plus important de la transformation des industries chimiques après l’industrie phosphatière. Ceci sans compter que le Maroc a développé une vision stratégique à l’horizon 2023 qui impactera sans équivoque l’économie nationale. Une vision qui permettrait de dégager un potentiel de chiffre d’affaires total pour la filière plasturgie proche de 28 milliards de DH à horizon 2023, et la création de près de plus de 28.000 emplois directs et 70.000 indirects supplémentaires, plaçant ainsi la plasturgie marocaine parmi le Top five des secteurs industriels créateurs d’emplois”.

« Diaboliser le plastique revient à priver l’Homme de sa meilleure innovation »

Nabil SAOUAF ,
Directeur de la Fédération Marocaine de Plasturgie.

Le plastique est l’innovation inégalée du 21e siècle, c’est le matériau utilisé dans l’emballage alimentaire avec toute sécurité puisque les matières premières utilisées sont classées parmi les matériaux les plus surs pour être au contact des produits alimentaires. Mieux encore, le plastique est le matériau le plus sûr comme implant pour le corps humain sans risque de rejet.

Le poids faible des matières plastiques leur confère un réel avantage dans des secteurs de pointe tel que l’automobile et l’aéronautique, permettant ainsi de réduire la consommation d’énergie.
Grâce à l’utilisation du plastique dans l’agriculture, les rendements ont doublé, diminuant le risque de famine. De part le monde, les matières plastiques sont incontournables. Les diaboliser revient à priver l’Homme de sa meilleure innovation.
En industrie, les plastiques sont le levier et un facteur clé de la compétitivité industrielle des grandes puissances industrielles.

« Le non tissé a de l’avenir au Maroc, avec encore beaucoup de secteurs à conquérir »

Belaid OUJANA,
Responsable développement commercial Soft Tech.

IDM: Depuis le mois de janvier, vous êtes la nouvelle filiale de Soft Group spécialisée dans le non tissé. Quelles sont les opportunités que vous avez vues naitre depuis «zéro mika» ?

Belaid Oujana : Soft Group est une holding qui opère dans le textile et l’immobilier. Avec Soft Tech, l’investissement du groupe dans le non tissé est un nouveau challenge.
Après «zéro mika», nous avons vu que le non tissé a de l’avenir au Maroc. Mis à part le packaging, il y a d’autres secteurs à conquérir, comme l’automobile avec l’implantation de Peugeot à Kenitra dans la zone franche après Renault à Tanger car ils cherchent à avoir des fournisseurs près de chez eux et le polypropylène est un produit de substitution au polyuréthane qui est utilisé dans l’automobile.
Il y a aussi des opportunités dans l’agriculture parce que le non tissé peut être aussi un produit de substitution pour les serres en plastique qui ne peuvent être utilisées que pour deux récoltes alors que le non tissé peut servir à quatre récoltes. Il y a aussi l’aéronautique, c’est encore loin mais cela peut arriver. Puis dans le domaine médical, il y a les draps du bloc opératoire, les blouses jetables des médecins, les gants, les serviettes … Dans les couches il y a aussi du non tissé à l’intérieur mais aussi à l’intérieur.

C’est une belle opportunité donc. En termes de process et de R&D, comment procédez-vous?
Pour le packaging et la fabrication du non tissé, nous sommes intégrés, c’est à dire que nous fabriquons nous-même le non tissé. Nous importons le polypropylène et nous fabriquons le non tissé ici au Maroc.
Nous sommes en train de mettre en place un laboratoire de recherche et développement pour le non tissé. Nous sommes encore jeunes mais nous avons recruté une quinzaine d’ingénieurs, techniciens et commerciaux pour améliorer la qualité et la durabilité du non tissé.

« Tous ces chantiers parallèles sont pensés pour ramener les opérateurs informels vers le formel»

Monsif Charai,
Président de l’Association marocaine de recyclage et de valorisation des déchets plastique (AMRP) et membre du bureau de la FMP.

IDM: Comment fonctionne aujourd’hui l’organisation de la collecte de déchets?

Monsif Charai: En ce qui concerne les déchets ménagers, il n’y a pas d’organisation. Qu’ils soient recyclables ou organiques, ils sont jetés dans la même poubelle puis versés au niveau des grandes poubelles communales. C’est un problème pour les recycleurs car les déchets mouillés dégradent les déchets secs comme le carton ou le papier… le plastique résiste un peu plus. Donc séparer les déchets au niveau de deux poubelles permettrait un avenir plus sain pour le recyclage.
Ensuite interviennent les chiffonniers des rues et ceux de la décharge, qui vont opérer un tri pour récupérer un volume limité de produits recyclables à forte valeur ajoutée. Tout d’abord l’aluminium ménager (canettes…) qui est un métal de grande qualité, ensuite le carton s’il est en bon état, pour le revendre pour la réutilisation et non le recyclage. Arrivent ensuite la ferraille et enfin les objets consistants de quelques types de plastique. Les chiffonniers revendent ensuite leur marchandise à des grossistes informels qui à leur tour trient les matières et revendent à des recycleurs informels qui alimentent les usines informelles dont les produits sont vendus généralement dans les souks.
Dans le formel, nous sommes seulement 12 sociétés à persister qui recyclons principalement des déchets post industriels en travaillant avec le peu de grossistes formels qui fournissent donc des volumes très limités, d’autant que beaucoup se sont équipés pour opérer leur recyclage en interne.

