Le Maroc, terre de contrastes, abrite un trésor caché sous son sol : les phosphates. Avec près de 68 % des réserves mondiales, le royaume est un géant incontesté de cette ressource stratégique. D’après Fitch Ratings, alors que l’industrie des engrais marocaine connaît une croissance fulgurante, elle doit composer avec une réalité implacable : le stress hydrique, qui affecte une bonne partie du continent.

Le phosphate, matière première essentielle à la production d’engrais, place le Maroc au cœur de la sécurité alimentaire mondiale. En 2023, le pays a produit 37 millions de tonnes de phosphate, soit une augmentation de près de 23 % par rapport à la période 2014-2018. Cette performance est portée par le groupe OCP, fleuron national, qui investit massivement dans la transformation de la roche phosphatée en engrais.

L’agence américaine, explique également dans son rapport que le Maroc ne se contente pas de creuser son sol. Il exporte son savoir-faire, notamment en Afrique subsaharienne, où la demande en engrais explose. Avec OCP Africa, créé en 2016, le royaume s’impose comme un partenaire clé pour le développement agricole du continent. Des usines au Nigeria et au Ghana témoignent de cette ambition.

Le défi de l’eau 

Pour répondre à ce défi de l’eau, Fitch rappelle que le gouvernement mise sur le dessalement de l’eau de mer. En novembre 2024, la Banque européenne pour la reconstruction et le développement a accordé un prêt de 200 millions d’euros à l’OCP pour développer de nouvelles installations. Une solution prometteuse, mais qui ne suffira pas à elle seule à résoudre le problème.

Malgré ces défis, l’industrie des engrais marocaine reste un pilier de l’économie nationale. En 2023, elle représentait près de 13 % des recettes d’exportation du pays. Le Brésil, l’Inde et le Bangladesh sont parmi les principaux importateurs, mais l’Afrique subsaharienne devient un marché de plus en plus stratégique.

Pourtant, cette croissance ne doit pas faire oublier les risques. Les besoins énergétiques du secteur, notamment en gaz naturel, restent élevés. Et si les prix des engrais ont baissé depuis 2022; le rapport souligne qu’ils demeurent volatils, influençant la rentabilité du secteur.

Un avenir à construire

Le Maroc se trouve à un carrefour. D’un côté, une industrie des engrats en pleine expansion, portée par des réserves inégalées et une stratégie d’investissement ambitieuse. De l’autre, des défis environnementaux et économiques qui nécessitent une gestion rigoureuse.

Pour rester un leader mondial, le Royaume devra innover, notamment dans la gestion de l’eau et l’efficacité énergétique. Car si le phosphate est une richesse, il ne doit pas devenir un fardeau. L’équilibre est fragile, mais l’enjeu en vaut la peine : nourrir le monde, sans épuiser la terre, souligne l’agence de notation.

Rachid Mahmoudi

LAISSER UN COMMENTAIRE

Please enter your comment!
Please enter your name here