En marge de la 3e édition du Gitex Africa, le président de l’Africa Data Protection, Jules Hervé Yimeumi, nous a accordé une interview exclusive.
1. Qu’est-ce qui a motivé la participation d’Africa Data Protection à cette édition du GITEX Africa ?
Ayant participé à la deuxième édition du GITEX Africa, nous nous sommes rendu compte que c’est véritablement l’événement de référence pour la tech, les startups et l’innovation sur le continent africain. Il offre une plateforme unique de visibilité, de collaboration et de partage de connaissances. C’est ce rayonnement et cette capacité à rassembler les acteurs clés de l’écosystème numérique africain qui ont motivé notre participation. Pour nous, c’était aussi l’occasion de réaffirmer notre engagement à accompagner la transformation numérique du continent dans le respect des droits fondamentaux et de la protection des données.
2. Quels sont les messages clés que vous avez voulu transmettre lors de vos interventions ou panels pendant le salon ?
Avec nos experts, nous avons souhaité faire passer plusieurs messages forts. D’abord, que l’Afrique est au cœur de la révolution numérique mondiale grâce à sa population jeune, connectée, et avide de nouvelles technologies. Nous avons mis en avant les enjeux cruciaux autour de la cybersécurité, de la protection des données personnelles, de l’intelligence artificielle, mais aussi de la fintech. Notre objectif était de montrer que le développement technologique de l’Afrique doit s’accompagner d’un cadre éthique, sécurisé et respectueux de la vie privée.
3. Le GITEX Africa a mis en avant l’intelligence artificielle et la cybersécurité. Comment ces thématiques croisent-elles les priorités d’Africa Data Protection ?
Ces thématiques sont au cœur de notre mission. La cybersécurité et l’intelligence artificielle posent des enjeux majeurs pour la souveraineté numérique de l’Afrique, mais aussi pour la protection des citoyens. C’est pourquoi nous avons organisé un workshop dédié à « l’IA et la protection des données » qui a réuni plus de 50 participants issus de différents pays africains. Ce fut un moment d’échange concret sur les pratiques responsables à adopter, les risques liés à l’usage de l’IA, et les moyens de garantir la conformité aux normes de protection des données.
4. Quels sont, selon vous, les principaux défis révélés lors de cette édition du GITEX Africa concernant la protection des données en Afrique ?
Plusieurs défis majeurs ont émergé. D’abord, le manque d’harmonisation des législations en matière de protection des données entre les pays africains. Ensuite, le déficit de compétences spécialisées dans ce domaine, ce qui rend difficile la mise en œuvre des réglementations existantes. Enfin, la sensibilisation des entreprises et des citoyens à l’importance de la protection des données reste encore insuffisante. Il est essentiel de renforcer la collaboration entre les autorités, les acteurs privés et la société civile pour relever ces défis.
5. Pensez-vous que le GITEX Africa peut devenir une plateforme décisive pour faire émerger un cadre africain harmonisé de protection des données ?
Oui, tout à fait. Le GITEX Africa a le potentiel de devenir un catalyseur pour l’émergence d’un cadre africain harmonisé. En réunissant chaque année les décideurs, les régulateurs, les experts et les innovateurs du continent, il favorise un dialogue panafricain essentiel. C’est en partageant les bonnes pratiques, en identifiant les synergies et en construisant une vision commune que nous pourrons avancer vers une régulation cohérente, protectrice et adaptée aux réalités africaines.
Interview réalisée par Manal Boukhal