Que propose l’écosystème recyclage pour lutter contre l’informel et améliorer la collecte et le tri ?
L’écosystème recyclage consiste à créer des petits centres de tri avant décharge au niveau des villes par quartier ou arrondissement, dans le cadre d’un partenariat public-privé et des centres de collecte chez les recycleurs formels labellisés par la fédération et le ministère de l’Industrie. Nous nous engageons ensuite à encadrer les chiffonniers répertoriés par le ministère de l’Intérieur et à les aider à acquérir le statut d’auto-entrepreneur, les former et les outiller de triporteurs électriques. Un système de contrôle moderne de géolocalisation GPS sera mis en place pour s’assurer que les tournées seront faites correctement. De leur côté, les centres de collecte vont s’engager à acheter tous les déchets de ces collecteurs au prix international des déchets et non plus au prix imposé par les grossistes informels. Cela va également aider à trouver un équilibre pour qu’en fin de compte le recycleur et le plasturgiste formels puissent être compétitifs dans leurs métiers.

Comment pensez-vous réduire le gap de compétitivité de 30% entre le formel et l’informel?
Pour concurrencer l’informel, nous avons demandé des encouragements pour le recycleur et pour le plasturgiste qui va utiliser le plastique recyclé. La subvention du recycleur va lui permettre d’acheter des déchets et de les recycler, en payant toutes les taxes et les charges nécessaires, et vendre le produit recyclé au même prix que l’informel. L’idée est de ramener l’opérateur de l’informel vers le formel car le plasturgiste informel n’aura plus d’intérêt à acheter un produit recyclé de moins bonne qualité, le recycleur informel va se retrouver sans acheteur et devra se reconvertir dans le formel pour bénéficier des aides à l’investissement (des subventions pour acheter du matériel, des subventions au kg…). Ils auront donc un intérêt financier à rejoindre le formel. Parallèlement, nous poussons vers la normalisation des produits, et donc plus il y aura de tests, plus les produits de l’informel vont être interdits. Tous ces chantiers parallèles ont été pensés pour ramener les opérateurs informels vers le formel.

« Ce n’est pas la subvention pour le transport de déchets qui doit être financée, c’est l’économie circulaire qu’il faut développer»

Dangis Alexandre ,
Directeur Génaral d’European Plastics Converters(Eupc)

IDM: Vous êtes intervenu au Plastexpo en tant que directeur général de l’association européenne des transformateurs de matières plastiques pour partager votre expérience. Quel message portez-vous pour un système de recyclage efficace au Maroc ?

Dangis Alexandre: Aujourd’hui, lorsqu’un pays collecte des déchets, cela lui suffit pour dire qu’il atteint les objectifs de recyclage. Or le but est vraiment de recycler dans le pays. Et je me bats avec les États membres pour les inciter à recycler au niveau local et pour ne plus avoir ce transport de déchets, c’est essentiel.
Nous avons fait des erreurs et je tenais à en parler pour éviter que les mêmes erreurs se fassent. Ce n’est pas la subvention pour le transport de déchets qui doit être financée, c’est l’économie circulaire qu’il faut développer. Et avant de développer cette économie circulaire, il faut s’assurer d’avoir des sociétés de recyclage certifiées et contrôlées. Sinon on met en danger la santé de l’être humain, c’est cela le message. C’est important en tant que pays d’avoir ses volumes de déchet sous contrôle. Savoir où ils vont, qui les gère, avec des sociétés certifiées, des systèmes de collecte traçables. C’est très important pour développer le secteur.

Quels sont les chantiers prioritaires pour y arriver ?
L’investissement à faire sur les années à venir est au niveau du tri, et rien d’autre. Il faut le tryptique tri, volume, contôle. Le problème du tri , c’est qu’il ne peut être géré qu’à travers des certifications contrôlées, sinon on n’arrive pas à réduire l’informel. Or les pays aiment se donner des objectifs de recyclage mais lorsqu’il s’agit de contrôler, cela devient plus difficile. Il en est de même pour ce qui est de la législation chimique : il est difficile de trouver les inspecteurs qui ont la capacité de contrôler.
Donc je relance la balle au ministère pour qu’il mettre en place des systèmes de contrôle, basés sur une certification commune acceptée par la profession. Le tri a un coût et le coût doit être payé par les organismes de responsabilité.

« Nous allons aider les collectivités locales, les coopératives et associations de trieurs à collecter le plastique d’une meilleure manière et à le trier »

Dr. EL ABED Loubna ,
Service des Filières de valorisation des déchets non dangereux,
Direction des Programmes et des Réalisation au Secrétariat d’Etat chargé du Développement Durable, Écosystème de valorisation du plastique.

IDM: Avez-vous des chiffres concernant la quantité de sacs en plastique ramassée après la campagne «zéro mika»?

