Le secteur du transport joue un rôle clé pour le développement de tout pays .La mobilité a connu une forte évolution, mais cela n’est pas sans conséquences, puisque le taux de pollution a augmenté en parallèle .La transformation du transport vers une mobilité durable constitue donc une composante nécessaire. Dans ce sens, le Maroc n’est pas indifférent face à cette question et affiche une réelle volonté de s’inscrire dans une démarche de transition énergétique.
Contexte général : La mobilité verte au centre des débats
Dans un monde où le taux de pollution ne fait qu’augmenter avec 26% des gaz à effet de serre, ce qui induit un poids important dans la balance du réchauffement de la planète, et donc mettre en place une option préventive s’impose. D’où l’utilité «de la mobilité verte», qui se présente comme une politique d’aménagement et de gestion du territoire qui favorise une mobilité pratique, peu polluante et respectueuse de l’environnement. Elle s’applique à l’urbanisme, aux infrastructures et à l’organisation du réseau de transport. Ainsi, la question de la mobilité verte est devenue une priorité vu qu’elle se présente comme une alternative meilleure de sauvegarde du climat et de résolution des problèmes liés à la pollution.
Dans ce sens, on observe à ce jour dans le monde la nécessité réelle de mener des actions pour lutter contre la pollution. À ce sujet, l’Organisation mondiale de la santé (OMS) a classé la pollution de l’air extérieur comme cancérogène pour l’homme. Les polluants atmosphériques, et en particulier les particules, représentent un enjeu sanitaire majeur, car elles sont toxiques pour l’Homme mais aussi pour nos écosystèmes. De ce fait, les dispositions des grandes nations ne se font pas attendre.
La Commission européenne a dévoilé en 2017 un paquet de mesures en faveur de la mobilité propre. Cette action vise à améliorer la qualité de vie des Européens, à renforcer la compétitivité des entreprises européennes, et à accentuer la transition vers les voitures propres. Quant au continent africain, la question de la mobilité verte est d’actualité et le Maroc s’est positionné comme la plate -forme tournante des échanges sur la mobilité durable à travers notamment le salon Pollutec et ses innovations technologiques dans le domaine des énergies.
Ainsi, le Royaume poursuit sa volonté de trouver des alternatives efficaces pour résoudre le fléau de pollution en menant des actions précises. Dès lors, par le biais de ses organismes en charge du secteur énergétique à savoir l’IRESEN (Institut de recherche en énergie solaire et énergie nouvelle), l’AMEE (Agence marocaine pour l’efficacité énergétique), FAAR Industry et MASCIR, le pays a mis en place un cadre de réflexion pour échanger sur «Les défis d’une transition vers une mobilité durable au Maroc».
D’autre part, le Maroc a signé un protocole d’accord avec le groupe BYD pour la réalisation d’un écosystème de transport électrique.
À travers ce partenariat stratégique, le Royaume s’associe à un acteur pionnier dans le secteur des énergies renouvelables et de la mobilité électrique et intègre, pour la première fois en Afrique, la filière du transport électrique dont la production sera destinée tant à l’export qu’au marché local. Le lancement de ce projet d’envergure conforte l’engagement du Maroc en matière de développement durable qui constitue désormais un pilier indissociable du modèle économique marocain et participe à réaliser les engagements internationaux pris par le Royaume en termes de dé-carbonisation des transports.
À cet égard, le ministre de l’Industrie, de l’investissement, du commerce et de l’économie numérique, Moulay Hafid Elalamy, a indiqué que le projet précurseur de BYD qui introduit de nouvelles spécialisations dans le Royaume inscrit résolument le pays dans la dynamique à l’œuvre au niveau mondial consistant à développer de nouvelles formes de transport alliant efficacité et respect de l’environnement. L’écosystème organisé autour de BYD, a-t-il ajouté, conforte ainsi les choix stratégiques du Maroc, sous le leadership de Sa Majesté le Roi Mohammed VI.
Mode opératoire : Focus sur la mobilité durable.
Dans son rapport annuel de 2017 paru en septembre 2018, le Conseil économique, social et environnemental (CESE) appelle à renforcer la gouvernance durable par le développement des modes de transports à énergie propre et la mise en place d’une politique nationale pour la mobilité verte. En effet, le secteur du transport figure parmi les principaux contributeurs aux émissions de Gaz à Effet de Serre. Et si la stratégie nationale de développement de la compétitivité logistique a accordé une attention particulière au transport de marchandises et à la logistique urbaine, le Maroc a besoin d’établir une politique nationale dédiée à la mobilité verte sur tout le territoire, intégrant des actions de sensibilisation, la rationalisation de la demande en transport, ainsi qu’une adaptation du système productif, du cadre réglementaire et de l’infrastructure nécessaires pour développer aussi bien l’offre que la demande de modes de transport plus propres. En effet, le CESE dans une analyse consacrée à la situation environnementale stipule que le secteur du transport figure parmi les principaux contributeurs aux émissions de gaz à effet de serre. Ainsi, la stratégie nationale de développement de la compétitivité logistique a accordé une attention particulière au transport de marchandises et à la logistique urbaine, avec le besoin d’établir une politique nationale dédiée à la mobilité verte sur tout le territoire, préconise le rapport.
