En célébrant un demi-siècle d’évolution, l’industrie automobile marocaine continue de renforcer sa position en tant que hub régional et mondial. Grâce à la vision stratégique portée par Sa Majesté le Roi Mohammed VI, que Dieu l’assiste, et à l’engagement constant des acteurs locaux et internationaux, le secteur s’apprête à relever les défis de la mobilité durable et électrique, tout en formant les talents de demain. À l’occasion du 50e anniversaire de l’industrie automobile au Maroc, nous avons eu l’opportunité d’interviewer Ayda Fathi, directrice du secteur automobile au ministère de l’Industrie et du Commerce. Cet entretien a permis de faire le point sur les ambitions de ce secteur stratégique pour l’économie nationale.

À l’occasion du 50e anniversaire de l’industrie automobile au Maroc, quels sont les principaux jalons ayant marqué son évolution au cours des dernières décennies ?

L’histoire de l’industrie automobile marocaine remonte à la fin des années 1950 et au début des années 1960 avec le montage local de voitures, notamment des marques Simca et Fiat, à Casablanca. Dans les années 1980, des textes réglementaires à caractère douanier et fiscal ont été promulgués, dont la loi 1081 d’intégration et de compensation. Ces textes visaient à pallier la faiblesse du marché local, à favoriser l’émergence d’une industrie nationale et à encourager les partenariats entre les acteurs locaux et internationaux. Des entreprises comme Sinfa et Toyota ont commencé leurs activités durant cette période et continuent d’opérer aujourd’hui.

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Dans les années 1990, le Maroc a fait le choix de la libéralisation économique, avec pour objectif la production locale de véhicules économiques. Cela s’est concrétisé d’abord avec Fiat, puis avec Renault. Cette stratégie a ouvert la voie à l’installation des premiers équipementiers internationaux, notamment dans le secteur du câblage. L’ambition était de faire du Maroc une plateforme de production pour l’industrie automobile mondiale.

Un tournant majeur a été l’inauguration du port Tanger Med, voulu par Sa Majesté le Roi Mohammed VI, qui a permis l’implantation de Renault à Tanger, marquant un véritable saut dans l’industrie automobile marocaine. L’écosystème des équipementiers s’est alors développé autour du constructeur. Aujourd’hui, plus de 87 équipementiers de rang 1 travaillent avec Renault, qui représente 38 % du chiffre d’affaires des exportations du secteur.

De plus, en 2022, Stellantis a annoncé le doublement de la capacité de son usine à Kénitra, visant une production de 450 000 véhicules par an. Stellantis a également mis en place une plateforme régionale d’ingénierie au Maroc et produit des modèles exclusifs comme les Ami, Rocks-e et Fiat Topolino. En quelques chiffres, l’industrie automobile marocaine a généré plus de 140 milliards de dirhams d’exportations, plaçant le Maroc en tête des producteurs de véhicules en Afrique.

Le secteur automobile marocain a connu une croissance spectaculaire ces dernières années. Quelles stratégies ont été mises en place par le ministère pour attirer davantage d’investissements étrangers dans ce domaine ?

L’attractivité du Maroc repose sur un travail de longue haleine impliquant plusieurs départements ministériels. Pour attirer des investisseurs, il est essentiel de créer un environnement des affaires favorable, avec des infrastructures modernes, des compétences locales bien formées, et une réglementation alignée avec les normes internationales. L’industrie automobile a toujours été considérée comme un secteur stratégique, bénéficiant d’une feuille de route dédiée et de moyens spécifiques.

Les stratégies industrielles successives, telles que le Plan d’Émergence, le Pacte National pour l’Émergence Industrielle, le Plan d’Accélération Industrielle, et plus récemment, le Plan de Relance Industrielle post-Covid, ont toutes contribué à maintenir la compétitivité de la plateforme marocaine. En 2022, la nouvelle Charte de l’Investissement a été promulguée, offrant un cadre renforcé pour encourager les investissements, qu’ils soient domestiques ou étrangers.

Quels sont les défis actuels auxquels fait face l’industrie automobile au Maroc, notamment dans le contexte de la transition vers la mobilité électrique et durable ?

L’industrie automobile mondiale connaît des mutations profondes, notamment avec la transition vers la mobilité électrique et durable. Le Maroc n’échappe pas à ces transformations, et s’est déjà engagé sur cette voie. Cependant, ce virage nécessite des investissements majeurs dans les infrastructures de recharge, la production de batteries, et la mise en place de nouvelles normes. De plus, il est crucial de former les compétences nécessaires pour répondre aux exigences des nouveaux métiers liés à l’électromobilité.

Le Maroc a déjà prouvé sa capacité à produire des véhicules électriques compétitifs, adaptés aux besoins du marché international. Nos usines, qu’elles soient celles de Renault ou de Stellantis, sont parmi les plus performantes des deux groupes à l’échelle mondiale. En parallèle, grâce aux investissements dans les énergies renouvelables, le Maroc peut offrir une énergie propre et compétitive, soutenant ainsi la durabilité de ses usines.

La formation et le développement des compétences sont cruciaux pour accompagner la croissance du secteur. Comment le ministère collabore-t-il avec les institutions académiques et techniques pour former les talents de demain ?

Le capital humain est au cœur des stratégies de développement de l’industrie automobile marocaine. La création d’emplois pour les jeunes est une priorité du gouvernement. La formation des talents de demain repose sur une étroite collaboration entre le ministère, les acteurs industriels et les institutions académiques et techniques. Une cartographie des besoins en compétences a été réalisée afin de garantir une adéquation entre l’offre de formation et la demande des acteurs locaux.

Des initiatives telles que les Cités des Métiers et des Compétences, comme celle de Tanger, sont mises en place en partenariat avec l’OFPPT pour offrir des formations adaptées aux besoins de l’industrie automobile. Ces efforts ont permis d’atteindre un taux d’employabilité de plus de 90 % pour les jeunes formés dans nos instituts spécialisés.

Le Maroc s’efforce de se positionner comme un hub pour l’exportation automobile en Afrique et au-delà. Quels sont les projets ou initiatives en cours pour renforcer cette position sur le plan régional et international ?

Pour maintenir et renforcer la compétitivité de la plateforme industrielle automobile marocaine, plusieurs leviers sont mis en œuvre. La décarbonations, l’augmentation de l’intégration locale, et le développement des territoires sont des priorités. Bien que Casablanca et Tanger aient historiquement constitué les principaux pôles de l’industrie automobile, d’autres régions comme Kénitra, l’Oriental, et Agadir sont désormais en plein essor, avec des implantations industrielles majeures.

L’avenir du secteur automobile marocain repose sur une vision claire, portée par des investissements dans les technologies de pointe, des partenariats internationaux solides, et une main-d’œuvre hautement qualifiée. Le Maroc s’affirme ainsi comme un acteur incontournable sur la scène régionale et internationale.

Propos recueillis par Rachid Mahmoudi

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