panel-3-Industry-meeting-morocco

« Innovation, formation et design au service de la souveraineté industrielle », tel a été la thématique du troisième et dernier panel qui a clôturé l’édition 2024 d’Industry Meeting Morocco. De riches contributions ont émaillé les échanges.

Les deux rounds de ce panel ont chacun été animés par un trinôme. Fouad Zaidi, Directeur Général de Barid Media, son homologue Charlotte Wieder, de LaunchX, et un représentant de la fondation Mascir, ont échangé dans le premier, le second mettant les designers Hicham Lahlou et Mehdi Naim face à Mehdi Sebti, directeur de l’École Arts et Métiers Campus de Rabat.

Premier à prendre la parole dans le premier round, Fouad Zaidi est parti sur le postulat que la souveraineté est la capacité d’un pays à répondre rapidement à un besoin de ses citoyens. Cette aptitude, a-t-il dit, requiert de l’agilité et de la flexibilité. En cela, le Maroc est un exemple pour avoir démontré, par son industrie, ces attributs. À sa suite, la patronne de LaunchX a démontré comment l’activité de son entité, qui est une filiale d’InnovX, contribue à créer des ponts entre le monde de l’industrie, les universités et les compétences indispensables au développement des entreprises.

La formation, un contributeur immense

Pour elle, « le fait d’explorer les marchés, conseiller les entreprises et les accompagner dans la concrétisation de business innovants est une contribution majeure à l’élan de souveraineté. La souveraineté repose essentiellement sur l’éducation, quel que soit le niveau et le domaine », a dit en substance celui qui a parlé au nom de la fondation Mascir. À l’en croire, « Mascir a contribué, à travers la formation du secteur industriel, à la formation de nombreux talents, dont des startups, et à la multiplication de ses capacités ».

Lire aussi : Industry Meeting Awards, 13 personnalités et entités primées

Dans le second panel, les designers marocains Mehdi Naim et Hicham Lahlou ont exposé en long et en large sur l’opportunité que représente le design. Préférant être désignés comme des créateurs en lieu et place d’artistes, les deux hommes qui ont acquis une renommée mondiale dans ce domaine ont présenté les subtilités et la valeur ajoutée du design. « Le design est un domaine stratégique, un outil de force qu’on intègre dans une vision stratégique et une démarche », expliquera Mehdi Naim.

panel-3-round-1

Pour l’homme qui est à la tête du Lab portant son nom, il est évident que le design se situe en amont de tout projet industriel, et non le contraire. Un fait qui échappe à l’attention bien trop souvent, ce qui minimise injustement l’impact de ce dernier, or « le designer travaille de pair avec les ingénieurs ». Il citera en exemple la plus importante capitalisation boursière qui est l’œuvre d’un designer, en la personne de feu Steve Jobs. Sur cette lancée, il clamera : « Le designer est un leader qui porte une vision et qui est là pour participer au développement de la société. Il est antinomique de parler de l’innovation sans design ». En conclusion, il a sonné l’urgence « de lancer, à l’heure où on parle de souveraineté, un plan d’émergence pour le design ».

Design Vs Ingénierie

Saisissant la balle au rebond, Hicham Lahlou s’est également interrogé sur l’absence d’école dédiée au design qui, « pourtant est une science ». Faisant le lien avec l’économie et la souveraineté, il s’est offusqué que les conditions ne soient pas créées pour une émulation des talents locaux. « Va-t-on encourager les acteurs locaux ? Va-t-on continuer d’importer ? », s’est-il interrogé. Pour celui qui a été primé la veille, lors de la cérémonie des Industry Meeting Awards du trophée récompensant l’innovation, les designers sont des gens très créatifs et pragmatiques jouant un rôle clé dans les objectifs du développement durable.

Sur le même sujet : Un 2e Kenoyte autour de l’industrie et la décarbonation 

Un plaidoyer associant design, créativité et innovation qui a reçu l’approbation du 3ème interlocuteur de ce panel. En effet, Mehdi Sebti a souligné que les écoles d’ingénieurs ne peuvent pas fonctionner sans les designers. « L’innovation demande d’abord un terreau fertile qui s’appelle la créativité. Et cette créativité demande l’intervention des designers », a-t-il soutenu. Par la suite, le directeur du campus Rabat de l’ENSAM, se prononçant sur l’idée d’une distinction entre ingénieur et designer, pense qu’il ne faut pas dissocier les écoles, mais incuber ces deux profils pour aboutir à des choses extraordinaires. Il a aussi évoqué l’innovation frugale comme un moyen de pallier l’absence de financements suffisants pour innover. Un trait de caractère de cette innovation frugale étant l’intrapreneuriat qu’il a présenté comme le fait qu’un collaborateur fasse preuve d’initiative à travers une innovation pour le compte de l’entreprise. Il a encouragé les entreprises à prospecter cette voie.

Ce sont ces discussions sur le lien entre innovation et souveraineté qui ont éteint les lampions sur cette énième édition des Industry Meeting Days qui a mis au centre de la réflexion la souveraineté et ses implications dans le domaine de l’industrie.

Gethème Yao

LAISSER UN COMMENTAIRE

Please enter your comment!
Please enter your name here