Le Conseil envisage de mener des actions de sensibilisation, la rationalisation de la demande en transport, ainsi qu’une adaptation du système productif, du cadre réglementaire et de l’infrastructure nécessaires pour développer aussi bien l’offre que la demande de modes de transport plus propres.
Du côté du ministère de l’Equipement, du transport et de la logistique, celui-ci a élaboré et mis en œuvre la politique du gouvernement en matière de transports qui vise à promouvoir la mobilité électrique à travers les actions suivantes:
• Définir un plan de promotion de la mobilité électrique par modes et groupes d’utilisateurs (en premier lieu: deux et trois roues, mobilité partagée bus électriques, administrations, services communaux).
• Fixer un objectif en mobilité électrique pour le parc de l’état (taux proposé par les sondés pour les véhicules légers varie entre 10% et 100% en 2030) et commencer par les deux roues.
• Intégrer l’exigence «faible / zéro émission» dans la demande publique pour des prestations à véhicules légers et fixer un calendrier.
• Définir une subvention dégressive pour l’acquisition des véhicules électriques par les collectivités territoriales et grouper les achats en faveur des conditions et du service après-vente…
Le «Green Mobility Forum» : un premier pas du Maroc vers la transition énergétique
La ville ocre a abrité le «Green Mobility Forum» sur le thème «Les nouvelles technologies de la mobilité urbaine».
Organisée par l’Institut de Recherche en Energie Solaire et Energies Nouvelles (IRESEN), FAAR Industry, l’Agence marocaine pour l’efficacité énergétique (AMEE) et la Moroccan Foundation for Advanced Science, Innovation and Reserarch (MASCIR), cette plateforme de discussion se projette sur l’avenir de la mobilité au Maroc dans un cadre de partage d’expériences, démontrant les meilleures pratiques et les approches visionnaires par pays, villes et entreprises.
À l’ouverture, le directeur général de l’AMEE, Saïd Mouline, a souligné l’importance de la mobilité durable dans la mise en œuvre de la stratégie énergétique nationale. Le secteur du transport représentant plus de 40% de la consommation énergétique au Maroc, plusieurs actions sont prévues: «Nous avons commencé par une fiscalité plus intéressante toutes les nouvelles technologies électriques et hybrides n’ont plus de droit de douanes et ne payent plus de taxes et de vignette. Et cela dans le but de promouvoir l’efficacité énergétique dans le transport», a-t-il déclaré. Le directeur général de l’AMEE a aussi rappelé que l’État s’est engagé dans un processus d’exemplarité en matière de mobilité durable avec une initiation de plusieurs programmes nationaux visant à instaurer une politique d’économie d’énergie et de réduction de gaz à effet de serre qui impacte aussi la santé des citoyens. Pour sa part, le directeur général d’IRESEN, Badr Ikken, a présenté les chiffres sur l’évolution de la mobilité électrique au Maroc et au niveau mondial, démontrant l’évolution rapide qu’a connue le secteur durant les dernières années. Il a aussi souligné que, d’après les projections de l’Agence internationale de l’énergie et les études menées par IRESEN, et compte tenu de la baisse drastique des prix des batteries (principale cause de la hausse des prix des véhicules électriques), les prix des véhicules électriques allaient devenir très compétitifs dans les cinq années à venir. D’après le DG d’IRESEN, cette transition pourra offrir d’excellentes opportunités pour le Maroc, mais plusieurs défis restent encore à relever, à savoir l’impact sur le réseau de distribution électrique, la stratégie de recharge, mais aussi les réglementations et incitations qu’il faudrait mettre en place les premières années pour encourager l’adoption de cette technologie… Quant au président de la commission «Nouvelle Économie Climat » de la CGEM, Said El Hadi, il a recommandé l’implication de toutes les parties prenantes pour le développement de la mobilité durable au Maroc. Cet évènement aura rassemblé 300 personnes (politiques, institutionnels, industriels et universitaires marocains et étrangers) pour discuter de ces opportunités et défis lors des quatre panels qui ont constitué le workshop. Les meilleures innovations, services et orientations politiques pour l’avenir de la mobilité durable ont été ainsi évoqués avec pour objectif de faire des résultats de ce workshop un outil de base pour répondre aux besoins croissants du Maroc en termes de transport vert, afin d’accélérer la croissance du secteur et capitaliser sur ses possibilités économiques. Ainsi, cette rencontre interactive s’est articulée autour de cinq piliers principaux à savoir «Visions stratégiques du gouvernement Marocain pour le développement de la mobilité durable», «Défis et ambitions au Maroc vus par les professionnels», «La Recherche et développement au service de la mobilité durable» et «Les technologies au service de la mobilité : Solutions, témoignages et expériences vécues». Cette journée a également été l’occasion pour tous les acteurs nationaux et internationaux de partager leurs expériences et leurs success-stories dans le domaine de la mobilité électrique et durable et de démontrer les meilleures pratiques et les approches visionnaires.
