Morad Mimouni, directeur général de CIH BANK en charge de la banque de financement et d’Investissement a déclaré ce 27 juillet, que pour la décarbonation, le Maroc a besoin d’au moins 4 milliards de dollars (US), soit plus de 35 MMDHS, lors du Forum International des Energies de l’Industrie (FIEI).
“Ce sont des projets d’envergure, d’efficacité énergétique qu’il va falloir lancer. Maintenant, je pense qu’il est important de mettre un chiffre sur ces projets… Vous le savez, le Maroc a signé dans le cadre de la COP 21, des accords et un premier chiffre des engagements avancés à cette époque (en 2016) a été actualisé en juin 2021 et le montant dont le Royaume a besoin, juste sur la partie industrielle et de manière spécifique, est de 4 milliards de dollars, pour atteindre un certain niveau de décarbonation de l’industrie” a affirmé le directeur général-adjoint de CIH BANK.
Pour atteindre donc ce niveau de décarbonation, il faudra également prendre en compte l’installation de 1500 MW d’énergie solaire, sur les toitures, à hauteur de 3 MM dans les 4 MM US évoqués. Il est très souvent omis, que l’industrie consomme 37% de l’électricité produite au niveau du Maroc, “ce qui est énorme” selon Morad Mimouni, l’industrie étant le premier consommateur d’électricité dans le pays. “On ne peut donc pas parler de la décarbonation de l’industrie, si on ne parle pas de la décarbonation de l’électricité. C’est le principal pollueur, sa production et son transport représente 66% de pollution. La plus grosse émission de gaz à effet de serre produite par le Maroc, c’est l’électricité”.
D’où la nécessité de s’atteler à s’occuper de la décarbonation de l’électricité. Dans le cadre de la Contribution déterminée au niveau national (CDN), le chiffre officiel présenté pour décarboner l’électricité est de 17 MM US . “Si l’on fait un calcul rapide de cette somme et des 4 MM, on se retrouve à 21 MM US”. Cependant, certains spécialistes de la modélisation de la trajectoire de décarbonation du Maroc, sont largement au-dessus de ce montant. Ils parlent de 64 MM sur la partie purement électricité et 6 MM sur l’axe industriel. C’est dire à quel point, l’effort à fournir est important et ne doit pas relever uniquement de l’Etat, mais être porté aussi par le privé. Aujourd’hui, la majorité des Etats sont endettés, avec le passage de la pandémie de Coronavirus. La crise sanitaire a fait de sorte que les Etats sont endettés à 100%. Le financement ne peut donc se faire par l’Etat tout seul.
Par ailleurs, certains experts préconisent de profiter de “la période actuelle d’inflation pour faire fonctionner la planche à billets et la commande publique, afin de financer une partie des investissements. Mais ce n’est pas très catholique en terme économique, même si certains le font. Le Japon en est un exemple, le pays se retrouve avec un niveau d’endettement qui est de 250% de son PIB, parce que de matière volontariste, l’Etat a financé une bonne partie des investissements, suite à l’accès de 2018 par des fonds nationaux” a souligné le DGA.
L’homme ajoute qu’il faut aussi distinguer deux types d’engagement, lorsqu’un pays présente les siens. Il y a ceux inconditionnels dont le pays se charge, de manière volontaire pour la réalisation et ceux qui sont conditionnels. Et là on revient sur notre volet industriel, qui implique une décarbonation, pour laquelle l’Etat attend des subventions et financements extérieurs, à mobiliser.
Morad Mimouni a aussi mis l’accent sur la taxe carbone, évoquée à la frontière de l’Europe, à plusieurs reprises lors du Forum. Pour lui, le Maroc pourrait en tirer profit, si l’on prend en compte le taux d’importation élevé du Royaume. Cette taxe peut être une source de financement, que le Maroc pourrait éventuellement mobiliser dans le cadre de ses investissements de manière générale, même si jusqu’à présent des réalisations ont été faite en matière de développement durable.