DIASPORA – Le président de la Commission Spéciale du Modèle de Développement (CSMD), Chakib Benmoussa, a tenu, le 20 février 2020 à Paris, une réunion d’écoute avec des Marocains de la diaspora installés en France, destinée à dégager des pistes de réflexion et de nourrir avec des propositions concrètes, le débat, actuellement en cours sur le nouveau modèle de développement voulu par SM le Roi Mohammed VI.
Cette réunion d’écoute, la première du genre hors du Maroc, sera suivie par d’autres rencontres avec la diaspora marocaine. Elle s’est déroulée en présence de plusieurs compétences marocaines et d’acteurs associatifs établis en France.
La CSMD mène depuis le 02 Janvier dernier, des consultations avec diverses représentations sociales et politiques de la scène nationale. Pendant la durée de sa mission, elle souhaite contribuer à la création d’un « débat public et participatif » dans un climat de « transparence et d’ouverture ». D’où l’implication des Marocains du Monde à ce débat.
Lors de la réunion de Paris, qui s’est déroulée en présence du PDG de l’Office Chérifien des Phosphates, Mostafa Terrab, par ailleurs membre de la CSMD, le président de la CSMD, après avoir donné un aperçu de la mission conférée à la Commission, a tenu à souligner qu’il ne peut y avoir de modèle de développement sans l’implication de l’ensemble des acteurs, affirmant qu’un ensemble de mécanismes a été mis en place pour que « cette co-construction puisse s’installer sur le terrain ».
Ainsi, une série de réunions d’écoute a été initiée depuis la mise en place de la commission qui a été élargie à plusieurs acteurs, a dit Chakib Benmoussa. Des visites de terrain ont été également effectuées notamment à Taroudant et demain à Chaouen. L’objectif est d’aller dans les petites localités à la rencontre des gens pour récolter leur vision du modèle de développement qu’ils souhaitent pour le pays et écouter leurs avis et propositions.
Des rencontres citoyennes pour une approche participative
Le président de la CSMD a également mentionné le démarrage récemment de rencontres citoyennes où les gens ont été invités à s’inscrire et où une centaine de participants ont été sélectionnés sur la base de critères pour donner leur point de vue. Cet exercice a été monté à Larache et sera élargi à d’autres villes ou localités du Maroc, a expliqué Chakib Benmoussa.
Le président de la CSMD a, dans ce contexte, formé le vœu que les associations comme celles présentes à la rencontre de Paris puissent organiser des séances dites de « labellisation » dont le résultat des débats sera soumis à la commission. Il a indiqué dans ce contexte que le site Web de la CSMD comportera « une rubrique de contributions directes », destinées à participer à l’émergence de ce modèle de développement.
S’agissant de la contribution des Marocains du monde à l’émergence du nouveau modèle de développement, le président de la CSMD a mis l’accent sur le concept de « Co-construction ». « Les Marocains du monde représentent 15 pc de la population. C’est un gisement immense de compétences. Cette diaspora, passerelle entre le pays d’origine et celui d’accueil, contribue, certes, à l’émergence du Maroc, mais elle a des demandes qui lui sont spécifiques », d’où l’intérêt de l’écouter, de recueillir sa vision et de solliciter son point de vue.
Mais, « au-delà des attentes propres de cette catégorie de la population marocaine, il y a cette idée de contribuer directement à l’élaboration de ce modèle. En plus de l’économie, il y a aussi la dimension d’accompagnement du fait que cette expérience vécue et différente peut être intéressante pour le Maroc par rapport à cette projection vers l’avenir », a dit Chakib Benmoussa.
« Nous pensons que les Marocains du monde peuvent être une partie de la réponse du modèle de développement », a-t-il affirmé. « La conviction de la commission est que plus le modèle arrivera à être co-construit et à être approprié par les Marocains du Monde plus le modèle pourra atteindre ses objectifs ».
Le président de la CSM a annoncé dans ce contexte que d’autres rencontres auront lieu avec les membres de la commission, invitant les représentants des associations marocaines de réfléchir aux sujets sur lesquels ils souhaitent intervenir.
Cette première rencontre d’écoute avec les Marocains du monde a été l’occasion pour plusieurs compétences et acteurs associatifs marocains établies en France de présenter leur vision du modèle de développement, comment entendent-ils y contribuer en mettant à la disposition de leur pays d’origine les expériences acquises en terre étrangère, tout en pointant du doigt les lacunes et faiblesses de l’actuel modèle économique et social.
S’inspirer de modèles économiques réussis de par le monde comme celui de Singapour ou de l’Inde, valoriser l’apport de la société civile et la rendre partie prenante de cette co-construction du modèle de développement, renforcer et encourager les PME, rendre le Maroc champion dans le domaine industriel et numérique, développer l’aérien dans les différentes régions du Maroc, mettre en place de grands projets à forte valeur ajoutée et à fort impact sur la création d’emploi et créer de la richesse, mettre en place un Fonds d’investissements pour la diaspora, mieux vendre le Maroc à l’international… Autant de pistes avancées par les Marocains du monde lors de cette rencontre.
La fuite des cerveaux et de la recherche des compétences au cœur du débat
La question de la fuite des cerveaux et de la recherche des compétences là où elles se trouvent et comment les convaincre de retourner au Maroc, a été également soulevée lors de cette réunion d’écoute, aux côtés de la question du droit de vote des MRE. D’autres voix se sont aussi élevées pour évoquer les questions liées à l’investissement au Maroc dans le sens de la simplification des procédures pour les MRE.
Donner voix à la jeunesse, lui redonner confiance en la politique, l’encadrer contre toutes les dérives, l’accompagner, lui garantir l’éducation et la formation et l’intégrer dans le système économique, mettre en place des programmes d’accompagnement de l’entrepreneuriat chez les jeunes dès le collège et le lycée dans toutes les régions, sont autant de questions soulevées lors de cette rencontre.
Par ailleurs, les Marocains de France présents à cette rencontre d’écoute ont été unanimes à souligner la nécessité de fédérer la diaspora marocaine qui est « un grand gisement de compétences ». Pour cela, certains intervenants ont proposé de s’inspirer de modèles réussis de plusieurs pays et d’organiser une journée mondiale de la diaspora, alors que d’autres ont proposé de créer une plateforme des initiatives et actions déjà existantes.
Clôturant cette rencontre, Mostafa Terrab a affirmé que « les Marocains du Monde et les Marocains du Maroc doivent apprendre à se connaitre », et transcender « ce choc des cultures » qu’il a appelé à démystifier. « Nous sommes tous des Marocains. Et, au niveau de la commission, la dimension de la diaspora est importante car les Marocains de l’étranger sont de véritables créateurs de richesses », a-t-il dit.
Des projets ont été présentés lors de cette rencontre et leurs porteurs sont à la recherche de liens concrets avec le Maroc. « Comment traduire dans la réalité toutes ses idées qui existent aussi bien au sein de la diaspora qu’au Maroc mais qui ne trouvent pas de liens ? C’est l’un des principaux points sur lesquels planche la commission », a affirmé Mostafa Terrab.
Les idées issues des différentes réunions d’écoute tenues par la CSMD convergent vers la nécessité de l’émergence d’un « troisième secteur ». « Un secteur qui ne doit dépendre ni du public ni du privé, mais qui travaillera en synergie avec eux. Un secteur qui doit être plein et fort de lui-même et où tous ces projets vont trouver vie », a dit M. Terrab pour qui « donner place à ce troisième secteur fait partie de ce nouveau modèle de développement que l’on veut pour notre pays ».