Dr. EL ABED Loubna: Tout d’abord je tiens à préciser que parmi les 7 types de sac en plastique, seul le sac sortie de caisse est interdit, les autres sont réglementés au niveau de la fabrication, de l’étiquetage et de l’utilisation: il s’agit des sacs-poubelle et des sacs agricoles, des sacs industriels et des différents sacs frigorifiques. Les plastiques posent des problèmes environnementaux lorsqu’ils ne font pas l’objet d’un tri et d’un recyclage soignés, or les plastiques légers sont emportés par le vents. En ce qui concerne la campagne de ramassage, elle est toujours en cours mais nous avons collecté jusqu’à fin décembre 7.000 tonnes de plastique. Le plastique arrive toujours mais dans une moins grande quantité.

Pourriez-vous nous expliquer le principe de fonctionnement l’écosystème recyclage?
Le contrat de performance qui est aujourd’hui finalisé est le fruit de deux ans de travail avec le ministère de l’Industrie. Ce contrat prévoit des aides pour le secteur tri et valorisation, et recyclage plastique. Donc nous allons aider les collectivités locales, les coopératives et associations de trieurs à collecter le plastique d’une meilleure manière, puisqu’il ne sera pas souillé par les autres matières, et à le trier. Ensuite il va aller vers les unités de valorisation qui vont œuvrer pour valoriser le plus possible le plastique.

Comment cela va-t’il être financé et qui va en bénéficier?

Tant que le contrat n’est pas signé, nous ne pouvons pas définir qui va en bénéficier. Le manuel opérationnel de redéploiement est en cours de finalisation, il va donner les modalités et les critères d’éligibilité des bénéficiaires. Il y aura ensuite un appel à candidature à l’échelle nationale pour les trieurs et les opérateurs de la valorisation.
En ce qui concerne le financement, il provient de l’écotaxe plastique introduite par la loi de Finances de 2013 et entrée en vigueur en janvier 2014.

« Nous recyclons 7.000 tonnes de déchets de plastique agricole par an dans la région d’Agadir »

Khattab Zmezm,
Président Directeur général de Bio Plastic.

IDM: En tant qu’agriculteur, comment vous est venue l’idée de créer une entreprise de recyclage et pourquoi bio?

Khattab Zmezm: Bio parce que nous sommes une entreprise qui recycle 7.000 tonnes de plastique par an, qui étaient auparavant brûlées ou enfouies dans des trous, donc nous sommes des amis de l’environnement spécialisés dans l’agriculture. 7.000 tonnes, ce n’est qu’un chiffre mais si vous l’imaginez en volume de déchets cela pourrait recouvrir tout Casablanca.

D’où vous est venue l’idée de recycler les déchêts issus de l’agriculture en particulier?
Je suis un Irakien installé au Maroc depuis 20 ans et je suis exploitant agricole à Ait Baha dans la région de Souss Massa. Une région connue pour ses nombreux hectares de fermes mais celles-ci produisent une inquiétante quantité de déchets de plastique agricole, notamment les serres. Avec des amis, nous avons donc commencé une réflexion pour trouver une solution à cette pollution agricole. Puis l’idée a germé, nous avons acheté les machines de recyclage, ce qui nous a demandé 30 millions de dirhams d’investissement et aujourd’hui nous y sommes. Nous allons dans les fermes, nous ramassons le plastique et nous le recyclons en grains et après nous fabriquons des produits pour l’agriculture. 70% des déchets que nous recyclons provient d’Agadir et 30% des environs parce que le transport est coûteux. C’est donc un cycle vertueux qui permet d’assainir l’environnement dans la région.

Est-il possible de faire un produit de qualité à partir de déchets de plastique agricole recyclé?
Nous avons différents types de produits, comme les sacs plastiques, les tuyaux, les systèmes de goutte à goutte. Le grain vierge coûte 17 DH le kg alors que le grain recyclé coûte 7 DH le kg pour la même qualité donc le client va préférer acheter du recyclé pour ce type de produits.

Est-ce que c’est une activité rentable? La difficulté que nous rencontrons, c’est les charges: aujourd’hui notre entreprise compte 140 employés parce que lorsque nous récupérons le plastique agricole, le poids de la terre et des choses qu’elle transporte est plus lourd que le plastique lui-même. Il faut le nettoyer, le découper… Sur une tonne de déchets, nous avons au final seulement quelque 300 Kg de plastique en grains. En plus il faut transporter cela avec des pickup qui ne peuvent prendre par exemple que 300 kg et non des tonnes de déchets. Le pickup seul coûte 200 DH pour le transport, plus le prix des 300 kg de déchets, sans compter les ramasseurs au niveau de la ferme puis ceux au niveau de l’usine… cela fait beaucoup de frais. A cela s’ajoutent les coûts d’exploitation comme l’électricité… Les gains ne sont donc pas importants mais ce qui est important pour nous c’est de ramasser ces plastiques polluants et d’employer tous ces gens: 140 directs et près de 500 employés indirects dans le transport… C’est là notre objectif.

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