Chakib Alj : « Faire de la Bourse un levier stratégique pour renforcer la souveraineté industrielle du Maroc »

Prenant la parole lors du lancement du nouveau programme de la Bourse de Casablanca dédié aux entreprises industrielles, Chakib Alj, président de la CGEM, a mis en exergue le rôle stratégique de la diversification des sources de financement. Selon lui, cet impératif constitue un levier essentiel pour accélérer l’industrialisation du Maroc et consolider sa souveraineté économique.

« L’industrie n’est pas seulement un secteur productif, elle est un secteur structurant », a rappelé Chakib Alj. Chaque investissement industriel génère des retombées positives sur l’ensemble de l’économie : transport, logistique, ingénierie, banque ou assurance. Selon lui, un emploi industriel crée deux emplois supplémentaires dans les services, illustrant ainsi le rôle multiplicateur de ce secteur.

Prenant l’exemple du phosphate, il a montré comment la valeur ajoutée est multipliée par cinq entre la roche brute et le produit exporté. « C’est cela, le sens profond de l’industrialisation : capter davantage de richesses locales, renforcer notre souveraineté et bâtir un avenir durable », a-t-il insisté.

Des avancées stratégiques grâce à la vision royale

Revenant sur les grandes réalisations du Royaume durant les 25 dernières années, le président de la CGEM a mis en avant le développement fulgurant de secteurs comme l’automobile, l’aéronautique et les énergies renouvelables.

« En 2025, le Maroc sera le premier producteur automobile en Afrique, devant l’Afrique du Sud et même l’Italie », a-t-il affirmé, rappelant que le taux d’intégration dans la filière atteindra 80 % d’ici 2030. Dans l’énergie, plus de 41 % de la capacité installée provient déjà des renouvelables, un atout qui permet d’attirer de nouveaux écosystèmes, notamment autour des batteries, de la mobilité électrique et de l’hydrogène vert.

Lever les obstacles et diversifier les financements

Malgré ces succès, Chakib Alj a souligné la nécessité de lever les freins qui entravent encore le développement industriel : formation, innovation, code du travail, certification administrative. Mais surtout, il a insisté sur l’importance d’une diversification des sources de financement, en plaçant la Bourse au cœur de cette stratégie.

« La Bourse n’est pas seulement un outil de financement, c’est un levier de transformation, de gouvernance et de compétitivité », a-t-il affirmé.

Un potentiel encore sous-exploité

Aujourd’hui, la capitalisation boursière au Maroc représente à peine 60 à 65 % du PIB, contre 120 % en moyenne dans les pays de l’OCDE. Moins de 80 entreprises sont cotées à Casablanca, dont seulement 30 industrielles. Pourtant, plus de 200 candidats potentiels ont été identifiés.

Les chiffres démontrent le potentiel de ce marché : en 2025, plus de 4,1 milliards de dirhams ont été levés, avec des émissions obligataires sursouscrites, traduisant un intérêt croissant des investisseurs.

Une transformation culturelle et stratégique

Au-delà du financement, la cotation en bourse permet aux entreprises de changer de culture : passer d’une logique patrimoniale à une logique de croissance partagée. Elle favorise également la gouvernance, la transparence et la reconnaissance du marché.

« Pour les entrepreneurs, c’est un moment particulier, une reconnaissance du travail accompli, et un moyen de valoriser et d’assurer la pérennité de leur entreprise », a déclaré le président de la CGEM.

Rachid Mahmoudi 

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