Des réactions à Bruxelles et le silence à Paris après l'arrestation à Tanger d'un Franco-Algérien recherché par Interpol
Cette arrestation, saluée pour son efficacité, confirme la place stratégique du royaume dans les dispositifs de sécurité euro-méditerranéens.

L’arrestation d’un Franco-Algérien de 32 ans, à Tanger, le 7 octobre 2025, recherché par Interpol, a suscité des échos contrastés entre l’Europe du Nord et le Maghreb. Si la presse au Maroc a relayé cette opération exemplaire, la France, pays émetteur du mandat d’arrêt, reste silencieuse, tandis que la Belgique s’y intéresse de près en raison du profil de la victime.

L’interpellation a eu lieu à l’aéroport Ibn Battouta de Tanger, où les services de la Sûreté nationale ont identifié l’individu grâce au pointage dans la base de données d’Interpol. L’opération, menée en coordination avec le Bureau central national d’Interpol à Paris, a permis d’exécuter une notice rouge émise par la France pour enlèvement, séquestration et menaces de mort.

Selon les éléments publiés par la DGSN et relayés par Le360 et H24info, le suspect aurait enlevé un citoyen belge à Bruxelles en 2024 avant de le transférer et de le retenir en France. Ce scénario s’inscrit dans un règlement de comptes entre réseaux de trafic international de stupéfiants, un schéma criminel désormais classique reliant la Belgique, la France et le nord du Maroc.

Placé en garde à vue à Tanger, le suspect fait désormais l’objet d’une procédure d’extradition vers la France, conformément aux accords bilatéraux entre Rabat et Paris. Le Bureau Interpol-Rabat a d’ailleurs déjà notifié son homologue français.

Silence en France, prudence diplomatique

Fait notable : aucune réaction officielle n’a été enregistrée côté français. Ni le ministère de l’Intérieur ni les autorités judiciaires n’ont commenté publiquement cette arrestation. Une réserve qui contraste avec d’autres cas récents, où Paris avait salué la coopération marocaine après l’arrestation de ressortissants recherchés pour des affaires plus médiatisées, notamment liées au terrorisme ou aux crypto-arnaques.

Cette absence de communication s’explique sans doute par la nature purement judiciaire et criminelle de l’affaire, sans portée politique ou sécuritaire directe. Le dossier relève du narcobanditisme transfrontalier, un phénomène traité avec une relative discrétion, notamment lorsqu’il implique des ressortissants d’origine multiple. Dans les coulisses, des échanges soutenus se poursuivent entre les services français et marocains, mais sans exposition médiatique particulière.

En Belgique, un intérêt marqué mais sans polémique

C’est en Belgique, où l’enlèvement d’origine s’est produit, que l’affaire a trouvé le plus d’écho médiatique. Le quotidien flamand Het Laatste Nieuws (HLN) a titré :

« L’auteur de l’enlèvement dans le milieu de la drogue à Bruxelles arrêté au Maroc »,
soulignant le caractère transnational de l’affaire.

La presse belge met en avant le lien entre cette arrestation et les violences qui secouent le milieu du trafic de drogue à Bruxelles et à Anvers, deux villes confrontées à une recrudescence d’actes violents liés au narcobanditisme. Toutefois, du côté des autorités, aucune déclaration officielle n’a été émise : la justice belge laisse la France piloter l’extradition et les poursuites, tout en restant impliquée en tant que partie à l’enquête initiale.

Une coopération sécuritaire qui confirme la crédibilité du Maroc

Pour le Maroc, cette arrestation illustre une nouvelle fois la solidité de sa coopération policière et judiciaire internationale, en particulier avec les pays européens.
Ces dernières années, le royaume s’est imposé comme un partenaire de confiance d’Interpol et de l’Union européenne dans la traque des criminels en fuite, qu’il s’agisse de trafiquants, de cybercriminels ou de fugitifs recherchés pour des faits graves.

Cette affaire franco-belgo-marocaine s’ajoute à une série d’interpellations similaires opérées sur le sol marocain, témoignant d’une coopération transnationale fluide et opérationnelle, soutenue par une infrastructure sécuritaire modernisée et des procédures d’échange d’informations rodées.

Un succès discret mais révélateur

Si l’affaire n’a pas défrayé la chronique à Paris, elle souligne toutefois une réussite technique et diplomatique : celle d’une collaboration efficace entre services marocains et européens, fondée sur la confiance mutuelle. Au-delà du fait divers criminel, cette interpellation illustre le rôle croissant du Maroc comme plateforme sécuritaire et judiciaire dans l’espace euro-méditerranéen, capable de neutraliser des fugitifs à la demande de pays partenaires.

Dans un contexte de criminalité organisée de plus en plus transfrontalière, cette coopération opérationnelle démontre que le royaume, loin d’être une simple zone de transit, agit désormais comme un acteur central de la sécurité régionale.

Hakim Farès

LAISSER UN COMMENTAIRE

Please enter your comment!
Please enter your name here