Une volonté commune qui devient réalité : Le Maroc passe au vert !
Le Royaume, à travers sa volonté de transition énergétique, pose des actions dans ce sens. Ainsi, le projet «Green miles», par exemple, consiste à équiper l’axe autoroutier Tanger-Agadir de bornes de recharge. À travers ce projet, les deux principaux promoteurs, en l’occurrence l’IRESEN et Schneider Electric, essayent de sensibiliser les distributeurs de carburants et leurs différents partenaires sur la nécessité de basculer vers les énergies renouvelables.
Par ailleurs, rappelons que le Maroc a signé plusieurs protocoles d’accord avec de grandes entreprises dans le secteur de l’automobile. À cet effet, le géant BYD spécialisé en véhicules électriques faisait partie de la liste. Cela est attribuable aux nombreux atouts du Maroc, notamment son positionnement affirmé comme une plateforme compétitive de production automobile et l’implantation d’opérateurs leaders dans des secteurs de pointe, tels que les matériaux composites, l’éclairage ou encore la connectique. Ce partenariat représente également un avantage en termes de transition énergétique efficace et surtout un facteur de création d’emploi.
L’implication des grandes entreprises
Les grandes entreprises nationales ont aussi rapidement saisi la nécessité de se mettre au vert. Aussi, la Société des Brasseries du Maroc a doté son usine de Tit Mellil d’une centrale photovoltaïque conçue et réalisée par la filiale marocaine du groupe français GreenYellow. Cette installation composée de 2.208 panneaux sur une surface de 7.500 m2 permettra certes de couvrir plus de 17% de la consommation électrique du processus de fabrication de SBM, mais elle permettra surtout d’éviter l’émission de près de 700 tonnes de CO2 par an. Une enveloppe de plusieurs millions de dirhams a été allouée à ce projet qui s’inscrit dans une démarche globale du Groupe Castel. En outre, le secteur du bâtiment est passé à dépollueur net -au vu de sa contribution à l’élimination des déchets produits par d’autres secteurs- pour devenir un producteur d’environnement en 2014. La création de parcs éoliens a permis d’éviter 375.000 tonnes de CO2. Les émissions de CO2/tonne de ciment sont aujourd’hui de 592 kg alors qu’elles étaient de 680 kg dans les années 2000. Les cimentiers marocains enregistrent ainsi de meilleures performances que celles de leurs confrères européens qui sont à 670 kg de CO2 par tonne. La démarche environnementale du secteur a démarré en 1997 avec un engagement du secteur et des investissements réalisés depuis estimés à quelque 3 milliards de DH.
L’implication des organismes : L’IRESEN adopte une stratégie de financement
Le financement joue un rôle essentiel dans l’aboutissement des processus d’innovation et reste indispensable à chaque étape de développement d’un hub de recherche scientifique et innovation. La phase initiale, qui s’étend du moment de l’élaboration effective de la technologie, du produit ou du procédé jusqu’au moment où il est commercialement viable, est généralement la phase pendant laquelle le financement est le plus difficile à obtenir.
À ce stade, faute de financement, de nombreux chercheurs ne sont pas en mesure de poursuivre le processus d’innovation qui pourrait aboutir à la mise au point de produits commercialement rentables. Plusieurs projets collaboratifs R&D, financés et soutenus par IRESEN depuis 2012, se trouvent actuellement en phase de maturité et ont permis, à travers l’exploitation des résultats de la recherche appliquée, le développement de nouveaux produits, services et process innovants avec un fort potentiel de commercialisation sur le marché marocain et africain. Cependant, l’évolution du nombre de brevets attribués au Maroc montre une stagnation ainsi qu’une prédominance de brevets déposés par les entreprises étrangères qui déposent leurs brevets au Maroc, pour des mesures de sécurité. À cet effet, IRESEN lance un nouvel appel à projets dédié à l’innovation «Green Inno-BOOST», pour soutenir des porteurs de projets en phase d’incubation ou d’accélération, ayant déjà développé un produit, service ou process innovant à fort potentiel de commercialisation dans différentes thématiques couvrant les domaines des énergies renouvelables et énergies nouvelles. Par ailleurs, Green Inno-BOOST vise le soutien des entrepreneurs (jeunes entreprises et PME) qui veulent innover, en partenariat avec une université ou un centre de recherche, en développant de nouveaux produits, procédés ou services, à forte valeur ajoutée. Cela implique de prêter attention à la technologie, mais aussi aux questions relatives au marché, à la propriété intellectuelle, et aux défis financiers qui pourraient impacter la réussite du projet. A titre d’exemple, les thématiques de l’appel à projet, Green Inno-BOOST comprennent : Les énergies renouvelables (nouveaux développements technologiques, nouvelles applications visant l’intégration industrielle et sociale, nouvelles adaptations aux changements climatiques) ; L’efficacité énergétique dans le bâtiment, l’agriculture, le transport et l’industrie ; La Mobilité durable (route de demain, véhicule de demain, transformation du trafic routier en énergie).