Après avoir reporté de 30 jours l’application des nouveaux droits de douane, Donald Trump a finalement concrétisé sa menace le mardi 4 mars en mettant en œuvre les taxes sur les importations en provenance du Canada, du Mexique et de la Chine. Cette décision marque une intensification de la guerre commerciale menée par l’administration Trump et a déjà suscité des ripostes rapides de la part de Pékin et d’Ottawa.
Depuis le 4 mars, les importations des États-Unis en provenance du Canada et du Mexique sont désormais soumises à une taxe de 25%, à l’exception des hydrocarbures canadiens, taxés à 10%. Ces droits de douane affectent environ 918 milliards de dollars d’échanges commerciaux et sont perçus comme une réponse directe à ce que Donald Trump considère comme l’inaction du Canada et du Mexique face au trafic de fentanyl, une drogue qui a dévasté le pays. Le président américain a affirmé qu’il n’y avait plus “de marge de manœuvre” pour ces deux nations, insistant sur le fait que les droits de douane étaient désormais une réalité incontournable.
Une escalade avec la Chine
Simultanément, la Chine, déjà frappée par des droits de douane américains, a vu ses taxes augmenter de 10% à 20%, comme le stipule un décret signé par Trump le 3 mars. Cette mesure vise à augmenter la pression sur Pékin concernant le fentanyl et d’autres questions commerciales. En réponse, la Chine a réagi dès le 4 mars en annonçant des taxes sur une série de produits agricoles américains, allant du soja au poulet, et a qualifié la décision américaine de “unilatérale”. La riposte chinoise pourrait affecter gravement les exportations américaines vers le marché asiatique.
Réactions internes et impact sur l’économie américaine
L’annonce de ces nouvelles taxes a déclenché une série de réactions internes aux États-Unis. Le Conseil des entreprises Chine-Etats-Unis, regroupant plus de 270 entreprises américaines, a exprimé sa préoccupation, estimant que ces droits de douane nuiraient à la compétitivité mondiale des entreprises américaines. De plus, plusieurs indices de confiance des consommateurs ont plongé en raison des craintes d’une hausse de l’inflation, déjà difficile à maîtriser par la Réserve fédérale. La Fédération nationale du commerce de détail a averti que ces taxes entraîneraient une augmentation des prix pour les consommateurs américains, affectant directement leur pouvoir d’achat.
Une guerre commerciale aux conséquences incertaines
Si Trump justifie ces taxes comme un moyen de “rééquilibrer” la balance commerciale et de défendre les intérêts américains, le climat économique américain commence à se tendre. Les prévisions économiques, notamment celles de la Fed d’Atlanta, prévoient une contraction importante de la croissance pour le premier trimestre 2025. Ce ralentissement pourrait se traduire par une baisse des dépenses de consommation, essentielles pour soutenir l’économie du pays.
Le président américain, qui avait promis de réduire les prix pour les consommateurs, pourrait se retrouver confronté à une situation paradoxale. En effet, les augmentations de prix dues aux taxes sur les importations risquent de compromettre son principal argument électoral : l’amélioration du pouvoir d’achat des Américains.
Des droits de douane ciblés et potentiellement durables
La guerre commerciale de Trump ne se limite pas seulement aux importations canadiennes, mexicaines et chinoises. Le président a également exprimé son intention d’étendre ces taxes à l’acier, l’aluminium, et même aux produits issus de la sylviculture. La taxation des produits agricoles, prévue pour entrer en vigueur le 2 avril, pourrait marquer une nouvelle phase dans cette guerre économique, et la décision de Trump d’étendre les taxes à d’autres secteurs pourrait avoir des répercussions à long terme sur l’économie mondiale.
Les nouvelles mesures de Donald Trump contre ses principaux partenaires commerciaux représentent un pari risqué. Si ces taxes ont pour objectif de faire pression sur le Canada, le Mexique et la Chine, elles risquent également d’impacter gravement les consommateurs américains et de créer des tensions économiques supplémentaires à l’échelle mondiale.