Entre la brume des incertitudes mondiales et les secousses des marchés internationaux, le Maroc trace son sillon. Porté par un sursaut agricole et une relance des grands chantiers, le Royaume prévoit un taux de croissance de 4 % à 4,4 % pour les deux prochaines années. Mais derrière cette performance se cache un défi plus profond : rendre l’investissement plus productif et l’économie plus inclusive.

À l’heure où les incertitudes économiques planétaires se multiplient,  le Maroc affiche une résilience économique remarquable. Selon la note de conjoncture prévisionnelle 2026 du Haut-Commissariat au Plan, publiée en juillet, le Royaume parvient à maintenir une trajectoire de croissance soutenue, se distinguant ainsi des incertitudes globales.

Un cap de croissance maintenu malgré la houle mondiale
Alors que le ralentissement de la croissance mondiale semble inévitable (2,3 % en 2025), le Maroc anticipe un redressement économique solide, avec un PIB réel en hausse de 4,4 % en 2025 et 4,0 % en 2026. Cette performance repose sur un retour à la normale dans le secteur agricole après des années de sécheresse, ainsi que sur la poursuite des projets industriels et des préparatifs des grands événements sportifs continentaux et mondiaux.

Le moteur intérieur reprend de la vigueur
La consommation des ménages et l’investissement constituent les piliers de cette dynamique. L’investissement, soutenu par le nouveau Pacte d’investissement, progresserait de près de 10 % en 2025. Quant à la consommation des ménages, elle bénéficierait de l’amélioration des revenus agricoles, de la maîtrise de l’inflation et de la poursuite des aides sociales.

Une balance commerciale en alerte
Mais cette dynamique interne a un coût : les importations croissent plus rapidement que les exportations, creusant le déficit commercial, prévu à 20,1 % du PIB en 2026. Le secteur du textile reste contraint par la demande molle en Europe, et les exportations automobiles pâtissent de la transition vers l’électrique. Seuls les phosphates et les engrais tirent leur épingle du jeu.

Industrie : de la quantité à la qualité ?
Le rapport souligne une industrialisation marocaine en progrès mais inégale. Si les secteurs chimique, extractif et du BTP affichent de bonnes performances, d’autres comme l’automobile ou le textile restent peu intégrés localement, limitant leur contribution réelle à la richesse nationale. La question de la valeur ajoutée reste posée.

Stabilité budgétaire, dette maîtrisée
Les finances publiques montrent des signes de consolidation : le déficit budgétaire est en baisse à 3,4 % en 2026, tandis que le ratio de dette publique totale fléchit légèrement, à 78,9 %. La pression fiscale reste stable, portée par des recettes en amélioration.

Un appel à la transformation structurelle
Si l’investissement reste élevé (31,6 % du PIB), sa rentabilité est faible. Le rapport met en évidence une baisse du rendement économique des investissements, incitant à une meilleure sélection des projets et à une montée en gamme de l’économie nationale. En parallèle, la création d’emplois reste en deçà des besoins.

Rachid Mahmoudi 

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