La Commission Financement, Assurance et veille de l’Association Marocaine des Exportateurs (ASMEX) a organisé le 04 juin 2020 une visioconférence sous thème : “ Comment gérer vos risques à l’export suite au Covid-19 pour une reprise prudente et efficace de vos activités à l’international ?”. Présidée par M. Ahmed Kathir et en présence de M. Hassan Sentissi, président de l’Asmex, cette réunion a été animée par M. Said Maghraoui, directeur de la protection et de la réglementation commerciale au Ministère de l’Industrie, du Commerce, de l’Economie Verte et Numérique ; Abdelmoutalib Berrada et Sanae Benchelh représentants l’Office des changes ; Wahb Bouarif, directeur du Centre d’affaires Casablanca de la Caisse Centrale de Garantie, Amin Diouri, directeur études et services à valeur ajoutée chez Inforisk D&B ; Yacine Ben Ameur, directeur informations et risques chez Euler Hermes Maroc et Leila Chorfi, responsable commerce extérieur au sein de Bank Of Africa – BMCE group.
Cette rencontre qui s’inscrit dans le cadre des actions d’accompagnement et de sensibilisation des membres de l’ASMEX afin de mieux gérer cette période de crise et assurer une reprise efficace de leurs activités à l’international a permis de revenir sur des axes importants tels que : les scénarios de la reprise et les risques liés aux exportations ; les dispositifs pris face aux retards des paiements en cas de créances douteuses ou en cas de créances non récupérables & les délais de paiement prolongés suite au COVID-19 ; les mécanismes de soutien financiers offerts par le CCG en faveur des entreprises impactées par le COVID-19 ; comment réduire l’impact du COVID-19 sur le portefeuille clients à l’export ; les outils dont disposent les exportateurs pour une meilleure gestion des risques liés à l’export ou encore les outils de paiement et de financement à l’international adaptés en cette période de crise.
M. Said Maghraoui, directeur de la protection et de réglementation commerciale au Ministère de l’Industrie, du Commerce, de l’Economie Verte et Numérique a d’emblée dressé un état des lieux de l’impact de la pandémie COVID-19 sur le Commerce extérieur national, mettant en évidence une baisse alarmante entre 13% et 32% par rapport à l’année dernière. Il a également rappelé que plusieurs instruments sont déjà mis en place par le Comité de Veille Économique afin d’atténuer les dégâts causés par la pandémie et a affirmé que d’autres mesures sont en train d’être étudiée et seront annoncées incessamment dans le projet de la loi de finances rectificative.
Les débats et interventions qui ont suivi ont permis de montrer que la reprise et le décollage des exportations post-Covid-19 dépendent essentiellement de deux facteurs, à savoir l’évolution de la pandémie dans le monde entier et particulièrement les marchés cibles et l’ensemble des politiques de relance appliquées par les pays du tiers monde pour soutenir leurs économies.
En terme de risques liés à l’export, trois points ont été soulevés en priorité :
– Le risque lié à la demande : le consommateur européen est fortement impacté par le chômage et la baisse des revenus, donc la demande ne va pas vite décoller à l’exception des produits de première nécessité.
– Le risque lié au redressement judiciaire : la plupart des entreprises étrangères se sont retrouvées dans une situation délicate caractérisée par la difficulté de paiement, chose qui va se traduire par la réduction du volume des commandes chez leurs fournisseurs marocains.
– Le risque de protectionnisme : il est d’ordre politique et se traduit par le fait que chaque pays tend à valoriser ses produits locaux au détriment des produits étrangers.
Par ailleurs les intervenants ont invité les exportateurs marocains à être prudents dans le choix de leurs clients étrangers en cette période de crise. Dans ce sens « une panoplie de solutions DATA sont mises à la disposition des entreprises afin d’avoir des informations pertinentes sur le comportement de leurs clients et partenaires potentiels en matière de solvabilité, de retard de paiement, de scoring… », affirme M. Amine Diouri, directeur études et services à valeur ajoutée chez Inforisk D&B.
Pour sa part, M. Wahb Bouarif, directeur du Centre d’affaires Casablanca de la CCG a réaffirmé l’engagement de la Caisse auprès des exportateurs marocains et ce, via un ensemble de mesures telles que “Damane Oxygène” et l’accompagnement des banques dans le report des échéances des entreprises. Il a également annoncé que la CCG prépare un nouveau produit intitulé “Damane Relance” qui sera dévoilé dans prochains jours.
Les banques ne sont pas en reste dans cette mobilisation générale auprès du tissu productif national. Mme Leila Chorfi, responsable commerce extérieur au sein de Bank Of Africa-BMCE group, a affirmé qu’outre l’application des mesures initiées par la CCG, les banques ont innové en matière dématérialisation des opérations des entreprises que ce soit au niveau national ou international. « La réactivité dans le déblocage de certaines contraintes administratives en relation avec la fermeture des frontières en plus du fait de fournir aux entreprises les réserves en devise ont été des priorité en cette période de crise », a-t-elle soutenu.
A noter également que les risque de changes ont été suivis de près par l’Office des Changes qui a accordé des dérogations pour le paiement en anticipation et des dotations exceptionnelles aux exportateurs en difficulté en terme de rapatriement des produits. Plusieurs plateformes en ligne dédiées aux demandes des autorisations ont été mises en place par l’Office en plus d’un bureau d’ordre virtuel et des options de télédéclaration en cours de lancement. L’Office des changes a aussi reporté le délai de la déclaration à fin juin au lieu de fin avril.
La visioconférence qui a connu la participation de plusieurs exportateurs membres de l’ASMEX a permis d’exposer des problématiques et des informations liées à leurs activités en ce contexte difficile.
A l’issue des débats, les intervenants ont émis quelques recommandations pour la gestion des risques à savoir : confirmer les moyens de paiement dans toute opération d’export surtout quand il s’agit d’un pays africain ou d’un nouveau client ; se couvrir contre les risques de changes ; opter pour une assurance-crédit à l’export et bien connaître ses clients.
Les exportateurs marocains ont été aussi invités à être optimistes car cette pandémie est considérée comme une arme à double tranchant. D’une part, des montants énormes sont injectés par les pays partenaires dans leurs économies respectives et d’autre part, la Covid-19 a créé de nouveaux besoins (masques, services informatiques… ) qui se traduisent par de nouvelles opportunités à saisir.