La normalisation au service de l’investissement performant

Le Maroc a engagé depuis plusieurs années une politique de développement basée sur les investissements étrangers et nationaux. L’investissement, en effet, est un excellent support stratégique pour la croissance économique et sociale. Toutefois, il ne peut jouer pleinement son rôle que par la mise en œuvre de cadres appropriés aux niveaux institutionnel, économique, législatif et réglementaire. Au-delà des avantages fiscaux, douaniers, réglementaires, appelés « Incitations à l’investissement », il est nécessaire de construire une infrastructure pour la qualité des produits et services adaptée aux différents secteurs. Cette infrastructure est l’un des piliers du cadre attractif à l’investissement que le gouvernement souhaite mettre en place puisqu’elle est le gage d’une bonne gouvernance institutionnelle des dynamiques du marché. Ces principes sont bien énoncés dans la charte de l’investissement et vise à garantir un « climat des affaires » sain, compétitif et transparent.

La normalisation comme outil des politiques publiques
Comme cela a été souligné en introduction, l’infrastructure qualité comprend le socle réglementaire et normatif qui compte pour le tissu industriel de notre pays. Les entreprises qui veulent mettre en œuvre une stratégie de R&D, qui projettent la réalisation d’un investissement productif, ou qui s’engagent dans une démarche d’innovation – qu’il s’agisse de l’introduction d’une innovation de procédé ou du lancement d’une innovation de produit ou de service – trouveront dans les normes un éclairage utile sur les applications et les enjeux technologiques et économiques, ainsi que des informations techniques et processuelles. La normalisation s’inscrit pleinement dans la « boîte à outils » des politiques publiques nationales en faveur de l’innovation et de la compétitivité des entreprises. Pour l’État et les collectivités territoriales, comme pour les organisations et entités au service de l’innovation et du développement des entreprises, les normes ainsi que les centres techniques permettent le partage et le transfert de technologie, dans le cadre de pôles de compétitivité et d’innovation.
Outil d’application volontaire, la norme est un document de référence établi par consensus entre les acteurs d’un marché et approuvé par un organisme reconnu, qui définit des règles et des caractéristiques applicables à leurs activités. Elle est non seulement un élément essentiel de la diffusion des technologies, mais aussi un facteur de compétitivité des entreprises qui auront su infléchir la normalisation vers leur propre standard. L’élaboration des normes constitue donc un véritable levier pour promouvoir l’innovation et améliorer les performances des entreprises. Elle est d’ailleurs l’objet d’une attention constante des pays dont l’industrie figure parmi les plus compétitives à l’échelle mondiale, car l’élaboration de normes communes est la garantie que le marché disposera d’une taille critique. Pour une entreprise, s’impliquer dans l’élaboration des normes, c’est se doter d’une capacité d’anticipation pour innover, faire évoluer ses produits et ses pratiques. Pour une PME, savoir exploiter ses opportunités s’avère très efficace. Les commissions de normalisation constituent également un poste d’observation privilégié pour connaître les évolutions du marché, identifier des pistes de développement et accéder à un vaste réseau de partenaires. La nécessité d’une meilleure implication des entreprises françaises dans les activités de normalisation a été mise en évidence à plusieurs reprises.

Les dimensions économiques et sociétales de la normalisation
En 2017, plus de 1.050 normes ont été adoptées par l’Institut de normalisation permettant ainsi de disposer d’une collection nationale de plus de 14.000 normes qui sont en large concordance avec les standards internationaux. Un chiffre toujours en deçà des benchmarks avec les pays qui ont réussi leur transformation et leur essor industriel. A ce titre, la Chine et la Turquie par exemple ont adopté et mis en application plus d’une centaine de milliers de normes. Ces pays ont pris acte très tôt de la nécessité absolue de la normalisation pour soutenir le développement rapide de l’industrie nationale. En Turquie, les normes couvrent plus de 70% des produits importés au pays ; ce qui limite l’inondation du marché en produits non conformes et protège l’industrie nationale.
Le développement d’innovations technologiques doit répondre simultanément à deux types d’attentes sociétales apparemment contradictoires : d’une part, l’aspiration au progrès source de valeur, d’emplois et de bien-être ; d’autre part, le besoin de sécurité et de régulation. Les normes et les réglementations permettent un encadrement institutionnel, légal ou réglementaire, pour assurer (ou restreindre) le déploiement des technologies de façon compatible avec l’intérêt général, et avec un consensus suffisant des publics concernés. A titre d’exemple, les sujets liés aux biotechnologies, la protection de la vie privée dans le contexte du développement des TIC, la sécurité et de l’efficacité des médicaments, la production de biocarburants et l’utilisation croissante des énergies renouvelables illustrent le poids croissant de la dimension sociétale dans le déploiement des normes et réglementations. Ces dernières assurent un équilibre entre les différents intérêts en créant les conditions d’une régulation consensuelle.

Un enjeu majeur de compétitivité
La mondialisation, élément de contexte incontournable, a mis à rude épreuve le tissu industriel le moins performant de notre pays. Les atouts du Maroc à l’exportation reposent principalement sur les matières premières ou produits faiblement valorisés. Le plan d’accélération industrielle a permis de hisser quelques secteurs technologiques pour leur permettre de disposer d’une image forte en termes de compétitivité, mais l’innovation reste faiblement mise en valeur. Le renforcement de la R&D des entreprises et l’innovation sont donc au cœur de la compétitivité, et doivent permettre à notre pays de relever les défis du futur. Le savoir-faire national doit être renforcé et transcrit dans de nouvelles normes. L’industrialisation du Maroc ne pourra pas se faire sans cocher cette case, nous avons besoin de développer sur les différents territoires des activités de R&D, et développer de nouveaux types de services qui concourent à la création d’activité et améliorent notre balance commerciale, réindustrialiser en s’appuyant sur des technologies qui améliorent la compétitivité tout en permettant de créer des emplois et de la valeur sur le territoire national dans le respect des normes, réglementations et engagements régionaux et internationaux du Maroc.

LAISSER UN COMMENTAIRE

Please enter your comment!
Please enter your name here