Lors du forum ClimAfrica, organisé au Maroc, Mme Ko Barrett, Secrétaire générale adjointe de l’Organisation météorologique mondiale, a salué le rôle du Royaume dans la promotion de l’action climatique à l’échelle du continent, notamment dans les domaines des énergies renouvelables et de la finance verte.
« Nous remercions le gouvernement du Maroc pour son leadership et pour avoir accueilli cette rencontre d’envergure, qui réunit la communauté météorologique africaine autour d’un même objectif : bâtir une Afrique plus résiliente face au changement climatique », a déclaré Mme Barrett en ouverture de son intervention.
Renforcer les services météorologiques nationaux pour une meilleure résilience
La responsable onusienne a rappelé que des services météorologiques et hydrologiques nationaux solides et bien dotés constituent « le socle de la résilience climatique ». Elle a, à cet égard, salué la réforme institutionnelle ambitieuse engagée par la Direction de la météorologie nationale du Maroc, appelée à devenir un établissement public autonome afin de mieux remplir son mandat.
L’OMM soutient pleinement cette transition, a-t-elle affirmé, tout en encourageant les autres services météorologiques africains à renforcer leurs capacités pour assurer des services fiables et accessibles.
Des priorités claires pour l’Afrique : alerte précoce, innovation et financement
Mme Barrett a insisté sur trois priorités essentielles pour l’Afrique :
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Le développement de systèmes d’alerte précoce multirisques ;
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L’innovation et la transformation numérique ;
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Les partenariats pour le financement de la résilience.
Elle a souligné que ces axes visent avant tout à sauver des vies, protéger les moyens de subsistance et favoriser un développement durable et inclusif.
Le programme mondial « Alerte précoce pour tous », porté par l’OMM, a déjà permis une augmentation de 130 % du nombre de pays dotés de systèmes d’alerte entre 2015 et 2024. En Afrique, 23 pays disposent aujourd’hui de dispositifs fonctionnels, tandis que 44 utilisent le protocole d’alerte commun pour diffuser les avertissements climatiques.
La transformation numérique, levier de progrès
Mme Barrett a mis en avant la révolution numérique qui transforme la chaîne de valeur de l’information climatique en Afrique. L’intelligence artificielle, les données massives et les plateformes mobiles permettent désormais de fournir des informations personnalisées et accessibles, qu’il s’agisse de conseils aux agriculteurs, de prévisions sanitaires ou de planification urbaine durable.
En 2025, l’OMM a soutenu 44 institutions africaines dans la modernisation de leurs services, tandis que 70 % des pays du continent utilisent désormais Klimweb, la plateforme open source développée par l’organisation. De plus, 1 000 nouvelles stations d’observation ont rejoint le réseau mondial ces deux dernières années, faisant de l’Afrique l’une des régions les plus dynamiques en matière d’amélioration de la couverture climatique.
Des partenariats et des financements innovants
La Secrétaire générale adjointe a également évoqué le rôle central des partenariats régionaux et Sud-Sud, soulignant que « le climat, l’eau et le temps ne connaissent pas de frontières nationales ».
Elle a cité le Systematic Observations Financing Facility (SOF), qui soutient actuellement 24 pays africains avec plus de 60 millions de dollars de financement approuvés. Ce mécanisme introduit un nouvel instrument financier, le SOF Impact Bond, dont l’objectif est de mobiliser des ressources supplémentaires pour multiplier par cinq le volume de données climatiques partagées par les pays africains. Ce dispositif sera officiellement présenté lors de la COP30 à Belém.
L’Afrique, région de solutions et de leadership
En conclusion, Mme Barrett a lancé un appel à l’action, invitant les gouvernements, les bailleurs et le secteur privé à considérer la résilience climatique non pas comme un coût, mais comme un investissement dans la stabilité et le développement durable.
« L’Afrique n’est pas seulement une région de vulnérabilité, mais une région de solutions, de talents et de leadership. Ensemble, nous devons accélérer les systèmes d’alerte, renforcer les services météorologiques et soutenir la transformation numérique pour bâtir un avenir collectif, plus sûr et plus résilient », a-t-elle affirmé.
L’Organisation météorologique mondiale réaffirme ainsi son engagement aux côtés des pays africains pour transformer les défis climatiques en opportunités et construire un continent mieux préparé face aux aléas du climat.
Rachid MAHMOUDI






























