Le Président Trump vient de secouer les marchés mondiaux, et par ricochet, l’OMC. Il est encore trop tôt pour tirer des conclusions définitives concernant la nouvelle liste de droits de douane appliqués par Trump « par réciprocité » aux produits étrangers importés aux États-Unis.
Concernant le Maroc, il est essentiel d’analyser l’impact de cette hausse de 10 %, en prenant en compte non seulement l’effet direct sur nos exportations, mais aussi les droits imposés aux pays concurrents.
Concrètement, le Maroc exporte vers les États-Unis principalement des engrais, des produits agricoles (oranges, tomates, olives, huile, etc.) et des produits industriels (pièces automobiles, semi-conducteurs, vêtements…).
Notre déficit commercial, déjà important, continue de se creuser malgré l’ALE (Accord de Libre-Échange). L’exonération de droits de douane sur de nombreux produits n’a que marginalement profité à notre économie, en raison de notre faible capacité d’offre, mais aussi des règles d’origine complexes et des exigences strictes du marché américain.
Une augmentation de 10 % des droits de douane devrait, en théorie, renchérir nos produits et réduire leur compétitivité. Cependant, tout dépend des tarifs appliqués à nos concurrents. Prenons l’exemple des Européens, qui subiront une taxe de 20 %. Bien que nous exportions des volumes inférieurs aux leurs sur de nombreux produits agricoles, cette différence tarifaire pourrait, à partir du 5 avril, nous rendre plus compétitifs – à moins que les exportateurs européens ne réagissent en réduisant leurs marges ou leurs coûts. Quoi qu’il en soit, ils conservent l’avantage de l’échelle.
L’analyse doit donc être comparative, portant à la fois sur les produits que nous exportons déjà et sur ceux que nous pourrions désormais exporter grâce au différentiel de droits de douane avec les pays soumis à des taux plus élevés.
Il appartient désormais au Maroc, et en premier lieu au secteur privé, de stimuler l’investissement et d’attirer les IDE (Investissements Directs Étrangers) pour saisir les nouvelles opportunités qui s’ouvrent sur le marché américain – car elles existent.
Cela dit, la décision du Président Trump va profondément perturber les marchés mondiaux, y compris celui des États-Unis. L’inflation qu’elle risque de provoquer, ainsi que la réaction des consommateurs américains, doivent être surveillées de près.
Pr Ahmed Azirar, Economiste, Chercheur à l’IMIS ( www.imis.ma) et au CEREM (www.cerem.ma).