Le secteur textile au Maroc connaît des transformations significatives, reflétant l’ambition du Royaume de renforcer sa position en tant que pôle industriel compétitif sur les plans régional et mondial. Ces évolutions découlent d’une série de rencontres stratégiques avec des investisseurs internationaux, notamment chinois, visant à renforcer la coopération dans ce secteur clé, qui emploie des centaines de milliers de personnes et constitue un pilier essentiel de l’économie nationale.
Dans ce contexte, Mohcine Jazouli, ministre de l’Investissement, de la Convergence et de l’Évaluation des politiques publiques, a tenu une réunion stratégique le 26 septembre 2024 avec une délégation du Conseil national chinois du textile et de l’habillement, présidée par son vice-président Xu Yingxin. Cette réunion a permis d’explorer les opportunités de coopération entre le Maroc et la Chine dans le secteur textile.
Lors de cette rencontre, Anas Al-Ansari, président de l’Association marocaine des industries du textile et de l’habillement (AMITH), a accordé une interview exclusive à Industrie du Maroc, dans laquelle il a dévoilé les plans futurs visant à dynamiser ce secteur vital au Maroc.
Lire aussi|Taha Ghazi : « Le secteur croise les doigts pour que 2024 soit aussi meilleur »
Développement du secteur et sa contribution à l’économie
Al-Ansari a commencé par souligner les importantes évolutions qu’a connues l’industrie textile au Maroc, indiquant que le secteur avait employé environ 200 000 personnes en 2021. Ce chiffre a connu une croissance notable, atteignant 220 000 en 2022, soit une augmentation de 9 %. D’ici la fin de l’année 2024, il est prévu que ce nombre atteigne 235 000, représentant ainsi une croissance supplémentaire de 7 % en un an.
Ce développement rapide reflète, selon Al-Ansari, le succès de la stratégie nationale de promotion de l’emploi, en particulier dans le secteur textile. « L’industrie textile et de l’habillement au Maroc joue un rôle crucial dans la création d’emplois et la croissance économique. Le développement de ces dernières années montre à quel point le Maroc est attractif pour les investisseurs internationaux, étant donné son statut de porte d’entrée stratégique vers les marchés africains et européens », a-t-il expliqué.
Opportunités d’investissement prometteuses avec la Chine
Un point clé abordé par Al-Ansari lors de son intervention a été la réunion récente avec une délégation d’investisseurs chinois de premier plan. Il a précisé que cette rencontre était le résultat d’efforts intensifs entamés fin 2023, dans le cadre de discussions de haut niveau entre les responsables marocains et chinois, visant à attirer des investissements chinois au Maroc.
Al-Ansari a indiqué que « les investissements chinois dans le secteur textile marocain ne se limiteront pas à la création de nouvelles usines, mais incluront également le transfert de technologies et le développement des compétences locales. La Chine, en tant que l’un des plus grands producteurs de matières premières au monde, pourrait contribuer à une avancée majeure si nous réussissons à fabriquer ces matières premières au Maroc. »
Les investissements chinois annoncés s’élèvent à environ 300 millions de dirhams, avec l’objectif de créer 2 000 emplois d’ici la fin 2025. Al-Ansari a également révélé la signature d’accords d’investissement avec des partenaires chinois, visant à développer les chaînes de production dans les secteurs du filage et du tissage. Il a souligné l’intérêt croissant des investisseurs chinois pour le Maroc, en raison de sa position géographique stratégique et de sa proximité avec les marchés européens et africains.
Défis et opportunités pour la production locale de matières premières
L’un des principaux défis du secteur textile marocain est la forte dépendance à l’égard des importations de matières premières, avec environ 85 % des intrants provenant de pays comme la Chine, la Turquie ou le Portugal. Cette dépendance constitue une contrainte en termes de coûts et de compétitivité.
Al-Ansari a expliqué : « Notre objectif stratégique est de réduire cette dépendance en produisant localement les matières premières. Nous voulons aller au-delà de la simple confection de vêtements pour produire des textiles complets au Maroc, du tissage à la fabrication finale. Cela nécessite le développement d’un écosystème industriel intégré couvrant toutes les étapes de la production. »
Pour y parvenir, l’AMITH encourage les investissements dans ce domaine à travers des partenariats internationaux, notamment avec la Fédération portugaise du textile, facilitant ainsi le transfert de technologies et l’investissement au Maroc. Selon Al-Ansari, ces partenariats représentent une étape cruciale pour atteindre une autonomie industrielle dans le secteur textile, renforçant ainsi la compétitivité internationale du Maroc.
Malgré les défis auxquels le secteur est confronté, l’avenir semble prometteur, a affirmé Al-Ansari. « Le Maroc possède tous les atouts nécessaires pour réaliser un bond qualitatif dans l’industrie textile, que ce soit par sa situation géographique stratégique ou ses accords de libre-échange avec des marchés mondiaux clés comme l’Union européenne et les États-Unis. Si nous parvenons à produire les matières premières localement, nous pourrons augmenter nos exportations et élargir notre présence sur les marchés mondiaux, y compris les marchés africains en plein essor. »
Soutien gouvernemental et volonté commune
Al-Ansari a remercié le gouvernement marocain, représenté par le ministère de l’Investissement et celui de l’Industrie, pour son soutien constant au secteur. Il a souligné que « les efforts conjoints du gouvernement, de l’AMITH et du secteur privé nous mèneront à la réalisation de nos objectifs ambitieux. Le Maroc dispose d’une infrastructure de qualité et d’une position géographique idéale. Il ne nous reste plus qu’à exploiter ces atouts pour réussir. »
Rachid Mahmoudi