Dans la province de Nador, au cœur de la lagune de Marchica, une initiative unique en son genre transforme les ressources marines en opportunité de développement durable. La culture d’algues, notamment des algues rouges, s’impose progressivement comme une alternative économique et écologique prometteuse.
Porté par la Coopérative de pêche traditionnelle de Marchica, ce projet novateur illustre une nouvelle approche de diversification de l’économie maritime en Afrique. Il ne se limite pas à la production, mais intègre également des enjeux environnementaux et sociaux, en créant des emplois locaux et en valorisant les ressources naturelles de manière durable.
Une culture aux multiples bénéfices
L’élevage des algues marines suit un processus rigoureux et respectueux de l’environnement. Les aquaculteurs sélectionnent d’abord les jeunes pousses avant de les fixer sur des filières immergées dans l’eau. Grâce aux conditions naturelles favorables de la lagune, ces algues croissent sans recours à des produits chimiques ou à des interventions industrielles.
Après plusieurs semaines de surveillance, elles sont récoltées à la main, lavées et séchées selon des standards précis afin de préserver leur qualité. Cette approche permet non seulement de maintenir l’équilibre écologique du site, mais aussi d’obtenir un produit haut de gamme, utilisé dans diverses industries telles que la cosmétique, l’agroalimentaire et la pharmacie.
Un levier économique et social
Au-delà de ses avantages environnementaux, la culture d’algues à Marchica a un impact significatif sur la population locale. Contrairement aux métiers de la pêche traditionnels, souvent dominés par les hommes, cette activité implique également une forte participation féminine. La coopérative a ainsi su mobiliser diverses catégories sociales, créant de nouvelles opportunités économiques et renforçant le tissu solidaire de la région.
Avec le soutien du Fonds pour l’Environnement Mondial (FEM), la coopérative a lancé en 2014 le projet « Ferme d’algues », marquant une étape clé dans l’expansion de cette filière au Maroc.
Une croissance remarquable malgré les défis
Depuis ses débuts, le projet a connu une expansion notable. En 2015, une première parcelle d’1,5 hectare a été exploitée, avant d’atteindre 5 hectares dans la phase suivante, avec une production de 23 tonnes d’algues. Aujourd’hui, la superficie cultivée s’étend sur 11 hectares, permettant d’atteindre 57 tonnes d’algues récoltées.
Malgré les défis climatiques, notamment la baisse des précipitations, le projet a maintenu un bon niveau de production. En 2024, la coopérative a expédié 30 tonnes d’algues vers des unités industrielles situées à Kénitra, témoignant du potentiel économique croissant de cette culture.
Un marché en pleine expansion
Les algues cultivées dans la lagune de Marchica sont reconnues pour leur haute qualité et suscitent un intérêt croissant sur les marchés nationaux et internationaux. Leur diversité d’applications – allant de la fabrication de cosmétiques à l’industrie pharmaceutique – renforce leur attractivité et ouvre des perspectives de développement considérables.
Pour accompagner cette dynamique, la coopérative a noué un partenariat avec le ministère de l’Agriculture et de la Pêche maritime afin de construire une unité de stockage et de valorisation des algues. Cette infrastructure devrait permettre d’accroître la production, d’améliorer les revenus des bénéficiaires et d’assurer une meilleure compétitivité sur le marché.
Un modèle à suivre pour l’avenir
Le succès de cette ferme d’algues pourrait bien inspirer d’autres initiatives similaires à travers le Maroc et le continent africain. En combinant innovation, durabilité et inclusion sociale, ce projet prouve que l’exploitation raisonnée des ressources marines peut être un moteur de développement économique tout en préservant l’écosystème.
Avec un engagement fort des parties prenantes et une ambition de croissance continue, la culture d’algues à Nador se positionne aujourd’hui comme un modèle exemplaire d’aquaculture durable et d’économie bleue.