La Fondation Attijariwafa bank a organisé, dans son espace d’art Actua, à Casablanca, une nouvelle édition de son cycle de conférences « Échanger pour mieux comprendre », sous le thème : « Peut-on faire confiance à l’intelligence artificielle ? ».

Cette 48e rencontre a placé au centre du débat l’intelligence artificielle, une thématique scientifique aux retombées économiques et sociales multiples. À cette occasion, la Fondation Attijariwafa bank a fait appel à Rachid Guerraoui, l’un des plus grands chercheurs et spécialistes en algorithmique dans le monde, professeur à l’École Polytechnique Fédérale de Lausanne et au Collège de France.

À travers cette conférence-débat , la Fondation Attijariwafa bank renouvelle son engagement à promouvoir un débat constructif sur des problématiques économiques, culturelles et sociales qui engagent l’avenir du Maroc.

Devant un parterre de plus de 300 personnes issues du monde des affaires, de l’université et de la société civile,  Mohamed El Kettani, Président Directeur Général du groupe Attijariwafa bank a affirmé : « Quels que soient nos domaines de compétences et d’activités, nous sommes tous conscients de la nécessité de changer notre manière de travailler et d’appréhender les problèmes, car, avec la révolution numérique, plus rien ne sera comme avant. » Pour relever ce challenge, la formation des compétences et la Recherche & Innovation constituent des enjeux majeurs pour le Maroc et tous les pays africains :
« nous serons, sans doute, amenés à unir nos forces pour relever ces multiples défis et permettre à cette jeunesse africaine de prendre le train de la révolution numérique. C’est l’une des voies majeures à emprunter pour accélérer le rythme de développement de nos pays, rattraper notre retard technologique, résoudre le problème du chômage des jeunes, et entrer, de plein pied et en toute sérénité, dans l’ère du numérique. C’est une chance historique que nous devons saisir », conclut le Président Directeur Général du groupe Attijariwafa bank.

Le chercheur Rachid Guerraoui a pour sa part démarré son intervention en définissant l’intelligence artificielle, et en expliquant sa genèse à travers un rappel historique. Le chercheur a, ensuite, démontré l’importance des algorithmes qui permettent de repousser, sans cesse, les limites du possible. « L’intelligence artificielle peut être définie comme la capacité d’un algorithme à résoudre un problème à travers une machine. Elle est apparue au 17e siècle avec la Pascaline. Blaise Pascal fût le premier à recourir à une machine pour exécuter un algorithme. Il a ainsi réussi à intégrer dans cette machine un processus qui implique des additions de grands nombres. Aujourd’hui, les calculatrices ne sont plus considérées comme de l’intelligence artificielle puisque leur utilisation s’est banalisée.

La question qui reste toujours posée est : peut-on aller plus loin ? » Par exemple, l’intelligence artificielle est aujourd’hui capable de reproduire des tableaux d’artistes comme Rembrandt ou encore, de gagner les meilleurs joueurs au poker. Ceci ne semblait pas possible il y a encore quelques années.

Devant une assistance attentive, il a ensuite expliqué la puissance des algorithmes et de
l’intelligence artificielle ainsi que les avancées attendues dans les prochaines années, dans plusieurs domaines comme la santé ou la finance. « Les entreprises les plus puissantes du monde de l’internet, les GAFA (Google, Amazon, Facebook, Apple), existent aujourd’hui grâce à des algorithmes. L’intelligence artificielle évolue constamment et présentera plusieurs opportunités, à commencer par la création de nouveaux emplois qui impliqueront de développer et de former les bonnes compétences. D’ici 2050, 50% des emplois actuels disparaîtront, mais de nouveaux emplois apparaîtront ».

Le chercheur marocain a également alerté sur la fragilité des algorithmes et la nécessité de ne pas leur faire totalement confiance. Ces algorithmes deviennent certes de plus en plus efficaces, mais ils comportent également des risques. « Peut-on faire confiance aux algorithmes ? Pas totalement.
Plusieurs exemples récents le prouvent : l’explosion d’Ariane 5, le crash du Boeing 737 Max ou encore le crash boursier de 2008. Pour faire confiance aux algorithmes, nous devons connaître et maîtriser les systèmes informatiques ».

Enfin,  Rachid Guerraoui a insisté sur la nécessité pour le Maroc et l’Afrique d’investir dans la jeunesse pour former des compétences capables de suivre les progrès de l’intelligence artificielle et d’y participer activement. « À l’inverse de la révolution industrielle,
l’intelligence artificielle nécessite des investissements en termes de neurones, et non en matières premières. D’où la nécessité de former la jeunesse. Par ailleurs, ce n’est pas un désastre si ces jeunes quittent à un moment donné le Maroc. À l’étranger, ils continueront leur formation et pourront, un jour, renvoyer l’ascenseur. Mais, dans l’immédiat, le Maroc doit former ses jeunes et diversifier les parcours de formation qu’il leur offre ».

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