L’opération d’amnistie fiscale de 2024, achevée le 31 décembre dernier, marque un tournant dans l’effort de régularisation des revenus non déclarés et la réintégration des contribuables dans l’économie formelle. Lors d’une rencontre organisée par la Confédération générale des entreprises du Maroc (CGEM) à Casablanca, Fouzi Lekjaa, ministre délégué auprès de la ministre de l’Économie et des Finances, chargé du Budget, a salué les résultats de cette initiative, qualifiant l’engouement qu’elle a suscité de révélateur.
L’amnistie fiscale, qui proposait une contribution libératoire de 5 % sur la valeur des avoirs et dépenses déclarés, a attiré un grand nombre de contribuables dans ses derniers jours. Selon Fouzi Lekjaa, ce succès démontre un potentiel encore inexploité de régularisation des flux financiers non déclarés. Bien que le délai n’ait pas été prolongé, cette démarche s’inscrit dans une logique de régularisation progressive et incitative, favorisant un retour vers le formel et l’investissement. “Nous ne pouvions pas prolonger le délai, parce qu’en tout état de cause, nous allons toujours attendre la dernière minute pour le faire”, a déclaré M. Lekjaa.
Le ministre a également évoqué les discussions menées avec Bank Al-Maghrib pour explorer des solutions structurelles au problème du cash dans l’économie. Il a ensuite rassuré sur la confidentialité de l’opération, affirmant qu’aucun contrôle fiscal ne concernera les dépôts régularisés en 2025. “Je peux vous garantir que les consignes qui ont été données sont de garder l’anonymat (…) Aucun dépositaire de son argent ne fera l’objet d’un contrôle fiscal en 2025”.
Une réforme fiscale pour une économie stable
Lors de son intervention, Fouzi Lekjaa a rappelé l’importance de la réforme fiscale en cours, axée sur la simplification, la visibilité et la stabilité de la législation fiscale. Cette réforme inclut des ajustements relatifs à la taxe sur la valeur ajoutée (TVA), l’impôt sur les sociétés (IS) et l’impôt sur le revenu (IR).
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Le ministre a souligné qu’une fois ces réformes pleinement mises en œuvre, un nouveau débat pourrait être ouvert pour apporter des améliorations ciblées, notamment en faveur des petites et moyennes entreprises (PME), moteur principal de l’économie nationale.
Les perspectives de la Loi de Finances 2025
De son côté, Chakib Alj, président de la CGEM, a affirmé l’engagement de la Confédération à accompagner le gouvernement dans la mise en œuvre de la Loi de Finances 2025, qu’il considère comme un levier de croissance inclusive et durable.
Avec un budget d’investissements stratégiques de 130 milliards de dirhams prévu pour 2025, les priorités devraient inclure les énergies renouvelables, la gestion de l’eau et les nouvelles technologies, tout en soutenant l’emploi à travers l’élargissement de la charte d’investissement aux très petites, petites et moyennes entreprises (TPME), véritables moteurs de l’économie nationale.
Le président de la CGEM a également salué les mesures introduites pour protéger la production locale, renforcer le pouvoir d’achat des ménages, accroître la compétitivité des entreprises marocaines et à favoriser l’émergence de leaders économiques nationaux. Par ailleurs, il a insisté sur l’importance de poursuivre la lutte contre l’économie informelle et d’harmoniser les droits de douane sur les intrants pour réduire les coûts de production.
Les grands événements sportifs en ligne de mire
Au-delà des réformes économiques, la rencontre a aussi abordé les enjeux liés à l’organisation de grands événements sportifs, notamment la Coupe d’Afrique des nations 2025 et la Coupe du Monde 2030. Ces événements représentent une opportunité unique pour développer les infrastructures, créer des emplois et renforcer l’attractivité économique du Royaume. Chakib Alj a évoqué la création potentielle de près de 100 000 emplois temporaires, tout en insistant sur la nécessité de refonder la formation professionnelle pour répondre aux besoins futurs.