L’initiative de créer un cluster dédié à l’efficacité énergétique est née en 2013, en marge d’une cérémonie de signature d’une convention entre un partenaire économique de la région Chaouia-Ourdigha et l’Université Hassan Ier de Settat.
« Il n’a pas été difficile de fédérer et de réunir le noyau dur pour démarrer le cluster, car ce dernier est né d’une contrainte énergétique commune qu’il fallait résoudre et maîtriser dans le temps », indique Rachid Naanani, Président du Cluster EMC.
Une contrainte énergétique nationale qui rentre également dans le cadre de la compétitivité de l’industrie marocaine et pour laquelle, « il faut toujours penser à être efficace avant d’être efficient.» Et ce n’est pas tout. « Notre cluster se veut non seulement pour l’efficacité énergétique dans le secteur industriel, mais aussi pour atteindre le grand public, car il y a un gaspillage énorme au niveau de la construction.
Nous traitons la problématique de l’efficacité énergétique de l’amont industriel ou ingénierie-architecture jusqu’au consommateur final », affirme M. Naanani, qui met l’accent par ailleurs sur les mauvaises pratiques cumulées à ce niveau. L’une des premières actions à entreprendre dans ce cadre consiste d’ailleurs en la formation et la sensibilisation.
Démarrage et actions:
Les conditions de succès de la création d’un cluster étant là, le démarrage de l’EMC n’a pas été chose complexe. « La création de tout cluster nécessite une masse critique, chose dont nous disposions.
Il y a en effet des opérateurs dans la branche des matériaux de construction dans la région Chaouia-Ourdigha qui représente un hub des matériaux de construction », souligne Rachid Naanani.
En effet, plus de la moitié de la capacité de production des matériaux de construction au Maroc s’étale sur un rayon de 30 ou 40 km au niveau de cette région.
Depuis sa création, un bon nombre d’actions figure d’ores et déjà parmi les activités du cluster EMC. « Nous avons déjà fait une première action dans le cadre du forum Bativert en novembre 2014, qui a connu le lancement officiel de Construction 21 au Maroc.
Le Royaume est devenu alors le premier pays africain à rejoindre cette plateforme européenne. » D’autres projets ? « Nous sommes en phase de concrétisation de notre premier plan d’action triennal, tout en nous basant sur un plan organisationnel et en travaillant en termes de synergies », répond Rachid Naanani.
Dans ce cadre figure d’ailleurs un programme de formation à l’efficacité énergétique des bâtiments, prévu à l’Université Hassan 1er de Settat, en partenariat avec l’ADEREE (Agence Nationale pour le Développement des Energies Renouvelables et de l’Efficacité Energétique) et l’ADEME (Agence De l’Environnement et de la Maîtrise de l’Energie).
Réglementation en vue:
Le cadre réglementaire et législatif se met aujourd’hui petit à petit en place pour le secteur des matériaux de construction.
Pour rappel, le code de l’efficacité énergétique dans le bâtiment a été promulgué en novembre 2013 et publié dans le Bulletin Officiel en novembre 2014.
Ce code sera d’application obligatoire à partir de novembre 2015, ce qui mènera les industriels marocains à mettre en avant une offre de produits répondant à cette réglementation.
« La contrainte réglementaire devient une opportunité pour nous.
A partir de novembre 2015, nous serons amenés à répondre à des exigences concernant la conductivité thermique des matériaux, qui doit alors être mesurée au niveau d’un laboratoire agréé », indique M. Naanani.
Ce dernier avance en effet la création d’un premier laboratoire de caractérisation thermique des matériaux, qui aura trois partenaires : le Cluster EMC, le laboratoire CETEMCO et l’Université Hassan Ier de Settat. Et d’ajouter : « Ce projet que nous allons réaliser sera le premier du genre.
Il s’agira d’un laboratoire spécialisé public-privé qui sera hébergé à l’université et qui sera un prestataire de services, non seulement pour les membres du cluster, mais également pour tous les opérateurs. »
Un cluster, une finalité:
Si le cluster EMC s’implique dans l’efficacité énergétique, c’est pour un objectif commun d’ordre national.
« Notre principale orientation est de trouver ce que nous pouvons faire pour attirer les personnes à travailler et à penser ensemble sur la thématique de l’efficacité énergétique de l’amont à l’aval, et ce pour un but ultime : créer un capital immatériel commun », affirme Rachid Naanani.
Une expérience qui pourrait, selon ce dernier, être répliquée en Afrique par exemple, quand les industriels marocains deviendront assez soucieux de leur consommation des ressources énergétiques.
Et de conclure :
« notre richesse, c’est notre sensibilité et notre conscience de notre efficacité énergétique, qui pourra donc constituer un capital immatériel dans notre pays.
Il ne suffit pas d’avoir une ressource en abondance, mais surtout savoir gérer cette ressource.