L’émergence de DeepSeek, la start-up chinoise qui bouscule les leaders mondiaux de l’intelligence artificielle avec son modèle innovant DeepSeek-R1, suscite des interrogations bien au-delà des frontières asiatiques. Cet événement marque une étape dans la montée en puissance des acteurs technologiques non occidentaux. Face à cette avancée, le Maroc, porté par sa dynamique numérique, doit saisir l’opportunité de tirer des enseignements et d’ajuster ses ambitions, selon Redouane El Haloui, président de l’APEBI, la Fédération marocaine des technologies de l’information, des télécommunications et de l’offshoring. Il nous livre sa vision sur les implications de cette révolution technologique pour le Royaume.
Pour M. El Haloui, l’ascension de DeepSeek rappelle l’importance d’investir dans l’innovation locale pour renforcer la résilience des entreprises marocaines. « Les entreprises Tech marocaines, historiquement résilientes face aux défis économiques et technologiques, doivent aujourd’hui capitaliser sur cet exemple pour viser des ambitions internationales », explique-t-il. Il insiste sur la nécessité de soutenir les petites et moyennes entreprises technologiques, véritables piliers de la transformation numérique nationale. Pour lui, en renforçant leurs capacités et en favorisant un écosystème propice à l’innovation, le Maroc pourra consolider sa position sur l’échiquier mondial.
Collaborations internationales : une voie à explorer
DeepSeek illustre également l’efficacité des partenariats stratégiques et des ressources optimisées. Pour le président de l’APEBI, le Maroc pourrait s’inspirer de ce modèle en misant sur des alliances Sud-Sud, notamment avec des leaders asiatiques. Ces collaborations permettraient d’intégrer l’intelligence artificielle dans des secteurs clés tels que l’agriculture, l’industrie et les services publics.
Garantir la souveraineté numérique : un impératif stratégique
Face à l’émergence de nouveaux leaders comme DeepSeek, Redouane El Haloui attire l’attention sur l’urgence de garantir la souveraineté numérique du Maroc. Cela passe par le développement de solutions locales adaptées aux besoins du pays et par le renforcement des infrastructures critiques, comme les data centers souverains. « En investissant dans des data centers souverains et en promouvant la création de technologies locales, nous pouvons garantir notre indépendance tout en renforçant la confiance des entreprises et des institutions », souligne-t-il. Cette démarche est indispensable pour éviter toute dépendance excessive à l’égard de solutions externes.
Le Maroc, hub technologique régional
Depuis plusieurs années, l’APEBI œuvre pour positionner le Maroc comme un acteur clé du numérique en Afrique. Avec des initiatives comme le plan Digital Morocco 2030 ou des événements d’envergure comme le GITEX Africa, le Royaume dispose d’atouts stratégiques pour devenir une passerelle technologique entre l’Europe, l’Afrique et d’autres régions du monde. « Notre position géographique et notre dynamique numérique nous permettent de jouer ce rôle de hub technologique régional », affirme M. El Haloui, qui voit en cette ambition un levier pour attirer investissements et talents.
En conclusion, le président de l’APEBI souligne que cette révolution mondiale portée par DeepSeek conforte la vision de la Fédération et de ses partenaires, à savoir investir dans l’innovation, soutenir les talents et garantir une souveraineté numérique. « Le Maroc dispose des atouts nécessaires pour s’imposer comme un acteur majeur dans le domaine de l’intelligence artificielle, à condition de maintenir cette dynamique collective », conclut-il.
Dans un contexte où les équilibres technologiques mondiaux évoluent rapidement, le Maroc a toutes les cartes en main pour se positionner comme un leader en Afrique et au-delà. Encore faut-il capitaliser sur ses forces et saisir les opportunités offertes par ce nouvel ordre numérique mondial.
Désiré Beiblo